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Le Monde, le 27/10/2023
Par Noé Hochet-Bodin (Mogadiscio, envoyé spécial)
Reportage
Ankara est aujourd’hui le premier partenaire économique du pays, notamment dans les secteurs de la construction, du développement, de la coopération militaire, de la santé et de l’éducation.
Difficile de le rater : l’avion de la compagnie Turkish Airlines, qui assure la liaison quotidienne entre la capitale somalienne et Istanbul trône au milieu du tarmac de l’aéroport international de Mogadiscio, géré par Favori, une entreprise turque. A quelques centaines de mètres, se dessine le port, première source de revenus de la Somalie, dont l’opération a elle aussi été attribuée à un concessionnaire turc. En centre-ville, des drapeaux rouges frappés du croissant et de l’étoile bordent les routes goudronnées, œuvre de l’agence de développement turque, ou le parvis du principal établissement médical de la ville, l’hôpital Recep Tayyip Erdogan, baptisé en hommage au président turc.
A Mogadiscio, la Turquie est partout. Implantée en Somalie depuis une dizaine d’années, notamment dans les secteurs de la construction, du développement, de la coopération militaire, de la santé et de l’éducation, elle est aujourd’hui le premier partenaire économique du pays. Une influence mêlant politique et économie, et qui s’exerce à travers un puissant réseau d’affaires, composé notamment d’entreprises proches du parti présidentiel de Recep Tayyip Erdogan, l’AKP.
Le président turc s’est rendu pour la première fois en Somalie en 2011. A l’époque, le pays est confronté à une terrible famine. L’homme fort d’Ankara, alors premier ministre, est le premier dirigeant non africain à venir à Mogadiscio depuis le déclenchement de la guerre civile en 1991. Les risques sont considérables. La capitale, en ruine, est le théâtre de combats urbains avec les islamistes chabab (affiliés à Al Qaida). L’avion du chef d’Etat turc manque de s’écraser à l’atterrissage sur une piste hors d’usage et devra affréter un second aéronef pour le vol retour vers Ankara.
Venu officiellement « aider un pays musulman, un pays frère », Recep Tayyip Erdogan offre alors 350 millions d’euros qu’il a levés auprès des Etats membres de l’Organisation de la coopération islamique. Mais il ne s’est pas déplacé seul : une imposante délégation d’hommes d’affaires a également fait le voyage. En 2011, la Somalie est un Etat failli. Tout est à construire ou à reconstruire. Un pari, très risqué, qui s’est avéré payant pour Ankara.
Les Turcs, qui ont versé un milliard et demi de dollars d’aide à la Somalie, contrôlent désormais les principaux points d’entrée du pays. Ils y ont construit leur plus grande ambassade à l’étranger, le plus grand hôpital du pays, et établi un centre militaire chargé d’entraîner les troupes somaliennes. Malgré l’instabilité, les affaires prospèrent : outre la trentaine d’entreprises turques sur place, la Somalie importe en majorité des produits turcs – biens alimentaires, médicaments, matériaux de construction – pour près de 500 millions d’euros par an.
« Les Turcs sont très efficaces, ils se sont extraordinairement bien débrouillés en Somalie, assure Roland Marchal, chercheur au Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po Paris. Ankara a une approche longue et suivie, politique et économique, elle parvient à faire à la fois du développement et du commerce. »
« Tout le monde nous a pris pour des fous à l’époque ! », se souvient l’ambassadeur turc à Mogadiscio, Ibrahim Mete Yagli, depuis son immense ambassade construite en 2016, la première à s’implanter en centre-ville et non derrière les imposants remparts de la zone verte sécurisée. Peu de diplomates osaient alors s’aventurer sur ce terrain miné, préférant suivre l’évolution de la poudrière somalienne depuis le Kenya voisin.
Aujourd’hui encore, la Turquie souhaite donner l’impression d’une diplomatie désintéressée. « On donne plus qu’on ne reçoit en Somalie », affirme Ibrahim Mete Yagli, la main sur le cœur. Il l’admet néanmoins : « Nous nous intéressons de près aux ressources naturelles somaliennes. » En janvier 2020, Recep Tayyip Erdogan n’avait pas caché ses ambitions sur le pétrole présent au large de la Somalie, dont la moitié des blocs doivent encore être attribués.
« Nous sommes les frères des Somaliens »
Mais le cœur des activités turques en Somalie reste les infrastructures. L’ambassade, côté mer, offre une vue imprenable sur le littoral de Mogadiscio et le port, exploité depuis dix ans par l’entreprise Albayrak. Les taxes sur le trafic portuaire sont la principale source de revenus pour l’Etat somalien. Selon un groupe d’experts de l’ONU, le contrat signé entre Mogadiscio et Albayrak permet à l’entreprise de capter 45 % des revenus bruts du port.
Des responsables du groupe, qui fait partie des soutiens de l’AKP, étaient du premier voyage en Somalie de 2011. « Nous sommes les frères des Somaliens, nous ne sommes pas venus ici pour faire du profit mais pour les aider », assure Ahmet Sami, le directeur pays de l’entreprise. Le groupe s’est toutefois vu confier de juteux marchés par le gouvernement turc : la construction de son ambassade, de sa base militaire, de l’hôpital Erdogan et du Parlement somalien.
Dès 2016, le groupe d’experts onusien s’est inquiété « de l’opacité des contrats conclus entre les autorités somaliennes et les entreprises turques responsables de la gestion du port et de l’aéroport de Mogadiscio ». L’organisation Transparency International plaçait la Somalie bon dernier de son classement mondial de la corruption en 2022.
Les liens entre le pouvoir somalien et son partenaire turc semblent en effet très étroits, comme en témoigne la villa flambant neuve que s’apprête à offrir au président Hassan Cheikh Mohamoud l’entreprise Favori, responsable de l’exploitation de l’aéroport. En contrepartie de ses investissements, la Turquie d’Erdogan avait également obtenu la fermeture complète de tous les établissements appartenant au Hizmet, l’influent mouvement du principal opposant du président turc, l’imam Fethullah Gülen.
Initialement concurrencée par les pays du Golfe, la Turquie se trouve aujourd’hui sans sérieux rival en Somalie. Beaucoup d’investisseurs craignent toujours l’instabilité chronique et les attentats terroristes. « Les Turcs ont compris qu’on ne peut pas faire de commerce ici sans investir massivement dans la sécurité », précise Aweis Ahmed, directeur du centre de recherche Somali Public Agenda à Mogadiscio. Selon lui, la prise de conscience d’Ankara est notamment intervenue après les attaques des chabab contre des intérêts et ressortissants turcs.
Recep Tayyip Erdogan a fait sien le combat contre les islamistes affiliés à Al Qaida. Il a inauguré le Turksom en 2017. La base militaire, la plus grande à l’extérieur de la Turquie, s’étend sur quatre kilomètres carrés à Mogadiscio. Les officiers turcs y ont déjà formé près d’un tiers des troupes somaliennes, au sein de l’unité « Gorgor », qui sont « efficaces sur le champ de bataille et réalistes d’un point de vue économique », selon Roland Marchal. Elles se battent aujourd’hui en première ligne de l’offensive gouvernementale contre les chabab, bénéficiant au passage de l’appui des drones turcs Bayraktar.
« Nos efforts en matière de défense ont pour but de préparer l’armée somalienne à la fin de la mission de l’Union africaine [UA] », ajoute l’ambassadeur Ibrahim Mete Yagli. Les 17 500 soldats de la mission de maintien de la paix de l’UA, présents depuis dix-sept ans, doivent se retirer en décembre 2024. Leur départ fait craindre un vide sécuritaire. « Se battre contre les Chabab prend du temps et de l’argent mais nous y arriverons », conclut le diplomate. Il en va autant de l’intérêt de la Somalie que de son premier partenaire économique.
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