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Euronews, le 28/01/2018
La Turquie a affirmé dimanche avoir capturé une colline « stratégique » du nord-ouest de la Syrie dans le cadre de sa campagne contre une milice kurde alliée des Etats-Unis, qui a tendu les rapports entre Ankara et Washington.
« Le Mont Barsaya a été repris vers 14h30 », a indiqué l’état-major turc dans un communiqué, au neuvième jour de son opération contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG).
La Turquie mène depuis le 20 janvier une offensive dans la région d’Afrine (nord-ouest de la Syrie) contre les YPG, un groupe considéré comme « terroriste » par Ankara, mais qui est l’allié de la coalition emmenée par Washington combattant le groupe Etat islamique (EI).
Malgré les tensions croissantes entre la Turquie et les Etats-Unis, deux alliés au sein de l’Otan, le président Recep Tayyip Erdogan s’est dit résolu à élargir l’offensive vers l’est, notamment à Minbej, où Washington a déployé des militaires. « Les terroristes ne pourront échapper à la fin douloureuse qui les attend, ni à Afrine, ni à Minbej », a-t-il déclaré dimanche lors d’un discours à Corum (nord de la Turquie). « La frontière (syrienne) sera nettoyée ».
Sur le terrain, les bombardements de l’artillerie et des avions turcs étaient plus importants que lors des jours précédents et se poursuivaient en fin d’après-midi, selon une correspondante de l’AFP à la frontière.
Les forces d’Ankara tentaient depuis neuf jours de capturer la colline de Barsaya, située au nord-est de la ville d’Afrine, mais avaient dû faire face à une résistance farouche et une météo capricieuse réduisant l’efficacité des frappes aériennes. Profitant du temps clair après plusieurs jours et pluie et de brouillard, l’aviation et l’artillerie ont pilonné dans la matinée la colline, avant un assaut mené par des membres des forces spéciales turques et des rebelles syriens armés par Ankara.
Après l’avoir capturée, les forces d’Ankara ont planté un drapeau turc au sommet de cette colline qui domine la région syrienne d’Azaz et celle turque de Kilis. Il s’agit, selon les médias turcs, de la prise la plus importante depuis le lancement de l’offensive d’Ankara qui a accru les tensions entre la Turquie et les Etats-Unis.
L’opposition de Washington et d’Ankara au sujet des YPG empoisonne depuis plus d’un an leurs relations, la Turquie reprochant aux Etats-Unis de soutenir ce groupe lié au Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) qui mène une guérilla meurtrière sur le sol turc.
Ignorant les appels américains à la « retenue », Ankara a promis d’étendre l’offensive en direction de la frontière irakienne, au risque d’entrer en confrontation directe avec des centaines de militaires déployés à Minbej, à quelque cent km à l’est d’Afrine. Et poursuivant la surenchère, le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu a sommé samedi Washington de retirer ses troupes déployées à Minbej.
Plusieurs pays, dont l’Allemagne et la France, ainsi que l’Union européenne, ont exprimé leur préoccupation face à l’intervention turque qui complique davantage encore la situation en Syrie, où la guerre a fait plus de 340 000 morts depuis 2011.
En réaction à l’opération d’Ankara, les autorités de la région semi-autonome kurde de Syrie ont indiqué dimanche qu’elles ne se rendraient pas à une réunion sur la paix en Syrie qui se tiendra mardi dans la station balnéaire russe de Sotchi.
La veille, le Parti de l’union démocratique (PYD), aile politique des YPG, avait appelé la communauté internationale à « faire pression par tous les moyens » pour stopper cette offensive meurtrière.
Depuis le 20 janvier, les combats ont déjà coûté la vie à sept soldats turcs, a indiqué M. Erdogan dimanche. En outre, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), 69 rebelles soutenus par Ankara et 66 combattants kurdes ont été tués dans les affrontements. Le conflit a aussi durement touché les civils : d’après l’OSDH, 44 civils ont été tués, pour la plupart dans des bombardements turcs. Ankara dément toute frappe contre les populations.
Outre des pertes humaines, les bombardements turcs ont aussi causé d’importants dégâts matériels : un temple néo-hittite vieux de 3 000 ans a été endommagé par les frappes aériennes, a rapporté dimanche l’OSDH.
Evoquée depuis plusieurs mois, l’intervention turque à Afrine a été précipitée par l’annonce de la création prochaine, par la coalition luttant contre les djihadistes emmenée par Washington, d’une « force frontalière » incluant notamment des YPG.
L’incursion s’accompagne en Turquie d’une surveillance accrue des médias et des réseaux sociaux, où les autorités, qui ont interdit toute manifestation, traquent les critiques de l’opération. Le ministère de l’Intérieur a annoncé dimanche qu’il allait porter plainte contre l’Union des médecins de Turquie pour avoir publié mercredi un communiqué disant « Non à la guerre ». Un texte jugé « déshonorant » par M. Erdogan.
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