Nous ne sommes plus dans une configuration où Recep Tayyip Erdogan est sûr de gagner les grandes municipalités. Ahmet Insel
Depuis un mois, Recep Tayyip Erdogan s’implique fortement dans les élections municipales turques qui vont avoir lieu le 31 mars prochain. Pour la première fois depuis dix ans, le pays est en récession économique, un contexte très défavorable pour le parti d’Erdogan, l’AKP, qui a l’habitude de faire de l’économie prospère son cheval de bataille à chaque campagne électorale.
La Turquie compte 30 métropoles et 51 chefs-lieux de province. Selon l’AFP, dans certaines municipalités, les électeurs devront élire leur maire mais aussi les maires de district, les membres de l’assemblée municipale de leur district ainsi que le « muhtar », sorte de chef de quartier.
Le ralentissement de l’économie était attendu depuis quelques années et le gouvernement Erdogan a maintenu une politique de croissance un peu surchauffée par des moyens de bord qui s’épuisent aujourd’hui. Par exemple, les réserves de la banque centrale diminuent, il y a une fuite des capitaux et un ralentissement très important des investissements directs étrangers. Ahmet Insel
Istanbul et Ankara : deux villes qui pourraient changer la donne dans les élections municipales
La situation économique et financière du pays menace la popularité d’Erdogan, comme la perte de plus de 30% de la valeur de la monnaie locale, la lire turque, en moins d’un an. Au pouvoir depuis 16 ans, le président turc ne veut pas perdre les grandes villes : si l’opposition a peu de chances de remporter Istanbul, la capitale Ankara pourrait sérieusement être remportée par Mansur Yavas, candidat du CHP, Parti républicain du peuple, et du Bon Parti. Ces deux villes sont sous le contrôle de l’AKP depuis 1994.
L’image de marque et d’apparition de l’AKP est associée à la gestion d’Ankara et d’Istanbul. Ahmet Insel
Pour lutter contre l’inflation, et contre une désaffection possible des électeurs issus de la classe moyenne, le gouvernement a installé des stands municipaux vendant des fruits et des légumes à prix cassés comme le souligne ce reportage de France 24 :
Recep Tayyip Erdogan ne tient plus compte de son serment constitutionnel en multipliant les meetings et espère obtenir des résultats similaires à celles de 2014, élections durant lesquelles le Parti Justice et Développement a gagné une grande partie des villes turques.