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Le Monde, le 14/08/2022
Tribune
Nedim Gürsel
écrivain
Cette comédie burlesque sur les aventures d’un orphelin, comme Mahomet, devenu une star du cinéma indien, est avant tout un livre sur l’exil, l’identité et l’amour, analyse l’écrivain franco-turc Nedim Gürsel, qui fut lui-même poursuivi pour blasphème.
Au moment où j’écris ces lignes, Salman Rushdie se bat contre la mort qui le guettait depuis trente-trois ans déjà, pour avoir écrit un roman, Les Versets sataniques, accusé de blasphème par la fatwa de l’imam Khomeyni. Auparavant, le grand écrivain humoriste Aziz Nesin, qui avait pris l’initiative d’éditer Les Versets sataniques dans mon pays, la Turquie, avait échappé à une tentative d’assassinat perpétrée par des islamistes fanatiques.
Aussi paradoxal que cela paraisse, ce roman, qui a fait couler beaucoup d’encre et pas mal de sang, dont celui de son auteur aujourd’hui même, n’est pas à proprement parler un roman sur Mahomet, ni sur l’islam. Le Prophète est certes l’un de ses personnages sous le nom de Mahound, mais le récit a plusieurs axes, une trame complexe et une forme narrative que l’on peut qualifier de postmoderne. Voire de comédie burlesque. Les deux parties relatives à la révélation et à la conquête de La Mecque par les musulmans, intitulées « Mahound » et « Jahilia », sont structurées comme un rêve que fait l’un des principaux personnages, dont le nom renvoie explicitement à l’archange Gabriel du Nouveau Testament et du Coran : Gibreel Farishta.
Le roman raconte les aventures quelque peu rocambolesques de ce personnage qui, orphelin comme Mahomet, devient une star du cinéma indien et de son alter ego, Saladin Chamcha. Celui-ci est le fils d’un homme d’affaires fortuné de Bombay qui porte un regard rationnel sur l’islam et n’en suit pas toutes les règles qui lui paraissent trop contraignantes. Il envoie Saladin en Angleterre pour qu’il fasse des études et s’intègre dans la société occidentale. Saladin épouse Pamela, une Anglaise, mais ne renie pas pour autant sa culture et ses racines.
Un roman sur Londres, Babylone de la modernité
Les Versets sataniques est donc un roman sur l’exil et l’identité. Sur l’amour aussi, et pas seulement platonique. L’érotisme est l’un des axes du récit. Mais c’est surtout un roman sur Londres, métropole cosmopolite et accueillante qui fascine les anciens colonisés. L’auteur excelle dans les descriptions de la capitale du Royaume-Uni, Babylone de la modernité, et le lecteur y découvre le passé et le présent d’une ville énigmatique qui accueille les migrants tout en les marginalisant.
L’itinéraire de Saladin ressemble à celui de Salman Rushdie, si l’on en croit son autobiographie, Joseph Anton. Le conflit entre le père et le fils est d’ordre religieux dans le roman, tandis que dans l’autobiographie il est plutôt question d’admiration. Devenu athée, Saladin se révolte contre son père, qui découvre, en vieillissant, sa vocation spirituelle.
Ce n’est peut-être pas le moment de faire une analyse littéraire approfondie du roman, inspiré également du récit de Tabari (839-923), auteur d’Histoire des prophètes et des rois, la seule source qui révèle l’existence des versets dits « sataniques » dans le Coran à propos de Lat, Uzza et Manat, les déesses préislamiques de la Kaaba, alors que son auteur se bat contre la mort. J’espère que le grand romancier survivra pour écrire encore de belles histoires. Et qu’il se battra, comme il l’a toujours fait, pour la liberté d’expression. Car, comme chacun sait, il n y a pas de création sans liberté. Au nom de celle-ci et en tant que romancier, et notamment en tant qu’auteur des Filles d’Allah, qui a été poursuivi en justice pour blasphème et soutenu par Rushdie, je défendrai le recours à la fiction pour parler notamment du Prophète de l’islam sans me soucier du fait que le considérer comme un personnage de roman le désacraliserait.
Les passages du roman de Rushdie relatifs à Mohamet sont en fait une transposition du texte de Tabari, un détournement de la biographie du Prophète et non son imitation, ni sa répétition. Il faut admettre qu’un romancier, en puisant dans les récits historiques ou religieux, a le droit de créer des personnages, y compris des prophètes pour en faire des protagonistes d’une parodie, voire d’une farce burlesque. C’est ce qu’a fait Salman Rushdie et rien d’autre. Je lui laisse la parole pour faire la part des choses et se défendre :
« Peut-être seront-ils aussi d’accord pour reconnaître que le tapage fait autour des Versets sataniques n’avait au fond qu’un but : savoir qui devrait détenir le pouvoir sur le grand récit, l’Histoire de l’Islam, et que ce pouvoir doit appartenir en part égale à tout le monde. Que, même si mon roman n’en avait pas la compétence, il représentait une tentative, qui n’était pas moins importante, de raconter à nouveau l’Histoire. »
Nedim Gürsel, écrivain, directeur de recherche émérite du CNRS.
Son dernier ouvrage paru en France :
Voyage en Iran. En attendant l’imam caché (Editions Actes Sud, 2022)
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