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Le Journal du Dimanche, le 07/04/2021
Par Antoine Malo, envoyé spécial à Berlin et Cologne (Allemagne)
Le Bundestag, le Parlement allemand, souhaite, comme en France, interdire les Loups Gris, une organisation d’extrême droite turque menaçante. Mais le gouvernement joue la montre pour ne pas mettre en péril la relation avec le président Erdogan.
Emprunter chaque soir un chemin différent pour rentrer à la maison, vérifier que les caméras de surveillance à l’entrée du bureau fonctionnent, communiquer par messagerie cryptée, se méfier des inconnus qui rôdent… Depuis toutes ces années, Ilias Uyar, avocat et figure des Arméniens de Cologne, avait fini par s’habituer à ces rituels. Et puis, l’année dernière, à la faveur des tensions puis de la guerre entre l’Azerbaïdjan, allié des Turcs, et l’Arménie dans le Haut-Karabakh, la peur a ressurgi. En juillet, un bar à chicha de la ville tenu par un ÂArménien était vandalisé puis brûlé par dix soudards, dont certains s’exprimaient en turc.
Quatre mois plus tard, des lettres de menaces étaient adressées à six familles de ÂRhénanie-du-Nord-Westphalie tandis que des leaders de la communauté recevaient des appels anonymes leur promettant une fin prochaine. Aucune revendication derrière ces actes d’intimidation. Mais l’avocat, qui a vu le harcèlement s’intensifier ces dernières semaines, y reconnaît la griffe des Loups gris.
Un débat qui fait écho à la décision, française, de dissoudre le mouvement
Les Loups gris… Depuis sa création en Turquie à la fin des années 1960, ce mouvement ultranationaliste, violent, antisémite et antidémocratique fait figure d’épouvantail. Connu sous le nom des Idéalistes (Ãœlkücü) arrimé au parti d’extrême droite MHP, il a très vite essaimé en Europe, particulièrement en Allemagne, où vit la plus grande communauté turcophone du continent.
Dès les années 1970, des groupuscules, plus criminels que militants, y menèrent des Âexpéditions punitives contre tous ceux qui osaient s’opposer à leur projet de grande Turquie : Kurdes, Arméniens, communistes… Plus récemment, lors de la reconnaissance du génocide arménien par le Parlement allemand en 2016, le mouvement fait de nouveau parler de lui. Avant de repasser sous les radars.
Leur idéologie est contraire à la Constitution allemande et à la démocratie
Depuis quelques mois, les Loups gris ont refait surface et leur cas s’est imposé dans le débat public outre-Rhin. Un peu en raison de la guerre dans le Haut-Karabakh. Beaucoup parce qu’en novembre le gouvernement français annonçait leur dissolution. « Ça a ouvert une fenêtre d’opportunité pour réclamer la même chose en Allemagne », explique Sevim Dagdelen, députée fédérale Die Linke (gauche), qui lutte depuis des années contre les extrémistes de tout genre, ce qui lui vaut une protection policière permanente.
Dix jours après Âl’annonce du ministre de l’Intérieur français, Gérald ÂDarmanin, son parti présente au Bundestag une motion appelant à l’interdiction de l’organisation. Les formations de la coalition gouvernementale (CDU, droite, et SPD, gauche) en élaborent une autre, qui sera celle approuvée au Parlement.
Pour la poignée de parlementaires à la pointe de ce combat, il y a urgence à sévir. Selon les services de renseignement allemands, les Loups gris compteraient 11.000 membres dans le pays. « Le chiffre de 18.000 est plus vraisemblable, corrige l’universitaire Kemal Bozay. Et encore, si on ajoute les familles, c’est un réseau beaucoup plus vaste. » « Ça en fait le plus grand mouvement d’extrême droite du pays! », s’alarme Sevim Dagdelen, récemment menacée de mort. « Leur idéologie est contraire à la Constitution allemande et à la démocratie », estime de son côté Christoph de Vries, élu de la CDU lui aussi très engagé sur le sujet.
Un imbroglio juridique
Mais six mois après, il ne s’est rien passé. « Ni les partis de la coalition ni le ministre de l’Intérieur ne se battent pour cette interdiction », s’agace le député Vert Cem ÂÖzdemir, lui aussi contraint de vivre sous escorte policière.
La réalité est un peu plus complexe. Légalement, les Loups gris n’existent pas, ce qui complique leur interdiction. Seul leur signe de ralliement – le pouce joint au majeur et à l’annulaire pour former le profil du loup – permet de les reconnaître. « Plus qu’un groupe, ils sont devenus une identité, un symbole », affirme l’historien Nikolaus Brauns.
S’ils n’ont pas d’existence officielle, un certain nombre d’organisations ayant pignon sur rue y sont clairement affiliées outre-Rhin.
Parmi elles, l’Adüfdt (Fédération des associations turques idéalistes démocrates allemandes), qui compte sous sa coupe 170 associations locales et 7.000 membres ou l’Atib (Association européenne de la culture turco-islamique), elle aussi à la tête d’une multitude de clubs (sportifs, culturels, éducatifs) et de 28 mosquées. C’est notamment à ces deux organisations que la motion retenue au Bundestag propose de s’intéresser, pour in fine peut-être les proscrire.
Les Loups gris en Allemagne sont devenus comme une société secrète
« Mais il faut d’abord enquêter et rassembler les preuves de leurs liens, prouver que ça constitue un système, explique Christoph de Vries. Ça peut prendre un peu de temps. » Ou permettre d’en gagner? Dans un pays où vivent 3 millions de turcophones, le sujet est très sensible. S’y attaquer avant les élections législatives cruciales du 26 septembre serait téméraire pour le gouvernement d’Angela Merkel.
Comment ne pas provoquer la colère d’Erdogan?
Défier les Loups gris et leurs affidés, c’est aussi risquer, comme cela s’est passé avec Paris, de provoquer la colère de Recep Tayyip Erdogan, le président turc. Car depuis 2018 l’AKP, son parti, et le MHP, la formation mère des Idéalistes, gouvernent ensemble. « Il y a eu un échange idéologique entre les deux mouvements, souligne Kemal Bozay. L’AKP est devenu plus nationaliste, le MHP plus religieux. » « Aujourd’hui, il n’y a plus de différence entre les Loups gris et la frange dure de l’AKP », estime même Ilias Uyar, l’avocat de Cologne. L’historien Nikolaus Brauns précise : « Les Loups gris en Allemagne sont devenus comme une société secrète. Ils sortent de l’ombre quand Ankara le leur demande. »
L’organisation serait donc devenue un instrument de ce nouvel ordre islamo-nationaliste, un pion dans la politique d’influence du pouvoir turc à l’étranger. Tout comme le Ditib (Union turco-Âislamique des affaires religieuses). Cet organe, dépendant du Diyanet, l’administration des affaires religieuses du gouvernement d’Ankara, supervise 900 mosquées en Allemagne. « Le problème, c’est que les autorités allemandes n’exercent aucun contrôle sur leurs imams », s’inquiète Ilias Uyar. Il suffit de pousser la porte de cette mosquée du quartier de Wedding à Berlin pour s’en rendre compte.
Nous laissons Erdogan exporter chez nous des problématiques qui n’ont rien à voir avec ce qui se passe sur notre sol
Un jeune fidèle, aimable, joue les guides. Il confirme que le religieux qui officie ici a été nommé directement par le consulat et ne parle pas un mot d’allemand. « Plusieurs rapports des services de renseignement affirment que lors de l’intervention turque en Syrie les prêches demandaient aux fidèles de prier pour les soldats au front, affirme Sevim Dagdelen. Nous laissons Erdogan exporter chez nous des problématiques qui n’ont rien à voir avec ce qui se passe sur notre sol. »
L’accord migratoire de 2015 en balance
Pourquoi le gouvernement allemand, qui surveille pourtant de près ces activités, laisse-t‑il faire? Au-delà du poids de la diaspora, il y a la crainte d’un impact sur les échanges commerciaux avec Ankara (30 milliards d’euros en 2019, soit plus du double des échanges franco-turcs). Et puis il y a cet accord migratoire conclu en 2015 entre l’Union européenne et ÂErdogan, véritable épée de Damoclès Âau-dessus la tête Âd’Angela ÂMerkel. Kamel Bozay avance une autre explication : l’AKP, le MHP et leurs alliés en Allemagne seraient parvenus à infiltrer les grands partis, CDU, SPD et Verts, notamment à l’échelle locale.
Les autorités fédérales elles-mêmes jouent parfois un jeu dangereux. Ainsi, pour traiter de la question de l’islam dans le pays, comptent-elles parmi leurs interlocuteurs le Conseil central des musulmans. Or l’un de ses vice-présidents, Mehmet Çelebi, n’est autre qu’un cadre dirigeant de l’association Atib, qui est dans le viseur du Bundestag pour ses liens supposés avec les Loup gris.
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