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Le Monde, le 20/10/2020
Par Brice Pedroletti
Gulbahar Jalilova a été soumise à quinze mois d’endoctrinement forcé au Xinjiang. Après avoir quitté Istanbul par crainte d’agents à la solde de Pékin, elle demande l’asile en France.
Quand elle s’est retrouvée avec son fils adolescent dans une salle fermée à clé avec une dizaine d’autres étrangers dimanche 11 octobre à l’aéroport de Roissy, Gulbahar Jalilova a paniqué. Elle s’est mise à pleurer, à demander de l’aide. On la rassura : cela ne durerait que deux heures, et elle pourrait expliquer son cas par le biais d’un interprète. Transférée ensuite dans une zone d’attente disposant d’hébergement, elle a depuis été admise sur le territoire français et a enclenché une procédure de demande d’asile en France.
C’est que cette citoyenne du Kazakhstan d’origine ouïgoure, partie quinze jours auparavant de Turquie à travers l’Albanie puis la Biélorussie avec le projet de demander l’asile lors d’une escale à Paris, a cru revoir la cellule chinoise de 25 m2 où elle a passé un an et trois mois avec une trentaine d’autres détenues, à Urumqi, la capitale de la région du Xinjiang, entre mai 2017 et septembre 2018. « Dès que je vois une porte verrouillée, des policiers, le cauchemar recommence », explique-t-elle, dimanche 18 octobre, au domicile d’une famille ouïgoure qui l’a accueillie à Paris.
Gulbahar Jalilova, 56 ans, fait partie des premières victimes à avoir témoigné à l’automne 2018 de la politique d’internement massif mise en œuvre au Xinjiang chinois à l’encontre des minorités musulmanes, principalement les Ouïgours mais aussi des Kazakhs. Il s’agit d’éradiquer le « virus » de l’islamisme au moyen d’une campagne, tenue secrète, de détention tous azimuts lancée en 2017 : les autorités raflent à tour de bras, remplissent les prisons, puis de tout nouveaux « centres de formation professionnelle » où les « étudiants » sont astreints à des mois d’endoctrinement dans des conditions carcérales, avant d’être soit envoyés en prison, soit relâchés sous surveillance, soit assignés à du travail en usine. Plusieurs ONG et chercheurs estiment à plus d’un million le nombre de personnes internées dans cette région du Grand Ouest chinois aux confins de l’Asie centrale, sous prétexte d’un programme de « déradicalisation » à grande échelle.
La Turquie jugée peu sûre
Ces témoins de la première heure ont presque tous un lien avec le Kazakhstan, dont ils avaient la nationalité, ou un permis de séjour, ou de la famille. Ils ont pu regagner ce pays grâce à la pression de leurs proches et des autorités kazakhes. Plusieurs d’entre eux l’ont ensuite quitté, d’abord pour la Turquie puis des pays occidentaux – par crainte du bras long de Pékin. Gulbahar Jalilova, qui en Turquie a souvent témoigné dans les médias, est nommément vilipendée dans la presse chinoise : le Global Times fait d’elle une « actrice qui joue les victimes dans les médias occidentaux », aux côtés d’autres témoins capitaux comme Sayragul Sawutbay, aujourd’hui installée en Suède, ou Tursunay Ziavdun, réfugiée aux Etats-Unis.
Terre d’exil traditionnelle pour les Ouïgours, la Turquie est jugée peu sûre par les militants ouïgours, en raison de l’ambiguïté du président Recep Tayyip Erdogan vis-à -vis de la Chine et du renvoi en Chine, en catimini et via des pays tiers, d’Ouïgours recherchés par Pékin. Des agents ouïgours de Pékin y prolifèrent. « Après que j’ai pris la parole lors d’une manifestation en 2019 à Istanbul, trois Ouïgours ont débarqué dans un restaurant où j’étais. Ils avaient un comportement bizarre. J’ai été prévenue au téléphone qu’il y avait un problème, et suis sortie par une porte de derrière avec une amie. On a porté plainte, mais les caméras dans le restaurant comme par hasard ne marchaient plus ce jour-là » explique-t-elle.
« Ils m’ont cassée »
Au printemps 2017, Gulbahar reçoit à Almaty un appel de la fille de sa partenaire en affaires à Urumqi, une Chinoise d’origine kazakhe : celle-ci affirme que sa mère est malade, demande à Gulbahar de venir pour un problème en douane concernant ses marchandises, des bijoux et des vêtements pour enfants. Depuis plusieurs années, elle achète en gros en Chine et revend au Kazakshtan. A l’arrivée à Urumqi, elle est emmenée au centre de détention n° 3. Les enquêteurs lui reprochent d’avoir viré l’équivalent de 2 000 euros à un nommé « Nurmemet », qu’elle ne connaît pas. Avec le recul, elle suppose que sa partenaire kazakhe a donné son nom pour se défausser en pensant qu’elle ne risquait rien en tant qu’étrangère.
Les interrogatoires se succèdent – sur ce prétendu virement, mais aussi sur ses pratiques religieuses. Elle s’évertue à expliquer qu’elle est née au Kazakhstan et a la nationalité kazakhe. Mais la prison lui a attribué un numéro d’identité chinoise – pour introduire son cas dans les fichiers informatiques. Une codétenue est accusée d’avoir enseigné le Coran à ses enfants, une autre d’avoir deux tapis de prière à la maison. Les sévices et humiliations sont constants. Il est interdit de parler autre chose que le mandarin. Le vendredi après midi, jour de la prière musulmane, les détenues doivent visionner un film de vingt-cinq minutes qui vante les prouesses de la Chine – puis écrire sur un papier leur reconnaissance envers le Parti communiste.
Au Kazakhstan, sa famille a alerté le gouvernement, mais aussi la Russie, de sa disparition. En septembre 2018, elle est transférée dans un hôpital et requinquée de force pendant quinze jours. Les policiers chinois lui font comprendre qu’elle doit s’estimer heureuse de sortir – et qu’elle ne doit rien dire. « Pourquoi ils m’ont fait ça ! Je suis humaine quand même, ils m’ont cassée », dit-elle aujourd’hui. « Gulbahar Jalilova est sortie de détention depuis deux ans, mais elle n’est toujours pas dans un état tout à fait normal. Elle pense jour et nuit à ses codétenues, pleure très facilement », constate Dilnur Reyhan, présidente de l’Institut ouïgour d’Europe. Selon elle, il est « urgent d’aider les rescapés des camps de concentration chinois par des soins psychologiques adaptés ».
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