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Le Point, le 27/12/2018
INTERVIEW
Propos recueillis par Armin Arefi
Représentant en France du Kurdistan syrien, Khaled Issa estime que l’opération annoncée par Erdogan va provoquer la résurgence de Daech.
Les meilleurs alliés de l’Occident contre l’organisation État islamique (EI) ont été lâchés. Après l’annonce par Donald Trump le 19 décembre du retrait des 2 000 forces spéciales américaines dans le nord-est de la Syrie, les Forces démocratiques syriennes (FDS), dont les Kurdes des unités de protection du peuple (YPG) constituent l’épine dorsale, se retrouvent esseulées face à la menace imminente d’une intervention de la Turquie.
Assurant le président américain de sa volonté d’« éradiquer ce qu’il reste de l’EI en Syrie », Recep Tayyip Erdogan a désormais les coudées franches pour en finir avec les forces kurdes syriennes des YPG en raison de leurs liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation kurde avec laquelle le président turc est en guerre dans son pays, et qui est considérée comme terroriste par la Turquie et ses alliés occidentaux. Or, en dépit du départ prochain des Américains, 200 forces françaises sont toujours stationnées sur place aux côtés des FDS dans le cadre de la lutte contre Daech, ce qui ulcère Ankara, qui n’a pas hésité à mettre en garde la France contre toute protection des combattants kurdes face à l’avenir.
Représentant du Rojava (le Kurdistan syrien) en France, Khaled Issa avertit, dans une interview au Point, des risques d’une opération turque en Syrie, qui ne fera d’après lui que « renforcer Daech », et exhorte Paris à œuvrer au Conseil de sécurité de l’ONU pour protéger la « force qui a défait l’État islamique ».
Le Point : Comment accueillez-vous le retrait américain de Syrie ?
Khaled Issa : Cette décision est une surprise pour tout le monde. Nous pensons qu’il fallait attendre, avant que les Américains ne se retirent de Syrie, la fin des combats contre Daech pour en terminer avec la sécurisation de cette zone, afin que les cellules dormantes terroristes ne « ressuscitent » pas, en attendant une solution politique et démocratique pour la Syrie.
La guerre contre Daech est-elle terminée, comme l’affirme Donald Trump ?
Le combat continue. Si Daech est affaibli, il n’est pas vaincu. Il existe encore un noyau dur de djihadistes étrangers, déterminés et redoutables. Nous sommes en train de combattre les dernières poches de Daech à la frontière irakienne. Hier, trente-six djihadistes ont été éliminés. Avant-hier, une centaine. Or, à chaque fois que Daech est en difficulté, le gouvernement islamiste d’Ankara [façon dont Khaled Issa nomme la Turquie d’Erdogan, NDLR] vole à son secours, et met son armée et son aviation au service des djihadistes. Cela a toujours été le cas. Lorsque nous étions en train de libérer la ville de Raqqa, les Turcs nous ont attaqués et ont profité de l’occasion pour occuper les villes d’Afrin, de Jarablous et d’Azaz. Ils bombardaient nos territoires, le long de la frontière du Rojava ([la région kurde de Syrie, NDLR], du Tigre à l’Euphrate.
Savez-vous quel accord a été conclu entre Recep Tayyip Erdogan et Donald Trump pour que ce dernier accepte de retirer ses troupes de Syrie ?
Nous ignorons dans le détail les termes de la transaction. Mais après avoir repris à la Russie l’ouest de l’Euphrate en échange du retrait de ses mercenaires d’Alep-Est et de la Ghouta [ex-zone rebelle à l’est de Damas, NDLR], Erdogan veut reprendre l’est de la rivière aux États-Unis. Il a en tout cas annoncé une invasion imminente de la région. Or, la dernière poche de Daech, située près de l’Irak, est à plusieurs centaines de kilomètres de distance de la frontière turque ! En réalité, Erdogan souhaite ouvertement installer des groupes terroristes dans notre région [c’est ainsi que Khaled Issa nomme les groupes rebelles arabes d’inspiration islamiste que soutient Ankara, NDLR] dans le but d’éliminer les forces qui ont réellement défait Daech. Clairement, le timing de ce retrait américain est en faveur de Daech et de l’État turc.
Considérez-vous ce retrait des États-Unis comme une trahison ?
Je n’emploierai pas ce mot-là . M.Trump apprécie lui-même les intérêts de son pays. En ce qui nous concerne, nous avons lutté contre Daech avant l’arrivée de la coalition, puis nous avons combattu ensemble, par exemple à Kobané. Notre sentiment est que nous avons réalisé un travail, ensemble, sur le terrain, et qu’il faudrait par conséquent achever ce travail ensemble. Nous espérions sincèrement que la coalition reste avant que ne soit trouvée une solution à la crise syrienne. Pour l’heure, les forces américaines sont toujours sur place. Mais en cas de retrait, la conséquence pour nous serait dramatique, car cela encouragera la Turquie à occuper la région et y installer ses terroristes. Nous espérons ainsi que la diplomatie arrive à empêcher la Turquie d’envahir la région et de venir au secours de Daech.
Vous qualifiez les rebelles syriens soutenus par Ankara de « terroristes ». Ce sont pourtant des groupes, certes islamistes, mais qui ne sont pas djihadistes et sont, de surcroît, acceptés par la communauté internationale.
Nous possédons des documents démontrant que tous les leaders de Daech qui ont agi chez nous se sont repliés en Turquie, où ils ont été « recyclés » par Ankara, qui a simplement changé leur nom. En réalité, ces groupes liés à la Turquie sont en grande partie composés d’anciens membres de Daech. Ce sont des djihadistes radicaux qui ont la même mentalité que l’État islamique. Ces leaders djihadistes opèrent aujourd’hui officiellement à Afrin, sous la couverture de l’armée turque. Ceci n’est un secret pour personne. Tous les services occidentaux sont au courant. Les liens entre Erdogan, Daech et Al-Qaïda sont un secret de polichinelle. D’ailleurs, qui représente les djihadistes d’Al-Nosra [ancienne branche syrienne d’Al-Qaïda, NDLR] lors des négociations d’Astana ?
Erdogan ne représentait pas les djihadistes d’Al-Nosra à Astana, mais des groupes rebelles islamistes.
C’est faux. Tous ces groupes combattent avec Al-Nosra. C’est Erdogan qui mène les tractations avec Al-Nosra. Erdogan possède un projet néo-ottoman. Il souhaite disputer le leadership du monde sunnite à l’Arabie saoudite, en récupérant, par des moyens terroristes, tous les territoires que possédait anciennement l’Empire ottoman. En ce qui nous concerne, toutes nos populations, quelle que soit leur ethnie ou leur confession, vivent en bonne entente. Erdogan ne l’accepte pas et vient se venger. Pendant que nos jeunes combattent Daech, la Turquie vient envahir leurs villes. Erdogan vient donc clairement au secours de Daech.
Les forces kurdes syriennes ne sont pas exemptes de tout reproche. Par exemple, elles n’ont jamais remis les clés de la ville de Manbij, dont elles s’étaient emparées, aux populations arabes, comme elles s’y étaient engagées vis-à -vis des États-Unis. Pourquoi ont-elles placé tous leurs Å“ufs dans le même panier américain, alors que plusieurs puissances étrangères contrôlent aujourd’hui la Syrie ?
C’est tout à fait faux. Nous n’avons pas mis tous nos Å“ufs dans le même panier. Nous traitons avec toutes les grandes puissances du Conseil de sécurité, dont la Russie, les États-Unis, la France et le Royaume-Uni, qui sont impliqués dans cette affaire. Par ailleurs, les Forces démocratiques syriennes ne sont pas uniquement kurdes, ce qui est une insulte aux combattants arabes, syriaques, turkmènes qui la composent. La moitié des combattants des FDS est d’ailleurs arabe [d’après les estimations, seuls 5 000 soldats arabes seraient présents au sein des FDS, NDLR]. Dans la bataille de Raqqa et de Manbij, la participation des forces kurdes était même minime.
La France semble avoir été aussi surprise que vous de l’annonce du retrait américain. Que vont devenir les deux cents forces spéciales françaises sur place, dont la présence exaspère la Turquie ?
Il faut se montrer reconnaissant vis-à -vis de la France. À Kobané, elle était le premier État à soutenir la résistance contre les terroristes. Cette politique, entamée sous le président François Hollande, s’est poursuivie avec le président Emmanuel Macron dont les positions publiques soulignent toujours que les Forces démocratiques syriennes sont le principal allié contre Daech. Or, si ces forces venaient à s’affaiblir, ce serait une catastrophe pour nous mais aussi une menace sécuritaire pour l’Europe. N’oubliez pas que les terroristes qui ont mené des attentats en Europe ont transité par la Turquie, sous le contrôle étroit des services de renseignement turcs. Le but de la Turquie est de réinstaller les terroristes en Syrie, afin d’avoir un moyen de nuisance et de chantage vis-à -vis des Européens, en plus de la question des réfugiés. Si personne n’intervient face à la Turquie, il y aura des massacres de population et la région redeviendra un foyer de terrorisme international.
Que peut faire la France pour éviter ce bain de sang que vous annoncez ?
La France est membre permanent du Conseil de sécurité, qui peut empêcher l’aviation turque de bombarder la zone en décidant d’une zone d’exclusion aérienne. Paris peut également empêcher l’invasion de la Turquie en se portant, si nécessaire, garante du respect de la frontière syrienne, en permettant l’envoi sur place de forces d’interposition, qu’elles soient françaises ou d’une autre nationalité. La France est une grande puissance et peut à ce titre mobiliser les pays européens, car ce sont les premiers États concernés, la menace terroriste pesant sur eux. Malheureusement, ces pays semblent divisés sur la question.
Les forces kurdes se retrouvent aujourd’hui dans une fâcheuse posture, avec, au nord, la menace turque, et, au sud, celle du régime syrien et de ses alliés. Avec qui doivent-elles négocier ?
J’ajouterai même un troisième danger : Daech, qui est toujours présent dans un bastion situé à l’est du pays, et qui n’est pas encore totalement défait. Au nord, en effet, il y a le risque d’une invasion turque imminente. Enfin, dans le sud, le régime veut récupérer les territoires qu’il a perdus au début de la guerre, en 2011. En ce qui nous concerne, nous espérons parvenir à une solution qui permette à la fois de conserver l’intégrité territoriale de la Syrie, de sécuriser la région contre Daech et de trouver une solution politique et démocratique en Syrie.
Des négociations ont déjà commencé entre responsables kurdes et régime syrien. Quelle est votre marge de manœuvre ?
Nous faisons ce que nous pouvons pour protéger notre population. Au niveau diplomatique, nous sommes en contact avec tout le monde et nous trouverons la meilleure solution pour sauvegarder notre population, l’intégrité de la Syrie, ainsi que la lutte contre les terroristes. Pour l’heure, les rencontres avec le régime n’ont rien donné. Ce dernier est affaibli, mais il bénéficie du soutien de l’Iran et de la Russie. Or, ces pays se sont mis d’accord avec la Turquie [dans le cadre du processus d’Astana, NDLR]. Peut-être le retrait américain de Syrie va-t-il redistribuer les cartes.
L’avenir du Kurdistan syrien devrait, semble-t-il, se jouer à Damas. Souhaitez-vous davantage d’autonomie par rapport à 2011 ?
Nous n’avions rien avant 2011, que ce soit pour les Kurdes, les Syriaques, et même les Arabes qui ne vivaient pas en démocratie. Nous n’avons pas la prétention de vouloir proclamer un État. Nous souhaitons avoir une juste place dans une Syrie démocratique, sans légitimité confessionnelle ou nationaliste, mais avec une large décentralisation afin que les forces de la périphérie puissent participer au pouvoir central, et maintenir l’équilibre du pays. C’est ce qu’on appelle la « décentralisation démocratique ».
Votre dernier levier de pression demeure sans doute ces dizaines de djihadistes étrangers que vous détenez toujours sur votre territoire. Comptez-vous les utiliser ?
Nous ne sommes pas une vulgaire bande pour utiliser des otages comme moyen de pression. Ces libérations de territoires de l’emprise de Daech et ces arrestations de djihadistes ont été réalisées en compagnie de la coalition internationale. Nous possédons aujourd’hui ces détenus terroristes. Pour l’instant, les pays occidentaux ne veulent pas les récupérer. Mais si notre frontière était attaquée par la Turquie, celle-ci n’hésiterait pas à les libérer pour les réinjecter en Europe et piloter des attentats. Qu’ils soient encore en liberté ou emprisonnés, ces terroristes n’attendent en réalité que l’invasion turque pour reprendre du service.
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