« Comme un dimanche d’août à Burgaz » de Esther Heboyan
"Dans l’exil s’appliquent la double peine, la double perte. Comme si l’on mourait deux fois. On meurt de n’avoir pas vécu pleinement là-bas – faute d’espérance et donc de plénitude. On meurt d’avoir vécu à moitié ici – faute d’ancrage et donc de plénitude. Ce sont deux vies qu’on pleure. Deux vies vouées à l’absence, à la dérive. Deux vies jetées sur un radeau qui vogue d’une rive à l’autre, tangue, divague sans jamais vous laisser débarquer sur la terre ferme."
Sur un ton à la fois tendre et caustique, l’auteure, dans ces nouvelles, révèle l’intimité de personnages déracinés, à l’identité éclatée. Ils traversent les situations de la vie ordinaire entre confusion des langues et confusion des sentiments. La douleur est tenue à distance, on rit pour faire semblant de ne pas pleurer mais la mémoire, sans cesse réactivée, attire irrésistiblement vers l’exil intérieur.
De magnifiques histoires de vie offertes comme une confidence, un secret partagé.
Ed. Empreinte, 2011, 152 pages
- N° Spécial OLUSUM/GENESE : La République turque a cent ans
- Vient de paraître : Lettres d'exils (1975-1995) de Nedim Gürsel
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- Journal inquiet d'Istanbul d'Ersin Karabulut