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Le Figaro, le 05/02/2023
Par Delphine Minoui
Özge Samanci, artiste, auteur de bande dessinée et caricaturiste. Annette Hornischer
PORTRAIT – Son roman graphique dresse le portrait très fouillé d’une société turque tiraillée entre nationalisme et conservatisme.
Istanbul, début des années 2000. Un vent de changement politique souffle sur les rives du Bosphore, mais ce jour-là, Özge Samanci a d’autres préoccupations en tête: trouver «le» cadeau d’anniversaire idéal pour une de ses meilleures amies. Fan de croquis, la caricaturiste de Leman, équivalent turc de Charlie Hebdo , se saisit d’un carnet et en noircit les pages de dessins mordants, nourris de souvenirs d’enfance, qu’elle offre à la jeune fêtée. Le succès est inattendu: les copains s’empressent d’en faire des photocopies et de les distribuer à travers Istanbul. «C’est devenu un “zine” à mon insu. Dès que j’arrivais dans une soirée, on se précipitait vers moi pour m’en parler», raconte la bédéiste turque, aujourd’hui installée à Chicago.
De passage à Paris vingt ans plus tard, elle sourit de cette anecdote qui lui inspira son roman graphique d’émancipation, Nager à contre-courant, sorti aux États-Unis en 2016 (chez Farrar, Straus and Giroux), et fraîchement traduit par les Éditions du Faubourg. Publié à quelques mois du scrutin du 14 mai, l’ouvrage autobiographique tombe à pic: il dresse le portrait très fouillé d’une société tiraillée entre nationalisme et conservatisme, laïcité et religion, où la petite écolière, puis l’étudiante d’alors assiste en toute candeur à l’islamisation rampante de ce qui débouchera sur la Turquie d’Erdogan et de son parti, l’AKP.
Une scène, parmi tant d’autres, émerge de ce livre ovni mêlant dessins, photos, collages et tampons: celle de ses camarades de lycée traitant Özge et ses copines d’«exhibitionnistes mécréantes» et de «salopes occidentalisées» à cause de leurs jupes fendues et leur passion pour les Beatles. Ou encore ce directeur contestant la théorie darwiniste de l’évolution, tout en encourageant les élèves à fréquenter les «maisons lumières», instituts de soutien scolaire et de propagande religieuse, initiés par la confrérie güleniste, bien avant qu’elle ne s’allie à Erdogan (pour ensuite s’en dissocier).
Patriarcat d’État
Mais Özge Samanci est réaliste: elle décrit, sans réserve, les étiquettes souvent trop hâtives véhiculées par chaque clan, y compris le sien, nourri au biberon d’une laïcité à marche forcée, autour de la figure d’Atatürk. Dans ses souvenirs d’enfance, retranscrits avec humour et ironie, le fondateur de la République turque de 1923 est omniprésent: en photo sur le mur de la classe, dans les manuels scolaires, sur les timbres-poste, à la télévision au début de chaque programme… Et même dans la salle à manger de l’appartement familial d’Izmir, sur les bords de la mer Égée, où elle grandit avec son père, sa mère et sa grande sœur, Pelin. Atatürk, figure adulée, figure redoutée: au point de craindre les coups de règles de la maîtresse quand elle frappe arbitrairement les élèves mystifiant insuffisamment le «père de la nation».
Au patriarcat d’État se greffe, aussi, celui de la famille. Si ses parents, tous deux enseignants, la poussent à l’indépendance par la réussite universitaire, il n’en reste pas moins que son père la verrait bien embrasser une carrière d’ingénieur quand elle préfère les mathématiques et le théâtre.
Des allures de Petit Prince
«Il m’a fallu être éloignée de mon propre pays pour prendre conscience de cet autoritarisme prégnant, au sein du pouvoir comme de la société», concède Özge, d’abord passée par la Ohio University (2003-2005), puis par Berkeley, avant de s’installer à Chicago (elle enseigne actuellement à la Northwestern University). Attablée au bureau de son éditrice parisienne, Sophie Caillat, au fond d’une ex-imprimerie située à deux pas des Folies Bergère, elle partage volontiers quelques secrets de fabrique: «En arrivant aux États-Unis, j’étais presque choquée de voir les étudiants mâcher du chewing-gum en classe et mettre les pieds sur la table… À des années-lumière de ce qui faisait ma normalité en Turquie: ce sacro-saint respect du professeur, une figure intouchable, à l’instar d’Atatürk. Tout ceci a évidemment nourri ma réflexion, d’abord sous forme de dessins sur mon site web Ordinary Things, puis de roman graphique, au terme de longues années de travail.»
Sous un trait faussement naïf, où ses cheveux blonds comme les blés lui donnent des allures de Petit Prince, c’est aussi de violence dont il est question: comme celle exercée, déjà à l’époque, contre les Kurdes, accusés de «terrorisme» – preuve d’un ultranationalisme récurrent, en dépit des changements de régime. Ironie de l’histoire: son inspiration, Özge la doit essentiellement à des femmes, à commencer par sa mère. «Maman est une conteuse née. Elle a l’art du détail et peut être très drôle. C’est une véritable malle à souvenirs, sur lesquels je me suis appuyée pour tisser mon ouvrage.» Les œuvres de l’auteur américaine Lynda Barry et de la bédéiste franco-iranienne Marjane Satrapi ont particulièrement marqué son parcours. Sans oublier Sempé, «que je regrette, dit-elle, de n’avoir jamais rencontré». À sa façon, elle lui rend hommage à travers ce récit, à la fois brut et tendre, où le Commandant Cousteau, telle une petite voix intérieure, lui donne des envies d’eau, d’aventure et de créativité. Un message d’espoir pour tous ses concitoyens turcs qui rêvent, aujourd’hui comme hier, d’avancer à contre-courant.
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