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Slate.fr, le 29/10/2023
Ariane Bonzon — Édité par Natacha Zimmermann
Pour le centenaire de la République turque, instaurée en 1923 par Mustafa Kemal, le pouvoir islamo-nationaliste n’a organisé que des festivités sommaires, les rares événements étant l’œuvre des mairies d’opposition. Dans la presse du pays, les avis exprimés par les éditorialistes montrent les divisions que suscite l’héritage du “père de la Turquie moderne”.
Cent ans après la proclamation de la République de Turquie, que reste-t-il du projet de 1923? Les portraits de Mustafa Kemal Atatürk, son fondateur, ornent toujours cafés, boutiques, écoles et bâtiments officiels, mais qu’en est-il de son héritage? Quelles ruptures et quelles continuités entre Mustafa Kemal Atatürk, toujours célébré, et Recep Tayyip Erdoğan, grand ordonnateur des cérémonies du centenaire, pourtant parfois accusé de saper l’œuvre de son illustre prédécesseur?
C’est à l’historien François Georgeon que j’ai souhaité poser ces questions. Menés depuis près d’un demi-siècle, les travaux de ce directeur de recherche au CNRS sur l’Empire ottoman et la Turquie contemporaine font autorité. Ses deux derniers ouvrages, Le mois le plus long – Ramadan à Istanbul et Au pays du raki – Le vin et l’alcool de l’Empire ottoman à la Turquie d’Erdogan, disent, à travers ces pratiques du quotidien, les similarités et les différences entre hier et aujourd’hui. Savant sans jamais être ennuyeux, François Georgeon met en perspective sans essentialiser, ce qui n’est pas si fréquent lorsqu’on parle de la Turquie et des Turcs.
Dès le début de notre entretien, il avertit d’ailleurs: «Ne faites pas l’erreur de tant de journalistes et d’analystes qui passent d’Atatürk à Erdoğan. Entre la mort du premier en 1938 et l’arrivée au pouvoir du second en 2003, il y a soixante-cinq années, soit les deux tiers de l’histoire de la République. Or, on les zappe souvent comme si seuls comptaient ces deux grands hommes –un raccourci que recherche d’ailleurs le pouvoir actuel.»
Soixante-cinq années qui ont leur importance
Car après la «dictature éclairée» d’Atatürk, le régime de parti unique des années 1930 puis la Seconde Guerre mondiale, «la Turquie devient une démocratie, avec des élections libres au suffrage universel (ce qui n’était pas le cas sous Atatürk) et un système de pluripartisme», rappelle François Georgeon. «Une démocratie imparfaite, qui a certes connu des soubresauts, avec quatre interventions de l’armée dans la vie politique, dont trois coups d’État (1960, 1971, 1980) et des périodes de blocage.»
Dans les années d’après-guerre, la Turquie se range dans le camp occidental (le pays reçoit une première aide financière du plan Marshall en 1947, adhère au Conseil de l’Europe en 1950 et entre dans l’OTAN en 1952). «Ce qui fait qu’elle est considérée comme le “bon pays musulman”, c’est-à-dire un pays à la fois occidentalisé proche de l’Europe (grâce aux réformes d’Atatürk) et pro-occidental proche de l’Amérique (du fait de l’alignement atlantiste de l’après-guerre et du temps de la Guerre froide)», note le chercheur.
La Turquie frappe alors, avec plus ou moins d’insistance, à la porte de la Communauté européenne. C’est un pays qui s’ouvre économiquement, principalement au cours des années 1950-1960 avec le Parti démocrate au pouvoir («on parle alors du take-off de la Turquie») et surtout après 1983, à l’époque de Turgut Özal. C’est encore plus le cas depuis une vingtaine d’années, le pays s’insérant non sans succès dans une économie globalisée, au point de se hisser dans le G20.
Certains ont donc pensé qu’en adoptant les codes européens, des législations proches de l’Occident, son calendrier, ses poids et mesures, puis en ralliant son camp, la Turquie kémaliste allait s’occidentaliser, «qu’il y avait quelque chose de linéaire dans le progrès, qu’ainsi, la Turquie était devenue un État européen grâce à ce grand homme qu’était Atatürk. Après 1945, les États-Unis commencent à s’intéresser à ce pays pour des raisons stratégiques. Mais cette image satisfaisante s’est gâtée à partir de 1970, avec l’occupation de Chypre [en 1974, ndlr] et l’instabilité politique, c’est-à-dire avant l’arrivée de Recep Tayyip Erdoğan et de l’AKP au pouvoir.»
S’il nous invite donc à prendre en compte ces soixante-cinq années qui ont séparé Atatürk d’Erdoğan, François Georgeon reconnaît cependant que «ce centenaire prend un sens particulier», car depuis le début des années 2000, le Parti de la justice et du développement (AKP) et son chef mènent une politique de sape, paraissant vouloir revenir sur un certain nombre de réformes kémalistes.
L’armature légale et juridique tient bon
Or, selon cet historien, le détricotage du kémalisme mené tambour battant par le pouvoir islamo-nationaliste, au profit d’un ordre moral et religieux, n’a pu remettre totalement en cause l’esprit de la République. L’armature légale et juridique à son fondement demeure.
Premier exemple: le statut des femmes. Les Turques ont obtenu le droit de vote et celui d’être élues, dès le début des années 1930. «Il n’y a pas eu d’obligation d’ôter le voile, mais un fort encouragement. L’adoption d’un code civil inspiré du modèle suisse en 1926 a assuré l’égalité des hommes et des femmes devant l’héritage. Un point important que l’on oublie trop souvent: une majorité de pays musulmans continuent aujourd’hui d’appliquer en la matière le droit musulman traditionnel (l’homme hérite deux fois plus que la femme). Même des pays avancés comme le Maroc ou la Tunisie n’ont toujours pas adopté ce fondement de l’égalité des femmes et des hommes. Or, le gouvernement islamo-nationaliste turc n’a pas fait marche arrière, quoiqu’il encourage une position plus traditionnelle.»
Deuxième exemple: la laïcité, dont le principe est inscrit dans la Constitution de la jeune République et y perdure. Certains disent que ce principe est vidé de son contenu par le pouvoir actuel. «Dans l’islam, il n’y pas d’Église. Il est donc difficile de séparer le religieux du politique. En 1924, la République a confié l’organisation du culte à la Diyanet (le directorat des affaires religieuses attaché au gouvernement), ce qui implique non pas une séparation de l’Église et de l’État comme en France, mais un contrôle du religieux par l’État (les imams sont des fonctionnaires)», précise l’historien.
«Erdoğan n’est pas allé jusqu’à remettre en cause le principe de la laïcité, sans doute parce que celui-ci a fini par faire partie de l’identité turque, mais il l’a instrumentalisé pour en faire une machine de guerre sunnite, pour imposer une forme d’islam orthodoxe, ce qui n’était pas le cas à l’époque. Cette politique de “dékémalisation” a peut-être atteint ses limites avec la retransformation de Sainte-Sophie en mosquée. Il n’est pas sûr qu’elle puisse aller beaucoup plus loin; mais rien n’est jamais sûr avec Erdoğan.»
L’avènement de la République, une «révolution»?
En revanche, avec le «problème kurde», «Recep Tayyip Erdoğan poursuit cette fois la ligne déjà tracée par Mustafa Kemal dans sa volonté de créer une nation homogène, musulmane, et turque». Quant au génocide des Arméniens, tandis que l’ingénierie démographique des Jeunes Turcs avait permis de vider l’Anatolie de sa population chrétienne (grecque et arménienne) avant même la fondation de la République, «Erdoğan persiste lui aussi dans le déni, alors même que de plus en plus de chercheurs turcs contribuent à démonter les mécanismes de cette page d’histoire dramatique».
Par ailleurs, comme François Georgeon nous appelle à ne pas l’oublier en début d’interview, il y a eu une longue période démocratique. Certes, cette phase a été entrecoupée d’interventions de l’armée, mais «aujourd’hui, la démocratie turque est plutôt menacée par les dérives du régime sous la férule d’Erdoğan. Celui-ci l’a emporté aux dernières élections, mais de justesse et uniquement parce que, en amont, le processus électoral est largement manipulé. Il faut ajouter qu’après le putsch avorté de 2016, la répression menée par ce “régime civil” a été plus brutale et plus profonde que celle des coups d’État militaires.»
Avant de quitter notre interlocuteur, nous lui posons une dernière question: qualifierait-il de «révolution» la fondation de cette République pour remplacer, il y a cent ans, l’Empire ottoman, et de «contre-révolution» le détricotage actuel du kémalisme? «Il s’agit plutôt d’un élan de la Turquie vers l’ouverture et le progrès, qui se trouve remis en cause depuis une quinzaine d’années. Mais ceux qui disent que l’autoritarisme est dans l’ADN de la Turquie se trompent, conclut François Georgeon. Ils devraient mieux étudier l’histoire du siècle passé.»
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