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La Tribune, le 18/12/2023
Au terme de cet accord potentiel, le groupe public AD Ports Group investirait dans une entité créée par le Turkey Wealth Fund pour gérer le port côtier d’Izmir. Cette opération, si elle se concrétise, pourrait acter le rapprochement entre la Turquie et les Emirats, à l’heure où la première cherche à capter des investissements étrangers.
Le port d’Izmir, en Turquie, le 25 juin 2022. (Crédits : YORUK ISIK)
Ankara et Abou Dhabi vont-elles enterrer la hache de guerre sur le plan géopolitique ? Les Emirats arabes unis sont sur le point d’acquérir une participation dans un port maritime majeur de Turquie, selon quatre sources au fait du dossier sollicitées par l’agence de presse Reuters. Une opération qui intervient comme un signe supplémentaire d’un rapprochement entre les anciens pays rivaux.
Plus concrètement, au terme de cet accord potentiel, le groupe public AD Ports Group investirait dans une entité créée par le Turkey Wealth Fund pour gérer le port côtier d’Izmir, ont indiqué deux sources. Les sources ont requis l’anonymat, l’accord n’ayant pas encore été finalisé. Le montant de la participation, lui non plus, n’a pas été précisé dans l’immédiat. En revanche, l’une des sources a déclaré que l’opération pourrait s’élever à environ 500 millions de dollars.
Un responsable du Turkey Wealth Fund s’est refusé à tout commentaire. AD Ports n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaire. Quant à ADQ, le fonds souverain de l’émirat et propriétaire majoritaire du groupe portuaire, il n’était pas disponible pour s’exprimer.
Ankara cherche investissements, désespérément
Plus tôt dans l’année, les Émirats arabes unis et la Turquie avaient signé en mai un accord de libre-échange destiné à faciliter les investissements. Les deux pays ont conclu une série d’accords d’une valeur de plus de 50 milliards de dollars en juillet, qui a vu le président turc se rendre dans les pays du Golfe dans le but de relancer l’économie.
Plus récemment, le président turc Recep Tayyip Erdogan a rencontré le président des Émirats arabes unis, Cheikh Mohamed ben Zayed Al Nahyan, en marge du sommet COP28 de l’ONU sur le climat; qui s’est tenu à Dubaï au début du mois. L’ADQ est présidée par le conseiller à la sécurité nationale, Cheikh Tahnoun ben Zayed Al Nahyan, frère de Cheikh Mohamed.
Le timing de cette nouvelle opération est loin d’être anodin. La transaction prévue intervient alors que le gouvernement turc recherche des investissements étrangers. Et pour cause, la Turquie accuse encore aujourd’hui le coup. Ce, malgré une politique monétaire plus restrictive depuis la réélection récente de Recep Tayyip Erdogan. Les années de taux bas ont eu pour conséquence de faire flamber les prix à la consommation et les loyers, tandis que la monnaie, elle, a plongé.
Un PIB à la traîne
A titre indicatif, l’inflation a atteint en novembre 62% sur un an en Turquie, alimentée notamment par la dévaluation de la livre turque, et les prix des loyers ont augmenté de 77,1% sur la même période à Istanbul, d’après une étude de l’université stambouliote de Bahçesehir. Quoique élevés, les chiffres officiels de l’inflation sont contestés par les économistes indépendants du Groupe de recherche sur l’inflation (Enag), qui calculent la hausse des prix à la consommation à 129,27% en glissement annuel en novembre.
Pour tenter d’endiguer l’inflation, la Banque centrale turque a relevé son taux directeur de 8,5% à 40% depuis juin. Erdogan a été réélu en mai dernier en s’engageant durant sa campagne à ne jamais autoriser la banque centrale à relever son taux directeur tant qu’il serait président. Il a toutefois été contraint de changer de cap, en nommant une nouvelle équipe d’économistes respectés, formés à Wall Street et dans le privé, chargés de sortir la Turquie de la crise.
Selon des analystes, une hausse finale du taux directeur de 2,5% pourrait avoir lieu lors de la prochaine réunion de la banque centrale le 21 décembre. Le taux directeur pourrait ensuite rester stable au cours de 2024. A ce stade, les fruits de cette politique monétaire tardent toutefois à mûrir.
Selon les données officielles, la hausse des coûts d’emprunt a seulement commencé à ralentir la consommation – un objectif clé de la banque centrale. Le PIB de la Turquie n’a augmenté que de 0,3% entre juillet et septembre. Il avait augmenté de 3,3% entre avril et juin.
(Avec agences)
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