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Le Point – le 11/03/2015
De nos envoyés spéciaux à Istanbul, Quentin Raverdy et Armin Arefi
Le discours conservateur et religieux du président turc a contribué à l’explosion du nombre de faits de violence contre les femmes en Turquie.
Une jeune femme brandit un portrait d’Özgecan Aslan, dont le meurtre atroce a provoqué une énorme vague d’indignation en Turquie. Une jeune femme brandit un portrait d’Özgecan Aslan, dont le meurtre atroce a provoqué une énorme vague d’indignation en Turquie. © ADEM ALTAN / AFP
Les cris fusent au coeur de la nuit stambouliote. Jupes fendues, bras enlacés et déhanchés prononcés, les convives se laissent griser par la voix envoûtante de la jeune diva sur scène, au rythme effréné des battements d’une darbouka. Après une dernière pinte de bière locale Efes, les hôtes se retrouvent pour fumer sur le toit de l’Arsen Lüpen, bar en vogue dominant le Bosphore. Bienvenue sur la rive occidentale d’Istanbul, dont les nuits torrides n’ont rien à envier aux capitales européennes.
Mais elles ne recouvrent qu’une facette de la Turquie. À quelques ruelles de là , se dressent dans la pénombre les immeubles quelque peu décatis du quartier populaire de Kasimpasa. Seuls les fragiles néons des quelques épiciers encore ouverts viennent perturber la nuit déjà avancée, permettant à des mères de famille, toutes voilées, d’acheter l’ingrédient oublié. C’est cette Turquie, pieuse et conservatrice, qui a porté au pouvoir Recep Tayyip Erdogan il y a 13 ans. Or, l’irrésistible ascension du président turc masque une réalité pour le moins terrifiante.
1 400 % de meurtres en plus
Entre son élection en 2002 et l’année 2009, les meurtres de femmes ont augmenté de 1 400 % en Turquie. Et la tendance n’a fait que s’aggraver avec le temps. Au cours de l’année 2014, au moins 294 femmes turques ont été tuées. Rien qu’en janvier dernier, 27 ont perdu la vie, soit 20 % de plus que l’année précédente. À chaque fois, l’agresseur fait partie de l’entourage direct ou indirect de la victime. Mais ces faits divers ne recueillent en temps normal que peu d’écho auprès de l’opinion publique.
La donne a changé le 13 février dernier, avec le cas atroce d’Özgecan Aslan. La jeune étudiante de 20 ans a été violée puis tuée à coups de barre de fer par le chauffeur du minibus qui la ramenait de l’université. Son corps brûlé a été retrouvé dans une rivière de la ville de Tarsus, dans le sud du pays, les mains coupées. Le drame a provoqué une vive émotion à travers le pays. Spontanément, des dizaines de milliers de personnes ont défilé dans les grandes villes pour dénoncer la recrudescence des violences faites aux femmes, mais aussi pointer la responsabilité du gouvernement islamoconservateur. Sur Twitter, le hashtag #OzgecanAslan a été partagé trois millions de fois, et une pétition appelant à punir sévèrement ses meurtriers a recueilli près d’un million de signatures.
Cette mobilisation sans précédent a amené Recep Tayyip Erdogan à réagir publiquement. Qualifiant la violence contre les femmes de « plaie ouverte dans notre société », et de « rupture de la confiance de Dieu », le chef de l’État a dit espérer que les trois assassins de la jeune femme, interpellés et écroués, écopent de « la peine la plus sévère ». Une sortie qui n’a toutefois pas convaincu les manifestants. « Cette brutalité grandissante contre les femmes est en grande partie le résultat des politiques sociales du parti AKP », dénonce Safak Pavey, députée du parti d’opposition kémaliste CHP. « Ses dirigeants promeuvent une série de valeurs morales religieuses (…) qui mettent en danger de façon chronique et persistante les vies des femmes qui n’y souscrivent pas ».
Volte-face d’Erdogan
Après s’être tout d’abord montré relativement discret sur les questions de société à son arrivée au pouvoir en 2002, Recep Tayyip Erdogan a peu à peu durci son discours au fil de ses réélections, soucieux de conforter son électorat conservateur, majoritaire dans le pays. « Erdogan n’a pas d’agenda islamiste caché. Il a simplement dû freiner son idéologie pour arriver au pouvoir et donner des gages aux libéraux », souligne le chercheur indépendant Alican Tayla. À l’époque, le Premier ministre, qui a pour priorité de rassurer les investisseurs étrangers, milite en faveur d’une adhésion de la Turquie à l’Union européenne.
Mais échaudé par les tergiversations européennes, et renforcé par l’essor de l’économie turque, l’homme fort de la Turquie montre alors un tout autre visage. « On a vu surgir dans son discours des termes religieux, avec un désir d’imposer des normes éthiques très conservatrices sur tout le pays », analyse Sinan Ãœlgen, ancien diplomate turc et président du Center for Economics et Foreign Policy (EDAM). « Ce type de propos vise à approfondir les clivages au sein de la société turque, de sorte que sa base électorale lui soit d’autant plus liée. »
Ainsi, Recep Tayyip Erdogan, qui avait juré lors de sa première élection ne « jamais se mêler de vie privée », multiplie depuis les déclarations-chocs sur sa vision de la femme dans la société. En mai 2012, le Premier ministre conservateur qualifie l’avortement de « crime ». En novembre dernier, Erdogan, désormais président, juge « contre nature » l’égalité homme/femme, assurant qu’il n’existe qu' »une place pour les femmes dans (la) société : la maternité ». Un mois plus tard, il récidive, en comparant la contraception à une « trahison ».
« Immoralité »
« Quand une approche morale confessionnelle devient dominante, attaquer et brutaliser les gens qui n’y adhèrent pas devient légitime », analyse la députée Safak Pavey. « Le concept de péché et celui de crime sont systématiquement et volontairement confondus par le gouvernement. Ainsi, les violences contre les femmes qui ne se soumettent pas à ces lois ne sont pas présentées comme des crimes, mais davantage comme une bonne action religieuse. »
Et ces considérations n’épargnent pas la justice turque, dont les peines sont souvent étrangement clémentes à l’égard des agresseurs. Ainsi, en 2011, une jeune fille de 13 ans violée par 26 hommes a vu la peine de ses agresseurs être réduite parce qu’elle avait « consenti » à une telle relation sexuelle, selon le jugement. A contrario, les deux femmes accusées d’avoir « vendu » la fille ont été condamnées à neuf ans de prison chacune pour « immoralité ». Nombre de cas similaires ont été enregistrés.
Pour répondre à ce fléau, l’AKP a été à l’origine en 2012 d’une loi renforçant la protection des femmes. Adopté par le Parlement turc, le texte permet notamment à un juge d’émettre des ordres de protection sans demande préalable de preuve de violence. Écrite en concertation avec des organisations de défense des femmes, la loi a pourtant été remaniée par le gouvernement, et rebaptisée « Projet de loi pour la protection de la famille et la prévention des violences contre les femmes ».
Violences familiales
« Le problème en Turquie est que la femme est vue comme un membre de la famille et pas comme un individu à part entière », pointe la députée kémaliste Binnaz Toprak. « Aussi longtemps que ce sera le cas, il sera très difficile de remédier à ces violences ». D’après un sondage gouvernemental publié dans le quotidien turc Hürriyet, une majorité de femmes turques ont indiqué avoir déjà été exposées à des violences sexuelles et physiques après l’âge de 15 ans. En outre, près d’un quart des femmes en couple interrogées ont déclaré ne pas être autorisées à travailler par leur conjoint, ajoute l’étude.
Au-delà de la rhétorique conservatrice de l’AKP, ces chiffres traduisent le profond conservatisme d’une part non négligeable de la société turque. Pour Binnaz Toprak, seule l’éducation fera évoluer les mentalités en Turquie. « Le niveau d’éducation moyen en Turquie est de six ans », rappelle la députée. « Il est indispensable de sensibiliser à l’école sur la question des violences faites aux femmes, mais aussi de mettre en place un programme concret pour augmenter la place des femmes dans l’éducation supérieure. » En 2013, seulement 29 % des femmes turques étaient engagées dans la vie active.
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