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AFP – 10/10/2014
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a haussé le ton jeudi contre les manifestants kurdes à l’origine des émeutes qui ont déjà fait plus de 25 morts dans le sud-est de la Turquie, alors que les violences ont continué dans tout le pays.
Comme son Premier ministre Ahmet Davutoglu la veille, l’homme fort du pays a dénoncé une tentative de « sabotage » des pourparlers de paix engagés par son régime avec les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et a promis de réprimer sans ménagement les fauteurs de troubles.
« Nous ne tolérerons pas le moindre acte de menace ou d’intimidation qui remet en cause la paix en Turquie, sa stabilité et sa sécurité et nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour combattre tous ceux qui commettent de tels actes d’intolérance », a déclaré M. Erdogan dans un message écrit.
Ces violences, sans précédent ces dernières années, ont débuté lundi soir, après un appel lancé par le principal parti kurde du pays à manifester contre le refus du gouvernement de venir en aide militairement à la ville frontalière kurde de Syrie Kobané, assiégée par les jihadistes du groupe Etat islamique (EI).
Les affrontements ont souvent dégénéré en batailles rangées entre militants proches du PKK et partisans de mouvements islamistes.
Jeudi soir, quatre personnes ont à nouveau été tuées à Gaziantep (sud) lors de heurts entre deux groupes armés de fusils, d’armes de poing et de haches, a rapporté l’agence de presse Dogan. A Mardin, les gendarmes ont ouvert le feu et tué un protestataire, selon la maire de la ville Zeynep Dipçik.
Ces nouvelles victimes portent le bilan des affrontements a au moins 27 morts, de très nombreux blessés et d’importants dégâts matériels.
Jeudi soir, deux policiers ont également été tués par balles à Bingöl (sud-est) dans des circonstances qui ne permettent pas de lier leurs morts aux manifestations en cours.
Plus tôt dans la journée, des heurts ont également opposé manifestants et forces de l’ordre à l’université technique du Moyen-Orient (ODTU) d’Ankara.
– Appel au calme –
Dans la ligne de mire du gouvernement islamo-conservateur, le coprésident du Parti démocratique populaire (HDP) Selahattin Demirtas a pourtant exhorté jeudi ses troupes au calme.
« Nous voulions montrer notre soutien à Kobané en manifestant, mais sans piller, détruire ou tuer », a-t-il déclaré devant la presse. « Nous demandons à tous de nous écouter ».
Mais il a maintenu la pression sur les autorités en exigeant un geste de leur part, au nom du chef emprisonné du PKK Abdullah Öcalan. « Nous (…) exhortons toutes les parties à accélérer le dialogue et les négociations afin d’écarter tout danger de provocations et de massacres », a ajouté M. Demirtas.
M. Öcalan a averti Ankara que la chute de Kobané signifierait la fin du processus de paix et laissé au gouvernement jusqu’au 15 octobre pour le relancer.
Pour faire baisser la tension, le chef du Parti républicain du peuple (CHP, opposition sociale-démocrate) a proposé une opération militaire ponctuelle. « Limitons l’objectif de notre armée à sauver Kobané et à en chasser l’EI », a suggéré Kemal Kiliçdaroglu.
Le ministre des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu a exclu par avance cette option, jugeant « pas réaliste » une intervention terrestre de la seule Turquie.
Le Parlement turc a accordé il y a une semaine son feu vert formel à une intervention militaire contre les jihadistes en Irak et en Syrie. Mais le gouvernement s’y est jusque-là refusé, redoutant qu’elle ne renforce le régime de Damas.
Imposé dans six provinces du sud-est, le couvre-feu militaire, une mesure inédite depuis vingt-deux ans, a été levé jeudi dans la journée. Il a toutefois été rétabli en soirée à Diyarbakir, où au moins dix personnes ont été tuées mardi.
Amnesty International a exhorté le gouvernement turc à « agir pour enrayer la spirale de la violence », alors que la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) a condamné « l’usage excessif de la force » par la police.
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