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Le Journal du Dimanche, le 20/12/2020
Par Karen Lajon
Envoyée spéciale à Istanbul (Turquie)
Le président Erdogan termine l’année en multipliant les aventures militaires et en réprimant les oppositions internes. La transformation l’été dernier de la basilique chrétienne d’Istanbul en mosquée a meurtri la minorité chrétienne turque.
Recep Tayyip Erdogan aime les symboles. La prière du vendredi figure parmi les plus forts. Or, cette année, le 25 décembre tombe un vendredi. A-t-il anticipé ce moment? Probable. Parce que lorsque le dirigeant turc recommence à moins d’un mois de la célébration des fêtes chrétiennes à assister à la prière du vendredi en s’agenouillant au cÅ“ur de l’ex-basilique Sainte-Sophie, il ne laisse rien au hasard. Erdogan rappelle que le joyau byzantin n’est plus un musée offert aux yeux du monde, mais bel et bien un lieu de culte musulman où les croyants viennent désormais célébrer Allah.
Pas un coup de fil, rien, on ne nous a pas prévenus et encore moins expliqué
A 74 ans, la conservatrice du musée Sainte-Sophie, Zeynep Ahundy, a vu son monde s’écrouler. Elle est assise, là , dans un café de la célèbre place Taksim, à Istanbul. Fragile, hébétée. Une lettre de démission remisée dans un tiroir en attendant qu’un jour, peut-être, le téléphone sonne. Et que quelqu’un au bout du fil lui explique. Pourquoi vendredi 10 juillet 2020, Recep Tayyip Erdogan a décidé sans coup férir de transformer l’église Sainte-Sophie en mosquée. Pourquoi dans la foulée, le musée de la Chora, site classé au patrimoine de l’Unesco, a subi le même sort. « J’étais chez moi, confinée, lorsque j’ai appris la nouvelle à la télévision, dit-elle. Nous ne sommes que six au comité de conservation Sainte-Sophie. Mais pas un coup de fil, rien, on ne nous a pas prévenus et encore moins expliqué. » Mieux ou pire, le lendemain de cette décision très politique, toutes les plaques indiquant musée Sainte-Sophie, et installées sur les portes des bureaux proches de l’édifice, disparaissaient. Une nouvelle page de l’histoire de la Turquie se tournait.
« C’est un double message, décrypte le politologue Ahmet Insel. Au niveau international, Erdogan a lancé un défi à l’Occident et s’est aussi posé comme le grand protecteur des sunnites, notamment par rapport à son voisin saoudien. Sur le plan intérieur, la crise économique l’a fragilisé et il rassure ainsi sa base électorale, qui s’érode lentement mais sûrement. » Il lui fallait donc frapper un grand coup. Revenir aux sources d’une conquête inachevée. L’église de la Sainte-Sagesse (« Hagia Sophia » en transcription du grec), Sainte-Sophie, qui surplombe la mer de Marmara, est une splendeur qui n’a jamais cessé d’être convoitée. Construite au VIe siècle par l’empereur Justinien, elle connaît une première transformation en mosquée en 1453, juste après la conquête ottomane de Constantinople. Puis en 1934, Mustafa Kemal Atatürk s’affranchit des deux religions et en fait un musée. Les mosaïques chatoyantes byzantines s’offrent alors aux regards des visiteurs transportés. « Au fond, le gouvernement à l’époque a touché au sacré, se lamente la conservatrice Zeynep Ahundy, dans le sens que cela avait dépassé les religions, c’était devenu un endroit ouvert à tous. »
C’est une manière de faire perdurer la guerre culturelle entre les modernistes laïques et les conservateurs islamistes
Si le journaliste Yusuf Kaplan, chroniqueur au Yeni Șafak, qui sert quasiment de porte-voix au gouvernement, est persuadé du bien-fondé de la décision de son président, d’autres, nombreux, admettent que Erdogan y est allé à reculons. Fin stratège, véritablement pieux et respectueux de la ferveur religieuse de tout croyant, il a donné son feu vert acculé par ses alliés, notamment ceux de la droite nationaliste conservatrice. « En réalité, la question n’était pas nouvelle, enchaîne Ahmet Insel, elle s’est posée quasiment tout de suite après la mort d’Atatürk. C’est une manière de faire perdurer la guerre culturelle entre les modernistes laïques et les conservateurs islamistes. »
Erdogan aurait donc hésité, invoqué les équilibres politiques. D’ailleurs, dès son arrivée au pouvoir, il donnait des gages aux minorités qui connaissaient un vent de libéralisation inédit. « Dans les années 2000, c’est indéniable, souligne l’homme d’affaires chrétien, Alex Kapuadag. Il a fait rouvrir des églises, d’autres ont été restaurées, mais c’est à partir de 2010-2011 que tout a changé. » La marge de manÅ“uvre d’Erdogan se rétrécit avec la crise économique. « Il a voulu affirmer l’indépendance de la Turquie, souligne Miran Manukyan, un journaliste arménien de l’hebdomadaire libéral Agos. Alors, oui, c’est une démonstration de force à l’international mais pour nous chrétiens, il y a des conséquences. Les discours de haine sur les réseaux sociaux se normalisent. Nous sommes toujours perçus comme la cinquième colonne de l’Occident. »
200.000 chrétiens en Turquie
Il reste quelque 200.000 chrétiens en Turquie dont 50.000 Arméniens et 3.000 Grecs orthodoxes. « Des bijoux, voilà ce que nous étions pour Erdogan et nous sommes désormais convoités par ses alliés politiques encombrants et qui ont d’autres visées », déclare encore avec humour, l’homme d’affaires Alex Kapuadag. S’il affiche une forme de décontraction identitaire, d’autres sont beaucoup plus soucieux. Et rappellent les incidents qui se multiplient. Assassinats, écoles taguées, églises incendiées. Pour Ahmet Insel, « on est loin d’un pogrom immédiat », mais la transformation de Sainte-Sophie a quand même été perçue comme un geste augurant de nouveaux problèmes pour les minorités chrétiennes. « Cela fait longtemps qu’on ne vit plus dans un pays laïque, soupire Murad Mihçi, un Arménien qui a milité au parti kurde d’opposition HDP. La Turquie est le pays où le nombre d’Arméniens qui prennent le chemin de l’exil est le plus élevé dans le monde arabo-musulman. On ne peut qu’y voir une menace.  »
D’autant que dans la foulée, en août dernier et en toute discrétion, Saint-Sauveur-in-Chora, qui fut d’abord une église puis une mosquée avant d’être transformée en musée, subit le même sort que Sainte-Sophie. Un petit homme aux cheveux grisonnants en fait le tour et photographie avec minutie les images de la Vierge Marie qui bientôt disparaîtront sous des bâches. Un touriste? Non. C’est le conservateur de Chora, également membre du comité de Sainte-Sophie, qui de façon presque coupable, immortalise ces joyaux religieux. L’homme a un devoir de réserve. Mais ses regards en disent long. Il n’est pas le seul ce matin-là à venir regarder une dernière fois la mère de Jésus. Un étudiant des Beaux-Arts, un imam avec sa femme, des guides touristiques locaux visiblement très émus, et une famille bulgare dont la mère, encore toute chamboulée, raconte que la veille elle s’est rendue à Sainte-Sophie qu’elle visite régulièrement depuis sept ans. « Et pour la première fois, j’ai dû me couvrir les cheveux…  »
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