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Le Monde, le 09/04/2021
TRIBUNE
François Foret
Professeur de science politique
Les habitudes protocolaires européennes ont plus d’une fois suscité la perplexité et l’embarras des pays tiers. Mais dans le cas de l’incident entre Recep Tayyip Erdogan et Ursula von der Leyen, l’intentionnalité laisse peu de doute, estime le professeur de science politique François Foret.
Un incident a défrayé la chronique lors de la rencontre entre le président turc Recep Tayyip Erdogan, le président du Conseil européen, Charles Michel, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le 6 avril 2021 à Ankara. Cette dernière ne s’est pas vue offrir de chaise identique à celles des deux autres dirigeants et, après quelques instants d’embarras, s’est vue reléguer sur un canapé à quelque distance au même titre que le ministre turc des affaires étrangères.
Il est commun d’ignorer – voire de se moquer ouvertement – de tels détails cérémoniels renvoyant à un formalisme jugé superficiel et obsolète. Les démocraties basées sur la croyance en un gouvernement rationnel plaçant les passions politiques (et notamment les susceptibilités nationales) sous contrôle font profession d’indifférence en la matière.
L’Union européenne (UE), en tant que système politique réaliste se justifiant par la conciliation des intérêts, l’efficacité de ses politiques et les biens publics (paix, prospérité) offerts aux citoyens, a poussé à son acmé le refus de la ritualisation. Elle a misé sur un « laisser-faire » reposant sur l’autorégulation des acteurs et évitant autant que possible de devoir trancher d’épineuses questions de préséances.
La forme symbolique de l’ordre politique
Enfin, à l’heure des réseaux sociaux, la communication politique contemporaine, dominée par la recherche de proximité et d’accessibilité, contribue à rendre dérisoire toute notion d’étiquette. L’histoire longue nous rappelle cependant que le protocole opère la mise en forme symbolique de l’ordre politique. Il exprime et exacerbe les rapports de pouvoir et les hiérarchies. S’il n’est qu’apparence, il donne à voir des logiques beaucoup plus profondes.
Cette fonction de révélateur est particulièrement sensible concernant une entité aussi récente et faiblement ancrée dans les imaginaires collectifs que l’UE. Les batailles protocolaires ont jalonné les controverses sur la nature du projet politique communautaire et sur le statut de ses institutions. Dès les années 1960, De Gaulle s’insurge contre les prétentions de Walter Hallstein de se voir réserver les mêmes prérogatives qu’un chef d’Etat en tant que président de la Commission et d’avoir droit à un tapis rouge, avec comme enjeu sous-jacent l’autonomie de son institution.
La codification progressive du Conseil européen à partir des années 1970, les élargissements successifs puis la multiplication des figures d’autorité et de notoriété (présidents du Parlement européen, du Conseil européen, de la Banque centrale européenne, Haut Représentant, etc.) entraînent de nombreuses querelles symboliques qui sont autant d’affrontements interinstitutionnels où chaque acteur défend ses prérogatives autant que son rang.
Exprimer ce qui ne se dit pas par les mots
Le protocole n’est pas seulement l’ordonnancement des dirigeants mais aussi le spectacle du pouvoir offert au plus grand nombre en politique intérieure. Si la symbolique de l’UE s’est largement diffusée dans les sociétés européennes, elle demeure objet de polémiques récurrentes. En 2017 encore, Jean-Luc Mélenchon s’insurgeait de la présence du drapeau aux douze étoiles dans l’enceinte de l’Assemblée nationale française.
Enfin, dans les relations extérieures, le protocole combine une fonction diplomatique de cadrage des rapports entre puissances avec leur mise en représentation publique. Les multiples incarnations de l’UE ont plus d’une fois suscité la perplexité et l’embarras des pays tiers. De manière générale cependant, la Commission a obtenu que son président ou sa présidente soit traité comme un chef d’Etat et de gouvernement.
Comment dès lors interpréter l’épisode d’Ankara ? Les demandes d’explication que Mme von der Leyen a annoncé vouloir réclamer n’ont guère de chances de sortir du langage diplomatique convenu. L’intentionnalité laisse cependant peu de doute. Le protocole permet d’exprimer ce qui ne se dit pas par les mots en le donnant à voir directement.
L’absence du service protocolaire de la Commission pour cause de délégation réduite par les contraintes sanitaires ne permet pas d’arguer d’un déficit d’information des hôtes turcs. Lors de précédentes rencontres avec des dignitaires européens (masculins) de même rang, Donald Tusk et Jean-Claude Juncker, ces derniers s’étaient vus réserver un traitement égal.
Sensibilité symbolique
M. Erdogan est par ailleurs un habitué de longue date des subtilités du cérémonial européen. Il est l’un des deux seuls invités extérieurs des sommets du Conseil européen (l’autre étant l’Américain George Bush) à avoir rejeté la pratique de marquer la place de chaque participant à la « photo de famille » en plaçant au sol un drapeau, par refus de fouler au pied ses couleurs nationales, ce qui indique une sensibilité symbolique affirmée.
Le lien a été abondamment fait entre le traitement réservé à Mme von der Leyen et le retrait, peu avant, de la Turquie de la Convention d’Istanbul visant à prévenir les violences contre les femmes. Cette lecture illustre combien un geste protocolaire est toujours interprété comme porteur de valeurs. Les représentants d’une UE qui se pose en championne internationale de l’égalité des sexes sont jugés à cette aune. L’appréciation portée sur la réaction de Mme von der Leyen et de M. Michel, resté impassible, se fait de même en référence à leur mission de représentation des idéaux de l’UE.
Enfin, comme toute interaction en symbolique politique, l’incident d’Ankara qualifie aussi et surtout l’acteur qui rompt la convention. Les autorités turques s’affranchissent des règles informelles régulant les relations internationales et la représentation de l’UE comme elles violent d’autres règles plus formelles telles que l’Etat de droit, les droits fondamentaux ou le droit international. Une fois encore, le protocole est le prisme grossissant de réalités brutes de pouvoir.
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