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Le Point, le 02/10/2023
Par Bartolomé Simon
ENTRETIEN.
Fabien Azoulay, Franco-Américain juif et homosexuel, a été emprisonné entre 2017 et 2021. Il raconte son calvaire dans un livre.
Le 25 septembre 2017, un colis arrive à la réception d’un luxueux hôtel d’Istanbul. Il est au nom de Fabien Azoulay, un Franco-Américain de 39 ans. Le réceptionniste le lui tend. Le Français a tout juste le temps de remarquer son badge de stagiaire accroché autour du cou. Quand soudain, il est encadré par plusieurs policiers turcs. « Police, you are under arrest », lui lance un agent. Le réceptionniste enlève son faux badge et l’interpelle aussi.
Les policiers récupèrent le colis commandé sur Internet : un bidon de GBL. Un solvant bon marché, utilisé comme euphorisant dans un cadre festif. En France, il est légal, considéré comme une « substance vénéneuse ». En Turquie, voilà un an qu’il est formellement interdit. Fabien Azoulay l’ignorait.
Aux policiers, le Français a beau expliquer qu’il a atterri en Turquie pour réaliser des implants capillaires, rien n’y fait. « Ils m’ont demandé en anglais : “Monsieur : vous êtes gay ?” J’ai été naïf, et je leur ai dit oui, parce que je n’y voyais aucun problème », retrace-t-il, en cette fin septembre, lors d’une rencontre chez sa maison d’édition.
Descente aux enfers
Commence ainsi une descente aux enfers vertigineuse pour cet homme d’affaires, racontée dans un livre, Istanbul, dernier arrêt (éditions Stock), écrit avec Sophie Blandinières, à paraître le 4 octobre. Il y décrit avec précision sa terrible chute.
L’homme n’a pas vraiment le profil d’un Pablo Escobar. À l’époque, il vit confortablement après la vente de sa chaîne de spas de luxe, créée à New York, où il réside. Les premiers jours, il croit aux promesses de ses avocats turcs, payés grassement, qui jurent de le faire sortir rapidement. Une formalité, selon eux.
Le couperet tombe pourtant le 27 février 2018. Le Français est condamné à 20 ans de prison – allégés à 16 ans et huit mois pour son bon comportement en détention provisoire. Le tout juste quadra, que rien ne prédestinait à finir dans les geôles turques, découvre un autre monde. Incarcéré à la prison de Maltepe, il côtoie violeurs, assassins, barons de la drogue, fous à lier.
Quasiment aucun ne parle français. Sonné, pétrifié, Fabien Azoulay apparaît vite comme une proie facile pour les criminels. Plus riche que les autres, il « cantine » pour eux. Il leur offre des cigarettes, une télévision, des cartes de téléphone pour avoir la paix. Comme il le décrit dans son livre, le Français use du troc, apprend à négocier un massage contre une clope, à flatter les gardiens, à masquer la moindre de ses émotions.
« Chaque minute dure une heure »
Mais surtout sa vie personnelle, si éloignée de celle de ses codétenus. Son nom l’empêche de cacher sa judéité. Mieux vaut ne pas en faire état dans cette prison où les détenus sont majoritairement musulmans. En quatre ans, Fabien Azoulay a aussi masqué son homosexualité. « Pour survivre, je me suis inventé un autre Fabien, explique-t-il. Je disais que j’étais à fond dans mes spas et que je n’avais pas pris le temps de me marier ou de fonder une famille. »
Pour tuer le temps, Fabien Azoulay passe ses journées à coucher ses émotions sur le papier. Malgré ses transferts de prison en prison, il a gardé ses cinq cahiers jusqu’à sa libération. Lorsqu’un policier turc d’Interpol lui a demandé ce qu’ils contenaient, juste avant son retour en France, il a préféré dire qu’il s’agissait d’une « thèse ».
« Ma première impression en prison, c’est que le temps s’est cristallisé, constate-t-il. Chaque minute dure une heure. » Amolli dans ce néant d’activités et de pensée, il parvient à percevoir quelques moments de grâce. Ainsi, la diffusion d’un tube à la radio, remix d’un chant hébreu lui rappelle sa bar-mitsvah et le replonge dans une spiritualité qu’il avait délaissée.
Pendant quelque temps, il adopte aussi un canari comme animal de compagnie. Les autres détenus s’amusent, eux, à écraser ces oiseaux entre les portes. Car la violence de la prison n’est jamais loin. Un détenu ouzbek ira jusqu’à lui jeter une bassine d’eau bouillante au visage, le brûlant gravement. Les nuits suivantes, le Français dort un couteau sous l’oreiller. « Il faut imaginer ce que c’est, de sentir la lame près de son visage, la nuit. On se dit : “qu’est-ce que je fais là ?” Il y avait une agressivité ambiante, des bagarres tout le temps. On était comme des lions en cage. »
Les jours passent mais Fabien Azoulay ne voit pas le bout du tunnel. Il désespère. Seul le soutien inconditionnel de son petit frère, Xavier, le maintient en vie. Encore aujourd’hui, il suffit d’évoquer son nom pour que le Français en ait les larmes aux yeux. « Après ma sortie, mon frère m’a montré son passeport. J’ai vu tous les tampons de visa pour Istanbul. Il y en avait 48 en quatre ans… », évoque-t-il, encore très ému.
Levier diplomatique
Agacée par l’inertie du quai d’Orsay, son avocate, Me Carole-Olivia Montot, finit par médiatiser le dossier sur le plateau de Cyril Hanouna, touché par l’histoire de Fabien Azoulay. À la suite de ce passage télévisé, le détenu reçoit des dizaines de courriers de soutien, parfois d’inconnus. Ce qui attise la jalousie de ses codétenus. « En prison, on est tous en bas, dans le même bateau. Celui qui s’élève est tout de suite rabaissé. »
Comme il le détaille dans son livre, un habile jeu diplomatique orchestré par son avocate lui permet ensuite d’être transféré en France en août 2021. Son cas a enfin été étudié en hautes sphères. Le Français a réalisé, « tardivement », à quel point sa détention comptait comme levier de négociations entre Emmanuel Macron et Recep Tayyip Erdogan.
« Un matin, les gardiens ont prononcé trois noms à l’appel, dont “Azoulay”. Ils m’ont dit : prépare tes affaires », se souvient l’ex-chef d’entreprise. Il atterrit en France, dans une cellule de la prison de la Santé, au confort bien supérieur aux geôles turques. Il y rencontre un médecin, une ophtalmo qui lui change ses lentilles, portées non-stop pendant ses quatre années en prison.
« J’ai évolué spirituellement »
Les cahiers noircis en détention se sont transformés en manuscrit. Sa prose cinématographique rappelle le cauchemardesque Midnight Express, film de 1978 dans lequel un Américain est emprisonné en Turquie pour trafic de drogue. Fabien Azoulay l’a vu un mois après sa sortie définitive. « Dans le film, le personnage marche dans le sens inverse des détenus, dans la courette de la prison. Je faisais pareil, observe-t-il. Ils préparaient leurs prochaines affaires criminelles. Je ne voulais pas être mêlé à ça. »
Le 2 novembre 2021, Fabien Azoulay sort ruiné et épuisé de sa détention. Cette expérience épouvantable l’a marqué de façon indélébile. « Avant, je lisais peu, je voyais les livres comme des bibelots, avoue-t-il. En détention, j’ai lu tous les livres qu’on m’a envoyés, dont certains sur la Shoah. Mon expérience n’était rien à côté de ces témoignages. Ils m’ont aidé à bâtir ma résilience. » Sa détention a révélé l’amour d’un frère. Lui a permis de faire le tri dans ses amis, aussi. Ceux qui ont demandé des nouvelles et les autres.
« Le Fabien d’avant était arrogant, il se cherchait un peu, admet-il. À présent, j’ai évolué spirituellement. Je me rends compte que c’est plus important que la drogue et les soirées. Mes amis disent que j’ai gagné en maturité ». Quand il marche dans la rue pour la première fois depuis sa sortie de détention, Fabien Azoulay a l’impression qu’il va se faire renverser par les voitures. « Il y a eu une phase euphorique, puis je suis resté enfermé dans mon appartement, dans le noir, pendant des jours et des jours. » Ces moments sombres, Fabien Azoulay s’entraîne à les limiter. Il réapprend à vivre sereinement, à croire les autres, à ne plus voir son environnement comme un danger. Libre.
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