La turquie a grandi depuis le fiasco de l’euro 2021

L’Equipe, le 08/06/2024

par Mathieu Grégoire

Le sélectionneur Vincenzo Montella félicite Kenan Yildiz après une victoire face à la Croatie en qualifications à l’Euro 2024, le 12 octobre 2023. (I.Kralj/Expa)

Le profil de l’équipe : du panache et du jeu

Arrivé en septembre 2023, Vincenzo Montella a tenté beaucoup d’essais tactiques et de compositions d’équipe. Une chose est sûre, il prône un programme alléchant, avec un football offensif et intense, dans un schéma préférentiel en 4-3-3. La victoire face à l’Allemagne (3-2), lors d’un match amical à Berlin le 18 novembre dernier, a marqué les esprits, avec un jeu gorgé de panache.

À l’époque, les joueurs turcs ont aussi découvert ce qui les attendrait dans la Rühr et à Hambourg fin juin : un véritable élan populaire avec l’immense communauté locale en pamoison. Cela sera un facteur X.

Sous Stefan Kuntz (2021-2023), la Turquie avait déjà initié le dépoussiérage d’un style vieillot, le technicien vétéran Senol Günes, excellent meneur d’hommes, tacticien plutôt minimaliste et adepte d’un socle défensif brut, ayant fracassé une formation sans idées sur le mur du premier tour de l’Euro 2020.

Montella poursuit dans la lignée de Kuntz, et tous les observateurs s’accordent à dire que son Adana Demirspor, coaché entre 2021 et 2023, était très agréable à voir évoluer, week-end après week-end. La question est désormais de savoir si l’Italien aura un effectif suffisamment talentueux pour répondre à ces ambitieuses demandes dans le jeu.

le sélectionneur : vincenzo montella, rupture de style

En décidant de remplacer le strict Stefan Kuntz par Vincenzo Montella (49 ans), en septembre dernier, la Fédération turque et notamment Hamit Altintop, ancien milieu de talent (Schalke, Bayern, Real, Galatasaray) devenu haut dirigeant, ont choisi un profil plus chaleureux.

Proche de ses joueurs, paternaliste, intéressé par le moindre souci quotidien de sa troupe, Montella a une bonne connaissance du football turc grâce à une expérience intéressante à l’Adana Demirspor (2021-2023).

La Süper Lig sera le réservoir de sa sélection et le technicien italien a multiplié les visites de courtoisie dans les différents clubs locaux, ces derniers mois, pour mobiliser au mieux les internationaux du cru, parfois délaissés par le passé.

LE JOUEUr : Arda Güler

Joyau du football turc, formé à Gençlerbirligi, un des clubs phares de la ville d’Ankara, puis lancé à Fenerbahçe, ce talentueux milieu offensif a agité le mercato estival 2023, alors qu’il était à peine âgé de 18 ans.

Convoité par le Barça, Güler a finalement signé au Real Madrid. Blessé en première partie de saison, il a été plus utilisé en seconde par un Carlo Ancelotti adepte d’une grande rotation.

Il a commencé à étaler de belles promesses, avec six buts en dix apparitions en Liga, et il représente l’avenir de la sélection avec Kenan Yildiz (Juventus), membre de la génération 2005 lui aussi. S’ils ne seront pas forcément titulaires, ils auront l’occasion de s’exprimer et de s’épaissir dans leur première grande compétition internationale.

Le chiffre : 0

Comme le nombre de points de la Turquie lors du dernier Euro, en juin 2021. Présentée comme un des outsiders de la compétition, la bande à Burak Yilmaz, Cengiz Ünder, Merih Demiral et Hakan Calhanoglu s’était plantée dans les grandes largeurs.

Elle ne s’était jamais remise d’une ouverture ratée contre l’Italie, à Rome, et avait été ensuite dominée par le Pays de Galles et la Suisse, dans un contexte pourtant plus favorable, à Bakou (Azerbaïdjan). Son animation offensive avait été catastrophique, seulement marquée par les agacements répétés du ‘Kral’ Yilmaz.

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