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Le Figaro,
Par Elisabeth Pierson
TÉMOIGNAGES – Propulsées malgré elles au cœur du débat médiatique, de nombreuses personnes d’origine étrangère ont choisi de franciser leur prénom pour être en harmonie avec leur nouvelle vie.
«Cela fait des années que je ne me reconnais plus vraiment dans mon prénom syrien». Élevé au sein d’une famille francophile d’Alep, Fadi, 27 ans, se réfugie en France quand la crise syrienne éclate en 2012. L’étudiant entame des études de biologie à Reims, et s’attache rapidement au pays qu’il découvre. Fine moustache, chemise blanche rehaussée d’un gilet, Fadi, qui maîtrise parfaitement la langue française, passe facilement pour un natif. Il en est plutôt fier.
Jusqu’au moment où l’on demande son prénom. En face, l’attitude change. «Comment tu dis ? Farid ? Fati ? Tu viens d’où ?». Fadi se lasse d’être constamment ramené à ses origines… quand ce n’est pas du snobisme qu’il décèle dans la voix de son interlocuteur. «Mon prénom sonnait exotique, tandis que mon cœur, lui, était déjà devenu français». En déposant sa demande de naturalisation, Fadi a demandé la modification de ce prénom devenu caduque. Il a choisi Félix, porteur de joie et de chance. «Et puis ça sonne un peu gaulois, comme les irréductibles dans Astérix, plaisante-t-il. Lorsque je serai officiellement Félix, alors, seulement, je me sentirai pleinement français».
Combien sont-ils à avoir senti le besoin d’ajuster leur prénom pour se sentir en harmonie avec leur pays d’adoption ? Si l’on se fie au Journal Officiel, ils seraient environ 3000 chaque année, figurant dans le «décret portant francisation de noms et prénoms d’étrangers ayant acquis ou recouvré la nationalité française», dont le dernier date du 6 mai 2021. Un chiffre toutefois très approximatif. «Ces changements peuvent être motivés par de multiples causes», explique Patrick Simon, socio-démographe à l’Institut National d’Études Démographique. « Que ce soit un motif religieux, l’usure d’un autre nom, ou une défense face à la discrimination, sans oublier ceux qui usent d’un nom d’usage francisé sans changer d’état civil». Aller jusqu’au bout de la démarche administrative est assez rare, souligne le chercheur.
« Dire “Je veux un prénom français” est digne d’une formule magique aux yeux des autorités françaises. »
Baptiste Coulmont, sociologue du prénom
Tradition gauloise
«S’attacher à la nation par le cœur et l’esprit aussi fortement que par les racines», disait Emmanuel Lévinas. Passer par l’état civil était une évidence pour certains, comme un choix qui allait de soi. Pour d’autres, une opportunité. En venant renouveler sa carte d’identité française à la mairie du 18e arrondissement de Paris, un jour de l’année 2008, Fabien, originellement Mohamed, ne s’attendait pas à cette question de l’agent administratif. «Si je voulais franciser mon état civil ? Évidemment !», raconte l’Algérien d’origine, arrivé tout petit en région parisienne. Son prénom, celui du Prophète, avait toujours cloché. «C’était comme un intrus en moi. Je n’en pouvais plus de porter le symbole d’une religion qui n’était pas la mienne. C’était comme être à côté de mes pompes». Le père de famille, désormais chef d’une petite entreprise de taxis en Île-de-France, se souvient, ému, de sa joie en tenant pour la première fois sa nouvelle carte d’identité. «Ça a été une délivrance, confie-t-il. Enfin, j’étais Français parmi les Français, pleinement en phase avec mon identité !»
La démarche s’inscrit en réalité dans une longue tradition française. Dans l’ancien régime, la francisation du prénom était quasi automatique, jusqu’en 1803, où l’apparition des papiers d’identité a figé l’état civil. Il faudra alors attendre 1950 pour que l’assimilation par le prénom soit remise au goût du jour. L’arrivée massive des diasporas italienne et espagnole dans l’entre-deux-guerres en a-t-elle été l’origine ? Toujours est-il que la loi du 3 avril 1950 précise les règles : la «francisation du prénom usuel» doit désormais se faire par «la substitution au prénom étranger du prénom correspondant en langue française et, à défaut, d’un prénom français se rapprochant par sa consonance du prénom étranger».
En 1972 puis 1993, la loi peu à peu s’assouplit : majeur ou mineur, Français naturalisé ou étranger (avec un certificat de coutume), la démarche devient accessible à tous. Les autorités françaises y voient une manière de montrer patte blanche, et afficher sa volonté de s’intégrer au pays d’accueil. «Dire “Je veux un prénom français” est digne d’une formule magique, explique Baptiste Coulmont, sociologue du prénom et auteur de Changer de prénom, de l’identité à l’authenticité. Dans le formulaire de naturalisation, il s’agit aujourd’hui de la toute première question posée, avant même la déclaration d’identité, preuve de l’importance de la démarche aux yeux de l’État français».
L’année 2017 marque une étape majeure dans la simplification de la procédure. Par une nouvelle circulaire, le demandeur est exempté de passer devant un juge. Une simple lettre de motivation suffit, déposée à la mairie de résidence. Sur les 3000 demandes effectuées chaque année, 90% sont acceptées.
« Ces gens-là font une démarche courageuse pour s’assimiler, mais personne ne s’intéresse à eux, ni ne leur donne la parole. »
Claire Koç, journaliste chez France Télévisions
Pour simplissime qu’elle soit, la démarche n’en est pas moins conséquente. «Jusque dans les années 1950, seul le patronyme définissait le citoyen socialement, le prénom servant simplement à distinguer les personnes au sein d’une même famille, note Baptiste Coulmont. Aujourd’hui, il est omniprésent dans la vie quotidienne et tient un rôle social majeur : badge d’entreprise, pseudo Facebook… jusqu’au gobelet du Starbucks». Sans compter les multiples démarches postérieures : contacter toutes les institutions, depuis la Sécurité sociale jusqu’au Cesu, en passant par l’Académie pour le diplôme de bac… «Pour ceux qui vont jusqu’au bout, la longueur de la procédure dit elle-même l’importance que représente ce choix», estime le sociologue. Fadi en témoigne : «C’est peut-être une démarche de paperasse, mais c’est au plus profond de son être que la personne la vit», confie notre ami syrien.
«Notre choix, nous seuls pouvons l’expliquer»
À la fois sociale et intime, la démarche se confronte souvent à l’incompréhension. Sans le vouloir, ces personnes se sont retrouvées au cœur du débat public en 2018, lorsqu’Eric Zemmour a lancé à la chroniqueuse Hapsatou Sy que son prénom était «une insulte à la France». Depuis cet épisode, le sujet est constamment remis sur la table. Cette politisation les touche-t-elle ? «Notre choix, nous sommes les premiers à pouvoir l’expliquer», tranche Charles. Quant à Fadi, il préfère en rire. «Plusieurs de mes amis, même très proches, m’ont reproché de jouer le jeu des politiques racistes. Est-ce que je les critique, moi, si je trouve qu’ils sont mal habillés ?». Et d’ajouter : «Comment pourrais-je être zemmouriste ? Je songeais à ce changement bien avant qu’il n’en parle!».
Sur les réseaux sociaux pourtant, rares sont ceux qui osent assumer leur démarche. De nombreuses personnes contactées par Le Figaro ont refusé de témoigner, par prudence. «Ces gens-là font une démarche courageuse pour s’assimiler, mais personne ne s’intéresse à eux, ni ne leur donne la parole», regrette Claire Koç, journaliste française d’origine turque. Dans un livre publié en 2021, elle témoignait de la hargne de sa communauté d’origine face à son choix. «J’ai reçu plusieurs dizaines de messages privés affirmant avoir subi le même lynchage de la part de leurs proches, des hommes et femmes d’origine turque, africaine, européenne ou du Moyen-Orient. Tous me remerciaient d’avoir brisé le tabou», confie la journaliste au Figaro. Face à ce phénomène grandissant, la circulaire de 2017 permet désormais, pendant les quelques mois suivant le changement, un retour au prénom d’origine.
Plus dure est l’incompréhension lorsqu’elle vient des proches. Une épreuve que tous ont vécue, sans exception. «Dans mes potes du lycée, ce sont les étrangers qui m’ont le mieux compris. Les Français, eux, étaient interloqués par ma démarche. Ce décalage m’a frappé, raconte Charles, Toulousain qui s’appelait Karol lorsqu’il vivait en Pologne. Moi, j’ai simplement voulu montrer que j’étais Français parmi les autres, pas moins, pas plus. C’est personnel et je n’oblige personne à faire de même !».
Pour la famille de Charles restée en Pologne, son choix a aussi été difficile à accepter. «Pour ne pas renier mes origines, j’ai justement gardé Karol en deuxième prénom et conservé mon patronyme polonais», fait-il valoir. Même chose pour Océane, jeune chinoise qui a «voulu choisir la France pour de bon» tout en gardant Mingmiao en deuxième prénom. Décomplexée, elle jongle entre les deux. Son frère Lucas*, en revanche, a moins bien vécu le regard désapprobateur de ses amis au lycée. «Cela l’a blessé. Résultat, il ne se sent maintenant ni entièrement chinois, ni entièrement français. C’était peut-être une erreur…», confie l’aînée. Pourtant, ceux qui ont fait ce choix sont unanimes : il s’agit pour eux non pas d’un reniement, mais d’une adhésion. «C’est toute la différence entre acquérir un prénom et non le remplacer, explique Fadi. Il n’y a pas de rupture ni d’effacement. Mais plutôt un cadeau qu’on s’offre à soi-même, que la France nous offre. Et dont on mesure la valeur».
*Le prénom a été modifié
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