Transports, énergie, BTP : comment la Turquie place ses pions dans la nouvelle Syrie

Les Echos, le 08/01/2025

Par Killian Cogan

Alors que tout, ou presque, est à reconstruire en Syrie, la Turquie voisine est en passe de jouer un rôle économique de premier plan dans de nombreux secteurs.

 
La ville de Daraa, dans le sud de la Syrie. (Louai Beshara/AFP)

Un mois après la prise de Damas par le groupe islamiste HTC, la communauté turque des affaires se frotte les mains. La Turquie, qui a soutenu l’offensive rebelle contre le régime de Bachar Al-Assad et qui se pose aujourd’hui en garante du nouveau pouvoir syrien, est en pole position pour s’attribuer une place économique prépondérante dans le pays où tout, ou presque, est à reconstruire.

« Mon téléphone n’arrête pas de sonner ! On n’arrête pas de me demander quand nous devrions y aller, si les routes sont sûres et quel est le degré de sécurité des échanges commerciaux Â», s’est réjoui, le 31 décembre, Ibrahim Fuat Ozcorekçi, le président du Conseil d’affaires Turquie-Syrie auprès du journal pro-gouvernemental « Hürriyet Â».

« Nous suivons la situation en Syrie comme des fous. Un énorme secteur d’activité va s’ouvrir aux entrepreneurs en construction Â», s’est félicité, pour sa part, le magnat turc du BTP Sani Sener, ancien directeur général de l’opérateur aéroportuaire TAV, s’exprimant deux jours plus tôt sur la chaîne Bloomberg HT.

Vêtements et électronique

Dès le lendemain de la prise de Damas par le groupe HTC, les actions des entreprises turques de BTP ont bondi. Depuis, de nombreux autres secteurs cherchent à prendre leur part du gâteau, à l’instar de l’industrie textile, des télécommunications, de l’agroalimentaire ou des transports.

Ainsi, Ibrahim Fuat Ozcorekçi a-t-il révélé que la marque turque de prêt-à-porter LC Waikiki « avait entrepris des préparatifs importants Â» pour s’implanter dans le pays, « incitant de la sorte d’autres fabricants de vêtements Â». Le fabricant d’électronique Onvo aurait, quant à lui, déjà étendu son réseau de vente par le biais de concessionnaires locaux.

« [Les Syriens] travaillent dans de nombreux domaines [en Turquie]. Aujourd’hui, avec leur retour dans leur pays, nous avons tout intérêt à y établir des usines, d’autant plus que le secteur [du textile] connaît des difficultés en Turquie du fait de la hausse du coût de la main-d’oeuvre. Récemment, une partie du secteur s’est déplacée en Egypte. Or, il est beaucoup plus intéressant de délocaliser en Syrie Â», a plaidé, pour sa part, Ahmet Oksüz, le président de l’Association des exportateurs de textile d’Istanbul (ITHIB), à l’agence étatique Anadolu.

Chemins de fer et métros

Tandis que le transporteur national Turkish Airlines devrait reprendre ses vols commerciaux à destination de Damas et Alep d’ici à une semaine, le ministre turc des Transports et de l’Infrastructure, Abdulkadir Uraloglu, a annoncé qu’Ankara prévoyait « d’aider la Syrie à rebâtir ses infrastructures essentielles Â». Outre ses aéroports, ses routes et ses ponts, il est notamment question de restaurer des chemins de fer historiques, tel celui du Hedjaz, bâti à l’époque ottomane, qui reliait jadis Damas à la ville saoudienne de Médine, et d’installer des lignes de métro dans les grandes villes du pays.

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