Le président turc Erdogan laisse planer la menace d’une action militaire contre Israël

Le Journal du Dimanche, le 29/07/2024
Thomas Eustache

Dans le contexte d’opération militaire israélienne à Gaza, le chef d’État turc a mis en garde l’État hébreu en évoquant l’engagement de son pays dans différents théâtres de guerre.

Le président turc Erdogan s’exprime à Rize, le 27 juillet. Anadolu via AFP / © Turkish Presidency / Murat Cetin

 
Ankara menace-t-il Israël d’une action militaire ? Lors d’un meeting de son parti AKP, dans la ville de Rize, le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré, selon des propos rapportés par la chaîne israélienne i24News : « Nous devons être très forts pour qu’Israël ne puisse pas commettre ces actes ridicules contre la Palestine. Tout comme nous sommes entrés au Karabakh, tout comme nous sommes entrés en Libye, nous pourrions faire de même avec eux Â». Et d’ajouter : « Il n’y a aucune raison pour que nous ne puissions pas le faire… Nous devons être forts pour pouvoir prendre ces mesures. Â»

Le chef d’État faisait vraisemblablement référence à l’envoi de personnel militaire turc en Libye pour soutenir le gouvernement d’union nationale reconnu par les Nations unies, face aux troupes du maréchal Haftar, ainsi qu’au soutien militaire de la Turquie à l’Azerbaïdjan contre les Arméniens du Haut-Karabakh.

« Erdogan suit les traces de Saddam Hussein Â»

Ces déclarations d’Erdogan ne sont pas passées inaperçues. Le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, a ainsi lancé sur X (anciennement Twitter) : « Erdogan suit les traces de Saddam Hussein et menace d’attaquer Israël. Il devrait se rappeler ce qui s’est passé là-bas et comment cela s’est terminé Â».

Le chef de file l’opposition israélienne Yaïr Lapid a déclaré sur le même réseau social qu’« Israël n’acceptera pas de menaces d’un aspirant dictateur Â». « Le président Erdogan délire à nouveau. Il est un danger pour le Moyen-Orient. Le monde, et en particulier les membres de l’OTAN, doit condamner fermement ses menaces scandaleuses contre Israël et le forcer à mettre fin à son soutien au Hamas Â», a-t-il également déploré.

En Europe, le leader du parti néerlandais anti-immigration et anti-islam PVV Geert Wilders a prôné l’exclusion de la Turquie de l’OTAN après cette prise de parole d’Erdogan. « L’islamofasciste Erdogan menace d’envahir Israël. Ce type est complètement fou Â», a-t-il tweeté.

Les relations entre Israël et la Turquie sont extrêmement tendues depuis le lancement de l’opération militaire israélienne dans la bande de Gaza, en réaction aux attaques meurtrières du Hamas du 7 octobre 2023. Le 21 juillet dernier, le chef de la diplomatie israélienne Israël Katz avait accusé Recep Tayyip Erdogan de « fournir des armes et de l’argent au Hamas pour tuer des Israéliens Â». Précédemment, le président turc avait qualifié le mouvement islamiste palestinien, classé parmi les groupes terroristes par l’Union européenne notamment, d’« organisation de libération Â» et a comparé le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou Ã  Adolf Hitler.

L’attaque du Hamas sur le sol israélien du 7 octobre a fait 1 197 morts, pour la plupart des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Sur les 251 personnes enlevées, 111 sont toujours retenues à Gaza, dont 39 sont mortes, d’après Tsahal. L’offensive israélienne lancée en réaction à ces attentats a fait au moins 39 324 morts, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le mouvement islamiste, qui ne précise pas le nombre de civils et de combattants décédés.

 
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