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Médiapart, le 11/02/2021
Nicolas Cheviron
En riposte au projet de loi « séparatisme », les autorités turques ont instauré de nouveaux critères de maîtrise de la langue turque aux enseignants français de l’université de Galatasaray, institution stambouliote. Une décision qui inquiète quant au futur du navire amiral de la coopération franco-turque.
Istanbul (Turquie). – L’université de Galatasaray (GSÜ) constitue le joyau de la coopération franco-turque. Un îlot de savoir francophone au bord du Bosphore, voulu par les présidents François Mitterrand et Turgut Özal en 1992 pour affirmer la force des liens unissant leurs deux pays. Accolée à l’historique lycée de Galatasaray, cheville ouvrière – déjà francophone – de la modernisation de l’empire ottoman au XIXe siècle, elle accueille 5 000 étudiants destinés à prendre une place notable parmi les élites du pays.
L’implication de la France au sein de l’établissement tient principalement dans la présence d’une petite trentaine d’enseignants français, aux statuts les plus divers – profs de langue ou de classes préparatoires scientifiques, enseignants-chercheurs, experts techniques internationaux, lecteurs – réunis pour la plupart au sein de la Mission de coopération éducative et linguistique, la Micel. Structure ad hoc chapeautée par l’ambassade, la Micel consacre chaque année près de 2,5 millions d’euros à ces profs et à ceux du lycée, en nombre à peu près équivalent.
Bon gré mal gré, cette coopération fonctionnait depuis près de trois décennies, en dépit de problèmes récurrents de budget entraînant quelques suppressions de postes. Mais cet automne, la donne a brutalement changé.
Ce sont d’abord les procédures pour l’acquisition ou le renouvellement des permis de travail des enseignants français qui ont pris du retard. Puis, début octobre, les profs ont été invités par la direction turque de l’université à passer un test de langue turque, sans que soit précisé l’enjeu de cette évaluation. Ensuite, une poignée de permis de travail sont arrivés, mais seulement pour un semestre, non renouvelables.
Enfin, courant décembre, le rectorat a dévoilé le pot aux roses : le Conseil de l’enseignement supérieur (YÖK), institution placée sous l’autorité de la présidence de la République, réclame désormais de tous les enseignants français de l’université de Galatasaray une maîtrise de la langue turque égale ou supérieure au niveau B2. Par ailleurs, deux agrégés qui donnaient des cours scientifiques dans la filière FIT ne pourront plus enseigner, car ils ne sont pas titulaires d’un doctorat.
Dans un courriel en date du 23 décembre, le vice-recteur français de l’université Francis Rousseau a appelé les universitaires à « garder [leur] sang-froid », et surtout à « éviter de s’exposer à des contrôles de police, pour ne pas avoir à justifier d’une situation complexe ». Car le permis de travail vaut permis de séjour, et la plupart des enseignants sont désormais dans l’illégalité en restant en Turquie, même s’ils continuent d’y donner des cours en distanciel. Et même si, pour certains d’entre eux, ils y résident depuis près de vingt ans.
« Le caractère très politique de cette affaire est évident », souligne le vice-recteur sans développer son propos. Les enseignants contactés, une dizaine, qui parlent tous sous le couvert de l’anonymat car leur ordre de mission les astreint à un devoir de réserve digne des diplomates, complètent l’explication.
Il y a d’abord un contexte de reprise en main des dernières universités manifestant encore un peu d’indépendance à l’égard du pouvoir politique, comme l’Université anglophone de Bogaziçi, à Istanbul. Les étudiants et les profs y subissent les coups de la police et les procédures judiciaires, alors qu’ils contestent depuis plusieurs semaines la façon dont le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan a bafoué les règles d’élection des recteurs pour imposer un homme lige à la tête de leur établissement.
À Galatasaray, l’accord bilatéral avec la France semblait un rempart suffisant pour se soustraire aux diktats du YÖK, qui est absent de la liste des institutions exerçant une tutelle sur l’université. L’établissement pensait « se maintenir dans une petite bulle kémaliste au milieu d’un océan AKP [le parti présidentiel – ndlr], qui ne se rend pas compte que les temps ont changé », commente un prof. Les caciques du YÖK ont « beaucoup de rancœur, ils n’aiment pas Galatasaray, confirme une source proche du dossier. Ils veulent montrer qui est le patron ».
Surtout, les nouvelles conditions imposées aux enseignants français répondent à la récente réforme, en France, des enseignements en langues et culture d’origine, les Elco. Une réforme mise en œuvre depuis la rentrée dans le cadre de la lutte contre le « séparatisme islamiste » chère au président Emmanuel Macron.
Créés dans les années 1970 pour permettre aux enfants d’immigrés de garder le contact avec la culture d’origine de leurs parents, les Elco sont délivrés par des enseignants de neuf pays partenaires, dont la Turquie. Selon le ministère français de l’éducation, entre 12 000 et 15 000 élèves d’origine turque profitent de ces cours. Mais, certains profs dépêchés par ces pays sont soupçonnés de promouvoir le communautarisme et de favoriser un éloignement des valeurs républicaines.
Les accords sur les Elco ont donc été dénoncés par Paris, qui a renégocié avec ses partenaires de nouveaux critères d’admission pour leurs enseignants – dont un niveau minimum B2 de maîtrise de la langue française –, dans le cadre d’une nouvelle structure, les « enseignements internationaux de langues étrangères » (EILE). Pour cet autre prof de Galatasaray, cela ne fait pas de doute : « En renvoyant les Elco, Macron a déterré la hache de guerre avec Ankara. »
Un prêté pour un rendu, pourrait-on penser. Si ce n’est que, là où les autorités françaises ont renégocié les accords existants avec leurs partenaires et leur ont donné le temps nécessaire pour permettre l’arrivée de personnels formés, leurs homologues turcs ont mis Paris devant le fait accompli, jusqu’à une rencontre houleuse, le 14 janvier, entre l’ambassadeur de France Hervé Magro et le président du YÖK Yekta Saraç.
Au cours de cette entrevue, « j’ai […] fait valoir à mon interlocuteur que cette mesure décidée unilatéralement et sans aucune anticipation nous paraissait inacceptable et constituait un préjudice certain pour les personnels concernés », a rapporté le diplomate dans un compte rendu adressé aux personnels français de l’université. Le président du YÖK n’en a pas moins maintenu « qu’il revenait aux autorités turques de fixer les conditions de l’accréditation des personnels servant dans ses universités », selon ce courrier.
Cette détermination, Ankara l’a également manifestée au moment des tests de langue, effectués au sein de Galatasaray. « Mes collègues turcs m’ont expliqué qu’ils ont dû être stricts parce que le YÖK a exigé que les épreuves soient filmées », témoigne ainsi un enseignant recalé.
La mesure n’était apparemment pas suffisante, puisque le YÖK réclame désormais un nouveau test pour tous les profs, hormis une poignée de chanceux ayant obtenu un permis de travail d’un an. « Je viens d’apprendre que le YÖK ne se contenterait pas des examens de langue organisés par GSÜ et exigerait un certificat délivré par l’Institut Yunus Emre », prévient le vice-recteur français dans un courriel en date du 5 février. « Malheureusement, cet Institut n’organise que rarement des sessions d’examen en Français : c’est une très mauvaise nouvelle. »
Découvrant chaque semaine de nouvelles mesures qui menacent leur avenir en Turquie, les enseignants doivent s’adapter à un nouveau statut de résidents clandestins. Cela signifie ne pas pouvoir quitter le territoire turc, faute de ne plus pouvoir y rentrer – « je n’ai pas vu ma fille depuis un an et demi », confie l’un d’eux. Comme avoir peur des contrôles de police – « je ne suis pas tranquille dans la rue, je me suis déjà fait contrôler trois fois, je m’en suis sorti en présentant mon passeport », dit un autre.
La situation est particulièrement pénible pour les nouveaux arrivants, qui n’ont pas de numéro de permis de séjour à faire valoir dans leurs démarches administratives. « Mon abonnement téléphonique a été suspendu début décembre parce que je n’ai pu fournir de permis de séjour », indique l’un deux dans un courriel à ses collègues, auquel Mediapart a eu accès. « Que se passera-t-il quand mon abonnement internet sera lui aussi suspendu et que je ne pourrai plus travailler ? »
Les mesures de lutte contre le coronavirus compliquent encore un peu le quotidien de ce prof, l’accès aux centres commerciaux et l’utilisation des transports en commun étant conditionnée à la présentation d’un code qu’on obtient avec son numéro de permis de séjour. « Je ne peux toujours pas ouvrir de compte en banque en Turquie, du coup je paie des frais bancaires de retrait absolument énormes pour payer mon loyer chaque mois », explique-t-il.
Pour tous, il y a l’incertitude : faut-il préparer son retour en France ou se mettre aux cours de turc, dans l’espoir hypothétique de pouvoir régulariser sa situation ? Pour certains, un tel retour s’annonce d’ailleurs problématique. « Rentrer en France ne faisait absolument pas partie de mes projets, j’avais bien l’intention de rester en Turquie jusqu’à la retraite », explique un expatrié de longue date. « En plus, je me suis un peu déconnecté du monde de la recherche, en France, tout le monde m’a oublié. »
Le doute règne même pour le prochain semestre, qui commence dans deux semaines. « Que se passera-t-il si les cours en présentiel reprennent ? La secrétaire générale de l’université nous a fait savoir que nous étions persona non grata sur le campus », signale une enseignante. « Allons-nous assurer la tenue des examens ? Que se passera-t-il si des élèves contestent les notes ? », s’interroge un de ses collègues.
Face à cette crise, le rectorat de Galatasaray s’est efforcé de mettre en place des solutions de secours.
L’université a ainsi proposé de reverser les deux agrégés écartés vers son école de la marine marchande, où le doctorat n’est pas exigé. Elle a aussi mis en place un programme intensif d’acquisition de la langue turque – 24 heures de cours par semaine, sur quatre mois, sans allègement de la charge de travail des participants – pour permettre aux enseignants français de régulariser leur situation d’ici l’été.
Ces derniers apprécient les efforts de l’établissement, mais doutent de leur efficacité. « J’ai demandé s’il serait possible de négocier une assurance sur la prolongation des contrats pendant encore au moins un an et demi, sans succès, indique l’un d’eux. Si je n’ai plus que six mois à passer en Turquie, je ne veux pas les passer derrière mon ordinateur à prendre des cours de turc. » Un autre universitaire se méfie : « Tous ces petits arrangements, à la prochaine crispation diplomatique, ils sauteront. »
Certains profs dénoncent aussi une « abdication » des autorités françaises. « On a l’impression que l’ambassade à capitulé, qu’elle a accepté la décision du YÖK, sans chercher à défendre la convention de 1992, estime l’un d’eux. Elle négocie pour que les gens en poste ne soient pas trop affectés, mais ne prévoit rien pour ceux qui viendront ensuite. »
L’ambassade, le rectorat et les autorités turques n’ont pas donné suite aux demandes d’informations de Mediapart. Un entretien téléphonique entre Macron et Erdogan était à l’ordre du jour pour tenter de débloquer la situation, selon une source proche du dossier. Car derrière les cas individuels, c’est bien l’avenir de la coopération universitaire franco-turque qui est en jeu.
« S’il faut remplacer une quinzaine de personnes avec des gens qui ont à la fois le bon diplôme, de l’expérience et un niveau suffisant de turc, je vois mal où on va les trouver, souligne une prof. Si les autorités françaises ne font rien, la Micel aura disparu d’ici deux ou trois ans. » « Jamais je ne serais venu en Turquie si une telle exigence avait été formulée au moment de mon embauche », pointe un autre universitaire, avant de poursuivre : « La Turquie va devenir moins attractive pour les chercheurs français et Galatasaray va perdre une bonne partie de son prestige. »
Selon une source proche du dossier, le ministère turc de l’éducation s’apprêterait à publier une directive reprenant les nouvelles exigences du YÖK pour tous les enseignants étrangers enrôlés dans des collèges et lycées turcs. Outre le lycée de Galatasaray, la Turquie compte huit établissements privés francophones à Istanbul, Izmir et Ankara.
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