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Le Figaro, le 18/01/2022
Par Delphine Minoui
ENTRETIEN – Pour la chercheuse Azadeh Kian, les prises de position de Recep Tayyip Erdogan à l’encontre des femmes ont de quoi inquiéter.
En Turquie, mais aussi en Iran, et particulièrement en Afghanistan, les droits des femmes sont en nette régression. La chercheuse Azadeh Kian (auteur de Femmes et pouvoir en islam – éd. Michalon – et codirectrice de l’ouvrage État-nation et fabrique du genre, des corps et des sexualités. Iran, Turquie, Afghanistan – éd. PUP) répond au Figaro.
LE FIGARO. – Nombre de femmes, en Turquie et dans les pays voisins, ont la nostalgie du siècle passé. Qu’en était-il vraiment à l’époque?
Azadeh KIAN. – Quand Mustafa Kemal prend le pouvoir en 1923, après l’effondrement de l’Empire ottoman, l’idéologie nationaliste de la nouvelle République turque veut faire de la femme la vitrine de ses réformes: abolition de la polygamie au sein du code civil, droit de vote (1934), renoncement au voile au profit de tenues occidentalisées. L’Iran de Reza Chah répond à la même tendance, en interdisant aux femmes de porter le tchador en public. L’Afghanistan du roi Amanullah y participe aussi, dans une moindre mesure. Mais les femmes vont rapidement déchanter. Les militantes – pourtant impliquées dans la révolution constitutionnelle de 1905 en Iran, et actives dès la fin du XIXe siècle en Turquie – sont vite écartées. Leurs initiatives sont étouffées. Car l’élite masculine a une conception bien particulière du «féminisme d’État»: des femmes modernes, mais modestes, qui ne doivent ni contester le pouvoir, ni prétendre à l’égalité avec les hommes. Des icônes sont même érigées en exemple, telles les deux filles d’Atatürk, ou encore, plus tard en 1950, celle du roi du Maroc, posant tête nue en public. Cette vision occidentalisée, bien que positivement accueillie par la bourgeoisie urbaine, suscite évidemment la méfiance des milieux traditionnels et conservateurs.
Quels acquis les femmes ont-elles obtenus?
En Iran, les années 1960 et 1970 sont marquées par plusieurs réformes initiées à l’époque du dernier chah (Mohammad Reza Pahlavi): droit de vote en 1963, loi sur la protection de la famille en 1967, lancement du planning familial en 1968, et plus tard, augmentation de l’âge minimum du mariage des filles à 18 ans. Même tendance en Turquie, où certaines lois sont améliorées, bien que les hommes gardent leur statut de chef de famille. Mais l’affranchissement des femmes reste sous contrôle. Il ne s’agit en aucun cas de remettre en question les codes patriarcaux qui dominent la société et la sphère familiale. Je me souviens d’une interview, publiée dans les années 1970, où le chah d’Iran disait sans rougir à la journaliste italienne Oriana Fallaci: «C’est évident que les femmes ne sont pas égales aux hommes. Regardez, même les meilleurs chefs cuisiniers sont des hommes!»
Comment les femmes ont-elles pâti de l’instauration d’un régime islamique à Téhéran après 1979?
Une fois aux commandes, les religieux imposent leur vision obscurantiste. L’âge minimum du mariage des filles est ramené à 9 ans. L’accès des femmes à la magistrature leur est interdit. Le port du voile devient obligatoire. Très vite, les femmes des classes moyennes modernes sont occultées au profit de femmes islamistes et pro-régime. Mais l’accès grandissant des Iraniennes d’origine rurale et traditionnelle à l’enseignement supérieur et leur participation croissante à la vie active au sortir de la guerre Iran-Irak (1980-1988) vont paradoxalement favoriser l’émancipation de certaines de ces femmes. À leur tour, elles prennent progressivement conscience des restrictions imposées. Un mouvement féministe islamique voit le jour, s’alliant même avec les militantes laïques des droits des femmes pour dénoncer la politisation de la religion. À travers une relecture du Coran, elles rejettent la vision déterministe de l’islam qui sert à justifier la discrimination sexuelle et la domination masculine.
Les militantes turques ont-elles raison de s’inquiéter d’un scénario à l’iranienne?
Si l’on est encore loin d’un modèle religieux à l’iranienne, les prises de position de Recep Tayyip Erdogan à l’encontre des femmes ont de quoi inquiéter. Outre ses discours sur la femme idéale, mère d’au moins trois enfants et contre l’avortement, qu’il qualifie de «crime contre l’humanité», il a dernièrement provoqué un tollé en se retirant de la Convention d’Istanbul, qui luttait contre la violence à l’égard des femmes.
Il y a là une volonté de renforcer sa base traditionnelle mais aussi de nourrir la fibre nationaliste, puisqu’en dénigrant ce traité international, il accuse celles qui le soutiennent d’être à la solde de l’Occident. Cela me fait penser aux discours de l’ayatollah Khamenei quand, préalablement à la suspension récente du planning familial, il n’a eu de cesse de dénoncer ce qu’il considérait comme une politique occidentale erronée. Preuve qu’en Turquie, comme en Iran, c’est désormais la menace de l’islamo-nationalisme qui plane sur les femmes.
Les activistes n’ont pourtant pas dit leur dernier mot?
Les manifestations organisées en Turquie après l’abandon de la Convention sont à l’image de l’infatigable mobilisation des femmes. Quant aux Iraniennes, on se souvient encore de leur campagne «Un million de signatures» pour l’égalité entre les sexes, initiée en 2006. La persistance est parfois payante. On a pu constater quelques avancées légales au cours de ces quinze dernières années, comme la garde des enfants en cas de divorce, en Iran, si les femmes sont financièrement autonomes, ou la possibilité pour les Iraniennes mariées à un étranger de transmettre leur nationalité à leur enfant. En Turquie, les militantes sont, elles, parvenues à faire bloquer un projet de loi qui permettait à des hommes accusés de viol sur mineure d’éviter la prison s’ils épousaient leur victime. Mais l’activisme a ses limites: outre la répression du pouvoir, qui restreint leurs actions, les disparités persistent entre les grandes villes et la province. Il ne faut pas non plus se laisser leurrer par la mobilisation virtuelle, car nombre de femmes n’ont toujours pas accès à l’internet. Quant à la Turquie, je suis frappée de voir à quel point les féministes, contrairement aux Iraniennes, restent polarisées. Les féministes laïques turques, qui regardent essentiellement vers l’Europe, ont une méconnaissance de leur environnement proche et posent un regard souvent méprisant et stigmatisé sur les femmes qui ne sont pas comme elles. Si elles ne parviennent pas à créer ce lien entre activistes laïques et islamiques, cela risque malheureusement de faire le jeu du pouvoir.
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