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Libération, le 04/12/2025
Tribune
Par le recteur de la Grande mosquée de Paris et des personnalités du monde médical et universitaire
D’après Vatican News, la visite du Pape Léon XIV en Turquie, organisée à l’occasion du 1700e anniversaire du premier concile de Nicée, avait vocation à «bâtir la paix, l’unité et la réconciliation, au sein de l’Eglise, avec les autres confessions chrétiennes et avec les autres religions». Ce sont de grandes intentions, souvent répétées dans les discours ; pourtant, à Istanbul, elles ont soudain pris la forme d’un geste d’une beauté désarmante.
A la mosquée Bleue d‘Istanbul, là où Benoît XVI en 2006 et François en 2014 avaient déjà franchi un seuil symbolique, Léon XIV a été accueilli au son de Talaa al-Badru ‘Alaynā. Un poème vieux de quinze siècles, entonné lorsque le Prophète Muhammad arriva à Médine, accueilli par une cité bigarrée où coexistaient des Arabes, des Juifs, des chrétiens et des animistes. Un chant d’hégire, un chant de refuge, un chant de renaissance.
Ce chant célèbre l’espoir d’une communauté cherchant la paix après des années de divisions. Au-delà de la tradition, pour tout musulman, il porte la mémoire d’un accueil fondateur, d’une main tendue à l’étranger devenu frère. Qu’il accompagne l’entrée d’un souverain pontife témoigne d’un respect profond, mais surtout d’un désir : celui de faire vivre, enfin, ce que le Pacte de Médine avait posé comme horizon − une communauté diverse, protégée, solidaire, où la liberté religieuse n’était pas une menace, mais un devoir partagé.
Deux miroirs brisés que l’on tente de recoller
C’est cet esprit que Léon XIV a ravivé, dans la continuité des pas de François à Al-Azhar en 2017 et en Irak en 2021 : l’esprit d’un islam d’hospitalité et d’un catholicisme d’ouverture qui se répondent comme deux miroirs brisés que l’on tente de recoller. «Marcher ensemble», «démolir les préjugés», «devenir des artisans de paix» : les mots du pape à Istanbul n’avaient rien d’abstrait. Ils prenaient chair dans l’émotion visible des fidèles, dans la gravité de la scène, dans les applaudissements qui montaient d’une foule peu habituée à ce type de visite.
Cette scène, au cœur d’un Moyen-Orient fracturé par les guerres, les bombardements et les blessures confessionnelles les plus profondes, rend encore plus saisissante l’incapacité française à penser l’islam autrement que sous l’angle de la peur et de la suspicion. Alors que l’histoire et l’actualité montrent qu’un dialogue est possible, notre débat public reste obsédé par deux sujets, le voile et l’islamisme, souvent amalgamés, souvent instrumentalisés, rarement compris.
Le voile, d’abord. En France, il est devenu un miroir déformant où l’on projette peurs, fantasmes, inquiétudes civilisationnelles. Il est discuté non comme un choix individuel, qu’on l’approuve ou non, mais comme un symbole politique censé englober toutes les femmes musulmanes. A force de vouloir en faire un marqueur d’islamisme, on finit par nier la diversité réelle des motivations, des histoires et des trajectoires. La laïcité, qui devrait protéger les libertés de conscience, se retrouve alors tordue au point de devenir un outil de suspicion ciblée.
Attention médiatique asymétrique
Le sondage récent de l’Ifop illustre ce glissement. Il a été utilisé pour renforcer l’idée d’un islam «problème», en mettant en avant les réponses les plus anxiogènes, en oubliant délibérément que près de trois quarts des musulmans déclarent avoir la liberté de s’éloigner de la religion, signe d’une autonomie individuelle incompatible avec toute lecture radicale. A l’inverse, un autre sondage Ifop publié en septembre 2025 et documentant la musulmanophobie croissante a été largement passé sous silence. Pourtant, les chiffres devraient inquiéter toute conscience républicaine. Dans cette enquête, 66% des musulmans déclarent avoir subi du racisme au moins une fois en cinq ans, 51% ont été discriminés à l’emploi, 46% dans la recherche d’un logement.
L’attention médiatique est asymétrique. Ce qui incrimine les musulmans fait la une. Ce qui montre leur discrimination disparaît. Et c’est ainsi que s’installe l’idée d’un islam en rupture avec la République, alors même que les données prouvent que ce sont souvent les institutions ou leurs représentants qui se tiennent à distance de certains citoyens.
Or, la France s’accoutume à amalgamer l’islam à l’insécurité, l’immigration ou l’islamisme. Elle glisse dans une dérive inquiétante : traiter l’islam non comme une foi, mais comme un signal d’alerte permanent. On y parle d’islam comme on parle d’un risque, jamais comme d’une réalité citoyenne. Elle en a oublié l’essentiel : les musulmans sont d’abord des citoyens. La communauté unique à laquelle ils appartiennent n’est pas religieuse, mais nationale. Et c’est cette communauté que l’on fragilise en installant des soupçons permanents sur une partie de ses membres.
Eviter les amalgames, essence même du pacte républicain
A Istanbul, l’accueil du pape par un chant musulman rappelait une vérité simple. La paix n’est jamais un état naturel. C’est un choix. Un choix politique, moral, quotidien. La France, qui a fait de la laïcité sa colonne vertébrale, devrait être la première à comprendre que protéger les libertés, éviter les amalgames et garantir l’égalité ne sont pas des concessions mais l’essence même du pacte républicain.
Au Liban, le pape l’a rappelé avec des mots d’une grande douceur : «Certaines blessures personnelles et collectives demandent, en effet, de longues années, parfois des générations entières, pour pouvoir se refermer.» Il faut, dit-il, «emprunter la voie difficile de la réconciliation». Il nous faut construire des relations pacifiées entre nous tous, avec esprit d’ouverture et de curiosité, sans faux-semblants naïfs et une volonté d’objectifs communs. Au-delà de la foi, qui relève d’une démarche individuelle et intime, la loi et sa construction constituent un exercice d’attention à l’autre, pour rétablir notre cohésion sociale et humaine, regarder sereinement le monde et envisager ses nouveaux défis.
C’est en cela que le message de Léon XIV résonne si fort en nous rappelant notre devoir impératif de cohésion et de commune dignité. Le pape nous rappelle la nécessité à la fois de la garantie de la liberté de conscience et le respect de l’autre. De tous les autres, ce que la laïcité nous garantit au sein de notre République.
Signataires : Sadek Beloucif chef de service d’anesthésie-réanimation, hôpital Avicenne Mohamed Salah Ben Ammar chef de service du Centre national ophtalmologique des 15-20, ancien ministre tunisien de la Santé Myriam Edjlali-Goujon professeure de neuroradiologie, vice-directrice de l’unité BioMaps, Université Paris-Saclay Chemseddine Hafiz recteur de la Grande Mosquée de Paris.
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