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Le Figaro, le 04/02/2024
Par Louis Solal
Envoyé spécial à Antakya
Des immeubles entièrement détruits, à Antakya. Boris Roessler/Boris Roessler/dpa
REPORTAGE – À l’approche des élections municipales du 31 mars, l’exécutif insiste sur l’aide fournie et les immeubles déjà bâtis. Venu le temps du bilan, le compte n’y est pas.
Son dos lui fait mal. Il y a aussi ce pied, extrait de sous la ruine de son immeuble en tirant, et qui ressemble «à un toast». Une année à dormir sous une toile, à même le sol, mais c’est aux lessives que Gülsen Arza pense en premier. «Nos dirigeants, c’est sûr qu’eux ils peuvent étendre leur linge à l’intérieur sur de beaux étendoirs», ironise la jeune femme, dont les couches de pulls cachent la morphologie. Cet hiver, il a bien fallu isoler la tente où elle dort avec ses vieux parents, en plein centre d’Antakya, dans le sud de la Turquie. Des bâches et des sacs de courses isothermes ont fait l’affaire, jusqu’à ce que des torrents de pluie s’abattent, «comme au Brésil». Voilà à quoi doit ressembler la vie sous les tropiques: avec un taux d’humidité pareil, rien ne sèche.
À Antakya, ville parmi les plus touchées par le tremblement de terre du 6 février 2023, amputée de quartiers entiers, le temps de l’émotion et des promesses est loin. Après le séisme, le président Recep Tayyip Erdogan parlait d’une reconstruction en un an. Cet été, le gouvernement assurait que plus aucun rescapé ne dormirait sous la tente. Les promesses de l’exécutif n’ont pas été tenues. Pour les habitants qui vivent encore sous des tentes ou dans des conteneurs, la reconstruction avance trop lentement.
7275 appartements attendus
En douze mois, un monde de commerces en tout genre, de vendeurs, d’acheteurs, sous des préfabriqués ou à l’arrière de camionnettes, est né dans la périphérie de cette ville qui comptait 400.000 habitants avant la catastrophe. Cela mis à part, le paysage n’a pas vraiment changé: l’air charrie toujours la poussière des destructions.
À l’approche des élections municipales du 31 mars prochain, l’exécutif insiste sur l’aide fournie et les immeubles déjà bâtis. Venu le temps du bilan, le compte n’y est pas. «Un an arrive, et le taux de réalisation (des projets de reconstruction, NDLR) est de 7%», a déclaré fin janvier le président du CHP, le principal parti d’opposition, Özgür Özel.
À Antakya, des milliers de familles dorment encore dans des tentes et l’attente d’un relogement paraît sans fin. Les premières livraisons d’appartements sont attendues ce mois-ci, 7275 clés doivent être remises au jour anniversaire du 6 février. Des lotissements de l’agence d’État Toki se construisent en bordure de la ville. Interrogés, les contremaîtres d’un chantier en cours estiment, sans hésiter, qu’il faudra cinq ans pour tout achever.
Tirage au sort pour l’attribution d’appartement
À ces doutes s’ajoute la crainte de l’arbitraire. Car l’attribution d’appartements se fait au tirage au sort. Les chanceux pourront refuser un lot si l’emplacement ne leur convient pas, mais ils repartiront à zéro et leur «ticket» sera remis en jeu. Les appartements pourront soit être achetés, grâce à des crédits facilités, pour ceux qui en ont les moyens, soit prêtés gratuitement jusqu’au décès des occupants. L’État en récupérera dans ce cas de figure le droit de propriété.
«Que léguerons-nous à nos enfants? La seule chose que je possédais était cet appartement», interroge une retraitée au manteau de poils noirs, croisée alors qu’elle s’enfonce dans la boue au milieu de dizaines de conteneurs blancs alignés. Les numéros au-dessus de chaque porte d’entrée en plastique lui servent de boussole. «Au début je me perdais», dit-elle. Cette femme, qui vit seule depuis le décès de son mari, fait partie des candidats au tirage au sort mais craint surtout d’être parachutée dans un immeuble où les voisins ne viennent pas faire la causette.
Dans les têtes, l’inertie crée de drôles de situations. Aux urgences, les médecins demandent d’office s’il s’agit d’une tentative de suicide à chaque patient qui se présente pour une méchante coupure ou une fracture. Elles sont devenues courantes. Les jeunes qui s’autorisent à boire restent au bar jusqu’à tard. Les cigarettes se vendent mieux qu’avant. Et puis il y a ces membres de la famille qui sont partis sans laisser de nouvelles, évaporés. Vivants, a priori, mais dans quel état psychique.
L’aide de 5000 livres me sert à acheter de la nourriture et mon forfait téléphonique, mais j’aurais besoin de quatre fois plus pour vivre convenablement
Filis Büyükkasini, mère de quatre enfants
La loterie d’État n’est ouverte qu’aux propriétaires de biens détruits ou endommagés. C’est l’angle mort des programmes de reconstruction: que faire des locataires? «Par définition, nous sommes les plus pauvres», analyse Filis Büyükkasini alors qu’elle sort de sa tente en ajustant son voile. Son abri de fortune est arrimé à un olivier, qui n’a pas donné de fruits cette année. Elle part acheter son huile au supermarché Migros, au bout de la rue. Un préfabriqué, là aussi.
Filis Büyükkasini reçoit une aide de 5000 livres (150 euros) mensuelles que l’État verse, par foyer, au titre de l’aide au logement. Payer un loyer avec cette somme est improbable, les prix des appartements avant le séisme coûtaient déjà le double, et encore plus désormais. «Cela me sert à acheter de la nourriture et mon forfait téléphonique, mais j’aurais besoin de quatre fois plus pour vivre convenablement», calcule cette mère de quatre enfants, sans autre source de revenu. Elle a même dû arrêter sa recherche de conteneur après quatre mois. S’inscrire sur la liste d’attente n’a eu pour effet que la suspension de ces 5000 livres.
Les motifs de griefs se multiplient. Les recours en justice explosent au sujet du non-versement d’allocations, contre les expropriations récurrentes et la saisie de terres pour la reconstruction. Des magistrats de tout le pays ont été appelés en renfort. Rien que pour la région d’Antakya, le palais de justice accueille quatre tribunaux administratifs en plus des deux habituels. Devant la façade de cet imposant bâtiment blanc, fraîchement repeint, les fissures colmatées, un homme revient de sa besogne quotidienne. Un de ces chercheurs de métal, dont les silhouettes s’allongent sur les tas de gravats du centre-ville. Le kilo de ferraille se négocie entre 8 et 10 livres (30 centimes d’euros) au marché noir. Comment ne pas penser que le retour à la normale est réservé aux bâtiments officiels.
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