D’après un rapport diligenté par l’association des maires de Turquie et cité par le média, la situation précaire des survivants de la catastrophe se traduit notamment par une hausse des cas de violences physiques et sexuelles, mais aussi par une augmentation de la consommation de substances psychoactives. Selon le quotidien Cumhuriyet, la consommation de psychotropes, en particulier d’antidépresseurs, a explosé dans les zones touchées, spécialement chez les plus jeunes, tout comme la consommation de drogue.

S’ils se développent particulièrement dans ces zones, le trafic et la consommation de drogue sont de manière générale en augmentation dans le pays, souligne le journal. Il précise que, selon les chiffres des tribunaux, l’usage de stupéfiants est le délit dont l’augmentation est la plus importante sur les neuf dernières années.

 

À la recherche des corps de leurs proches

Enjeu d’avenir, la scolarisation des enfants dans les zones sinistrées est aussi problématique. “Comment voulez-vous qu’ils fassent leurs devoirs dans des conteneurs de 20 m2, alors que leurs familles sont dans la misère et qu’ils arrivent en classe le ventre vide avec des habits déchirés ?” témoigne Özgür Tiras, enseignant et syndicaliste dans la région d’Antakya, interrogé par le média en ligne Gazete Duvar.

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Certains survivants peinent d’autant plus à se remettre de la catastrophe qu’ils n’ont toujours pas de nouvelles de leurs proches disparus. Dans un autre article, publié sur son site anglophone, Gazete Duvar raconte ainsi la quête d’Özan Laleci, qui cherche désespérément le corps de sa femme, Büsra, depuis bientôt six cents jours. “Nous étions coincés ensemble sous les décombres, elle était blessée et est morte après quelques heures, nous avons pu nous parler et nous dire adieu”, se souvient-il. Il a ensuite perdu la trace du corps de son épouse, qui a probablement été inhumée dans une fosse commune anonyme, et l’échantillon d’ADN qu’il avait fourni au procureur de la République pour l’identifier a lui aussi été égaré.

Ce n’est qu’après la mort de sa femme qu’Özan Laleci a appris qu’elle avait été abandonnée à sa naissance sur le seuil d’une mosquée puis adoptée, ce qui l’empêche d’obtenir des échantillons d’ADN auprès de sa belle-famille. Il s’est lancé, sans résultat pour l’heure, à la recherche des parents biologiques de Büsra.

 

Des promoteurs immobiliers au tribunal

Après le séisme, une partie de l’opinion turque s’était émue de la réaction tardive et du manque d’organisation des autorités, pointant du doigt la corruption et le laxisme dans l’octroi des permis de construire et le contrôle des chantiers. Le président turc avait alors invoqué le “destin”. Alors que les procès des promoteurs immobiliers accusés d’avoir construit des bâtiments de manière illégale ou avec des matériaux inadaptés se multiplient, certains adoptent une ligne de défense similaire.

C’est le cas de Mehmet Özkan, politicien local de l’AKP [le parti islamo-nationaliste au pouvoir] et promoteur immobilier dont un immeuble, dans la ville d’Antakya, s’est effondré, causant la mort de 51 de ses occupants, et dont le procès vient de s’ouvrir, rapporte T24. “Le séisme est la volonté de Dieu, ce sont ceux qui ne croient pas en lui qui nous accusent”, s’est-il défendu devant le juge. Il a été laissé libre sous contrôle judiciaire en attendant une prochaine audience en décembre.

L’enjeu de la reconstruction est aussi largement débattu. Entre février 2023 et septembre 2024, l’État a investi plus de 3 milliards d’euros dans des projets de reconstruction, rapporte le quotidien de gauche Birgün. Qui dénonce l’attribution de ces contrats publics à des entreprises connues pour leur proximité avec le pouvoir.