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Charlie Hebdo, le 30/09/2022
Patrick Chesnet
Dessinateur et caricaturiste turc de 41 ans, Ersin Karabulut vient de publier, chez Dargaud, le premier volume d’une trilogie intitulée « Journal inquiet d’Istanbul ». Où l’on découvre ses premiers pas dans la bande dessinée en même temps que ceux, en parallèle, du nouvel homme fort de la politique turque, Recep Tayyip Erdogan. Pas vraiment compatibles.
Le titre de votre album est Journal inquiet d’Istanbul. Qu’y a-t-il de si inquiétant ?
La Turquie est un pays très conflictuel depuis des décennies voire des siècles de par sa géographie qui l’a toujours divisée entre l’Est et l’Ouest. Bien avant la fondation de la République de Turquie moderne, pendant l’empire ottoman, les gens étaient déjà en désaccord pour savoir s’ils devaient se rapprocher de l’un ou de l’autre. Le résultat est donc une nation compliquée, écartelée entre démocratie occidentale et valeurs orientales. Cela a commencé avant Erdogan et Erdogan lui-même n’en est que le résultat. Il a dit aux Turcs qu’il allait faire revivre l’ancien empire ottoman et redonner de sa puissance à la Turquie, comme l’a fait Trump aux États-Unis avec son « Make America great again », et les Turcs ont acheté cela. Or vous ne pouvez pas prétendre être puissant ou voir votre vie s’améliorer si vous n’essayez pas au moins d’être en phase avec la philosophie des droits de l’Homme et les Turcs ne voient pas ce qui leur est arrivé au cours de ces vingt dernières années. Ces changements d’administration [remplacement des personnels par des sympathisants du parti au pouvoir après les purges liées au putsch avorté du mouvement Gülen en 2016, ndlr], cet État de plus en plus agressif avec des islamistes qui prennent le pouvoir, c’est vraiment très inquiétant.
Êtes-vous, vous et vos collègues, victimes de menaces pour votre travail ?
Personnellement, je n’ai pas été menacé. Il y a une scène dans le livre avec trois barbus qui me demandent où j’habite, ce genre de choses est bien arrivé mais je n’ai jamais su si c’était lié à mon travail. Par contre, en tant que rédacteur en chef depuis 15 ans du magazine Uykusuz [L’Insomniaque, ndlr], qui est une sorte de Charlie local, nous avons reçu des menaces de mort. Notamment après l’attaque contre Charlie Hebdo et la couverture que nous avions faite après qui disait : « Je suis Charlie » où c’était un peu tendu. Je me souviens d’un mec qui nous avait envoyé sa photo un fusil AK47 à la main en nous disant : « Vous serez les prochains ». Heureusement, il ne s’est rien passé. Mais le plus inquiétant, ce n’est pas d’avoir été critiqué par des conservateurs, c’est de ne pas avoir été défendu par les soi-disant progressistes qui se prétendent laïcs mais sont en fait aussi conservateurs que les conservateurs. Tous ces gens qui dénonçaient cette attaque, « mais » disaient que l’on ne peut pas caricaturer nos valeurs de cette manière. Et ce « mais » au milieu de la phrase signifie beaucoup.
Qu’en est-il aujourd’hui ?
Cela n’arrive plus parce que nous avons perdu beaucoup d’audience et que nous ne sommes plus aussi populaires qu’il y a encore quelques années. Les ventes ont déjà tellement baissé que je ne pense pas qu’ils se soucient vraiment de nos couvertures. De temps en temps, lorsque l’une d’entre elles est populaire sur Internet, ça les dérange sans doute un peu mais la plupart du temps, ils s’en moquent. Mais on ne sait jamais. Je me souviens d’une couverture pour un magazine turc où l’on voyait un homme en train de boutonner sa veste croisant Erdogan. Cette couverture a été attaquée. Pas à cause de la blague, vite oubliée, mais parce que le dessin des mains du personnage boutonnant sa veste pouvait suggérer le mot « gay » en argot turc ! On ne sait jamais ce qui va vraiment les énerver, ce à quoi ils vont être sensibles.
Ce qui peut conduire à une certaine forme d’autocensure chez les dessinateurs ?
Je serai en prison où j’aurais déjà été assassiné à l’heure qu’il est si nous avions fait toutes les couvertures que nous voulions. C’est la vérité. Sinon, je ne pourrai pas vous parler. Nous essayons juste de survivre ici et de faire ce que nous faisons de mieux dans ces conditions.
Avec une possible menace sur ce genre de dessins satiriques ou caricaturaux ?
J’ai le sentiment que cette tradition de dessin satirique vieille de 150 ans en Turquie est en train de disparaître. Sur des dizaines de magazines, hebdos ou mensuels, qui en publiaient dans les années 1980 et se vendaient parfois à des centaines de milliers d’exemplaires, il n’en reste aujourd’hui que deux sur le marché, dont le nôtre. Avec des ventes en constante baisse. Beaucoup d’artistes sont déprimés par ce qu’il se passe en Turquie et quand il n’y a plus d’espoir, c’est difficile de rester le cul sur sa chaise à dessiner pendant des heures jusqu’au matin. Et quand en plus, vous êtes poursuivi et attaqué par les deux côtés, conservateurs et « progressistes », vous vous demandez si cela valait vraiment la peine de le faire, si cela valait la peine de se battre pour cela.
Vous n’avez plus d’espoir ?
Il y a toujours un espoir. Beaucoup de jeunes, de personnes plus âgées sont conscientes de ce qu’il se passe en Turquie depuis longtemps mais quand ils ne pourront plus trouver de quoi se nourrir, ce qui ce qui est train d’arriver en ce moment parce que notre économie va très mal et que l’inflation est folle [80,2 % en août dernier, ndlr], je pense qu’ils vont se dire que trop c’est trop. Je n’ai aucun doute sur le fait qu’Erdogan quitte d’une manière ou d’une autre le pouvoir dans les cinq ou dix prochaines années à venir, ce qui m’inquiète, c’est ce qu’il se passera après. Et cela ne concerne pas que la Turquie. Regardez ce qu’il s’est passé en Italie.
Propos recueillis par Patrick Chesnet
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