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Le Figaro, le 30/11/2020
Par Delphine Minoui, Envoyée spéciale à Ankara
ENQUÊTE – En l’espace de quelques mois, le nouveau maire d’Ankara a révolutionné la capitale de la Turquie. Issu de l’opposition, il démultiplie les initiatives à succès. De quoi inquiéter le président turc, qui y voit un dangereux rival pour le scrutin présidentiel de 2023.
Élu en mars 2019, Mansur Yavas, prône une gestion transparente de la municipalité d’Ankara. Les appels d’offres sont diffusés en direct via les réseaux sociaux. ERCIN TOP/Anadolu Agency via AFP
C’est l’histoire d’une ville autant que celle d’un homme. Une capitale sans charme, hérissée de béton, que Mansur Yavas, le nouveau maire d’Ankara, a fait le pari de relooker. Exit les sculptures ringardes et les répliques géantes de dinosaures érigées par son prédécesseur, un moustachu corrompu aux allures de fayot pro-Erdogan. Place aux pistes cyclables, à l’embellissement des parcs, aux énergies renouvelables et au lifting express appuyé par la démocratie participative. «Ce pont a coûté 45 millions de livres turques», annonce une banderole de la mairie qui chevauche un ruban de bitume entre deux collines de gratte-ciel. Pour le visiteur abonné à cette mégalopole de 5 millions d’habitants, sortie du désert anatolien quand elle fut proclamée, en 1923, capitale de la République par Atatürk, avant d’être rattrapée par la frénésie immobilière des islamo-conservateurs de l’AKP, les changements sont flagrants. Depuis son élection, en mars 2019, à la tête de la cité dominée pendant vingt-cinq ans par le parti du président turc, le sexagénaire aux cheveux poivre et sel impose sa marque avec la fougue d’un jeune dissident.
Quand ses rivaux de l’AKP se cachent derrière leurs gardes du corps, on le croise en solo, parfois avec son épouse non voilée, au détour d’un jardin. Quand le gouvernement bloque ses appels aux dons pour les foyers modestes lors de la première vague de Covid-19, il redouble de créativité en invitant les bonnes âmes à régler le solde des plus démunis à la caisse des épiceries. Quand les restaurants sont obligés de fermer à cause de la pandémie, il veille à faire nourrir gratuitement chats et chiens des rues pour qu’ils ne meurent pas de faim. De lui, on retient aussi cette vidéo, devenue virale sur YouTube, dans laquelle il dénonce, noms à l’appui, les promotions par piston du temps de Melih Gökçek, l’ex-locataire de la mairie. La séquence de dix minutes, datant de juillet dernier, est extraite d’une des réunions du conseil municipal d’Ankara, toutes diffusées en direct depuis sa prise de fonction – pratique inédite en Turquie!
«Pendant des années, les intérêts personnels ont primé sur l’intérêt public. Il est temps de redonner sa place à Ankara», martèle le nouvel élu. Le visage masqué du cache-nez en vigueur, il nous reçoit dans son vaste bureau où fourmille une armada de jeunes conseillers polyglottes. «Avant de quitter la Mairie, murmure l’un d’eux, l’ancienne équipe a fait le grand nettoyage: les archives ont disparu, tout comme l’inventaire des biens, tels que les voitures de fonction, ou encore les contrats signés avec les entreprises de construction qui gravitent autour de l’AKP.» Au-dessus d’une pile de livres, une statuette en bronze fait office de gardienne du temple avec sa balance, métaphore d’une justice que le maire issu du parti républicain CHP ambitionne de rétablir. «Quand j’ai pris mes fonctions, je me suis retrouvé avec 2 milliards de dollars de dette à rembourser. On a même découvert que le projet de métro, inachevé, n’a jamais été payé et il nous faut maintenant débourser 500 millions de dollars. À ce jour, nous avons ouvert une cinquantaine d’enquêtes et de procédures judiciaires pour corruption», confie Mansur Yavas.
Pour en finir avec le gaspillage, il prêche la transparence: à son initiative, un conseil de la ville, composé de 500 organisations civiles, débat en amont des projets urbains. Les appels d’offres sont diffusés en direct via les réseaux sociaux. «L’autre jour, 500.000 personnes ont ainsi suivi un appel d’offres pour de nouveaux tuyaux d’assainissement. Vous imaginez: 500.000 personnes pour de la tuyauterie! C’est incroyable!», sourit-il, bluffé par la réactivité des Ankariens. Mais le terrain est miné d’embûches: sur les 25 communes que compte la province d’Ankara, 19 municipalités restent aux mains de l’AKP, prompt à bloquer ses propositions à succès. L’obtention d’aides financières est également conditionnée à l’approbation du gouvernement. «Nous voulons juste que le travail se fasse en coordination avec les autres initiatives gouvernementales», se justifie Cevdet Yilmaz, vice-président du parti d’Erdogan. Réponse de l’intéressé: «En nous mettant des bâtons dans les roues, ils ne font que retarder les projets. L’opinion publique n’est plus dupe. Au final, c’est à elle que l’AKP aura des comptes à rendre!»
Pour l’émancipation des femmes
Mansur Yavas, c’est un style. C’est aussi une vision. Celle d’un gamin de Beypazari, un district de la province d’Ankara, fils d’un vendeur de journaux, mort jeune, et dont la mère prit la relève au pied levé en l’incitant à faire de hautes études. Une source d’inspiration: à peine élu maire de Beypazari en 1999, après avoir étudié le droit à Istanbul, le jeune avocat kémaliste fait de l’émancipation des femmes, confinées derrière les quatre murs de leur maison, interdites d’accès au centre-ville de la vieille bourgade anatolienne, son cheval de bataille. Il les incite à sortir de chez elles et à travailler. «Un jour, se souvient-il, l’une d’elles est venue me demander un job à la mairie. Son époux était alcoolique. Au lieu de l’embaucher, je lui ai proposé de mettre à profit ses compétences en lui ouvrant un stand de rue pour vendre les plats qu’elle savait cuisiner. Aujourd’hui, elle dirige un restaurant où travaillent 30 autres femmes. Depuis, 2000 autres se sont lancées dans la vente de produits locaux». Une «révolution», selon Zehra Cevik. L’ex-femme au foyer, mariée à 16 ans, devenue conteuse sur le tard, parle d’«un avant et un après Mansur Yavas». «Longtemps, les femmes d’ici sont restées prisonnières des traditions patriarcales. Aujourd’hui, ma fille de 15 ans ambitionne de faire des études d’ingénieur!», poursuit celle qui voit en ce fier père de deux filles, «un rempart contre une régression de nos libertés» sous la pression, souvent religieuse, des islamo-conservateurs de l’AKP, au pouvoir depuis 2002.
Sa percée est indéniable. En peu de temps, il a su faire les bons choix au bon moment… C’est un gestionnaire avant d’être un politicien. Ce qui peut aussi lui nuire.
Ilhan Uzgel, politologue
Pour Mansur Yavas, la religion reste une affaire personnelle. À l’entrée du Musée du vivant, niché au cœur de Beypazari, l’anthropologue Harun Demir aime citer cette anecdote de campagne lors de la course à la mairie d’Ankara: «Un jour où nous le suivions pour son vidéoclip, nous lui avons proposé de le filmer devant une mosquée. “Hors de question”, s’est-il emporté! “Je préfère perdre l’élection municipale plutôt que d’instrumentaliser la religion!”» Depuis sa victoire en mars 2019, avec 50,9% de voix contre un ex-ministre de l’AKP, le juriste fan de jazz et d’Adamo se garde de tout commentaire sur la reconversion de Sainte-Sophie en mosquée ou sur l’aventurisme militaire d’Erdogan qui se rêve en nouveau leader mondial des musulmans. «Je n’agis pas au nom d’un parti politique. Je suis le maire de toute une population», dit celui qui fuit les polémiques et les plateaux télé. Les ambitions qu’il nourrit pour Ankara parlent à sa place: dans cette capitale d’une Turquie va-t-en-guerre, minée par le clientélisme et les pots-de-vin, il a fait du bien-être de ses habitants sa priorité.
Direction le parc Çubuk, du nom du barrage autrefois construit par Atatürk. Convertie en déchetterie sous le règne de l’AKP, cette vaste étendue de verdure vient de rouvrir ses portes aux amateurs de pique-niques. «Sa réhabilitation n’a coûté que 6 millions de livres turques», se targue Hasan Yalçintas, un des nombreux volontaires qui travaillent aux côtés du maire écolo. On est loin des 750 millions de dollars gaspillés par Melih Gökçek dans l’immense parc à thème Dinosaure bâti sur une ancienne forêt: un «massacre de la nature», dit-il, qui s’étire à perte de vue au pied du palais présidentiel. Ironie du destin: chaque matin, Erdogan ouvre désormais ses fenêtres sur les manèges à l’arrêt et autres attractions abandonnés aux herbes folles. «Le génie de Yavas, c’est qu’il a également su marcher sur plates-bandes d’Erdogan, en faisant des services sociaux, clef du succès de l’AKP au début des années 2000, l’axe de sa politique», estime un sociologue turc. En cette fin d’après-midi, une effervescence inhabituelle anime l’ex-mosquée de Sincan, dans la commune de Çiçektepe, où la mairie d’Ankara a fait installer l’internet pour les enfants du village. «Avec la fermeture des écoles, pour cause de Covid, on s’y relaie pour étudier en ligne», explique Sena Nur, 12 ans. À ce jour, 22.000 familles de la province d’Ankara ont bénéficié d’un accès gratuit à internet. «Mansur Yavas ne parle pas, il agit!», relève Seyit Kurt, un retraité, dans une allusion à peine voilée aux sorties abracadabrantes de son prédécesseur – comme celle imputant les tremblements de terre du pays à un complot occidental.
Élu meilleur maire 2020 par la Tusiad
La nuit tombe sur Ankara. À 70 kilomètres des tours illuminées du centre-ville, une colonne de tracteurs s’étire à perte de vue sur un large parking de Bala, une autre commune de la capitale. «J’attends mon tour pour récupérer des sacs de graines de blé offerts par la mairie», explique dans la pénombre Okan Yalcin, un exploitant du coin, à bord de son véhicule John Deer. L’initiative, qui vise à valoriser le riche potentiel agricole de la région, longtemps délaissé au profit de la course au BTP, est également la bienvenue en période de récession économique. «La mairie nous rachète les invendus de notre récolte. Puis, elle les vend à prix réduit ou les distribue gratuitement aux populations dans le besoin», s’enthousiasme-t-il.
Autant de mesures qui ont valu à la nouvelle étoile montante d’Ankara d’être élu meilleur maire 2020 par la Tusiad, le Medef turc. Sésame encourageant pour briguer la présidentielle de 2023? «Sa percée est indéniable. En peu de temps, il a su faire les bons choix au bon moment», analyse le politologue Ilhan Uzgel. «C’est un gestionnaire avant d’être un politicien. Ce qui peut aussi lui nuire: la population attend d’un futur chef d’État de se prononcer sur les dossiers chauds du pays», relativise-t-il. Quant à ses accointances du passé avec les ultra-nationalistes du MHP, elles pourraient également refroidir les électeurs de la minorité kurde. Reste qu’Erdogan a de quoi trembler. Un récent sondage de l’Institut Akam le donne légèrement perdant face à Mansur Yavas et à son acolyte d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, plébiscité par la jeunesse. Fidèle à sa réserve, le maire-justicier préfère se passer de tout commentaire. «Pour l’heure, la ville d’Ankara reste ma priorité», avance-t-il, les yeux rivés sur sa pile de dossiers.
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