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Le Temps (Suisse), le 12/07/2023
Antoine Fleury historien, ancien directeur des Documents diplomatiques suisses
OPINION. Les Arméniens et les Kurdes sont les grands perdants du Traité de Lausanne, qui a fait de la Nouvelle Turquie un Etat neuf, souverain dans ses frontières. Contexte et coulisses avec l’historien Antoine Fleury, professeur émérite de l’Université de Genève
Le Temps revient cet été en profondeur sur le Traité de Lausanne, signé le 24 juillet 1923. Sur ce sujet vous pouvez déjà lire
Sur les traces du Traité de Lausanne avec Metin Arditi
Le nom de Lausanne résonne dans les mémoires des peuples du Moyen-Orient de façon très contrastée. Pour les Turcs, le traité signé à Lausanne le 24 juillet 1923 sert de référence à l’existence d’une Turquie Nouvelle, victorieuse et souveraine d’un espace qui constitue aujourd’hui encore la République turque; sa formation et ses frontières ont été négociées à Lausanne, il y a un siècle. Depuis lors, son territoire a été stable, à part l’acquisition du sandjak d’Alexandrette (Iskenderun), cédé par la France en 1939, prélevé du territoire de la Syrie, sur laquelle elle exerçait un mandat de la Société des Nations depuis 1920.
Pour les populations non turques de l’ancien Empire ottoman, Lausanne évoque au contraire la fin de rêves d’émancipation et de création d’Etats nationaux qui paraissaient prendre forme dans le contexte du premier conflit mondial. S’étant engagé aux côtés de l’Allemagne, l’Empire ottoman a été entraîné dans une défaite humiliante. Les interventions des puissances de l’Entente, et surtout de la Grande-Bretagne, pour libérer de l’emprise ottomane les peuples non turcs – en premier lieu les provinces arabes et les populations arméniennes, grecques et kurdes d’Asie Mineure jusqu’au Caucase – ont nourri et appuyé les revendications nationales; celles-ci s’inspiraient des aspirations à la création d’Etats-Nations en Europe tout au long du XIXe siècle.
La Gazette de Lausanne, le lendemain de l’accord.
La formation d’Etats-Nations en Europe à la suite de la défaite des Empires allemand et austro-hongrois a soulevé un énorme espoir parmi les peuples de l’Empire ottoman. Les déclarations britannique et française laissaient espérer que les aspirations des minorités de l’Empire ottoman pourraient être satisfaites. Mais les rivalités des puissances impérialistes vont conduire à l’abandon de leur engagement en faveur de la libération de ces peuples et de la création d’Etats-Nations tant espérés. C’est là la cause profonde d’un vif ressentiment à l’encontre du Traité de Lausanne, ce dernier illustrant la trahison des promesses et des valeurs proclamées par les puissances européennes.
Il est vrai que la «question d’Orient» qui a tant occupé la diplomatie européenne depuis des siècles, mais surtout tout au long du XIXe siècle, est d’une grande complexité, mêlant des intérêts stratégiques, économiques, historiques, religieux et moraux.
La Première Guerre mondiale et l’accaparement de l’espace ottoman
Résumons le processus diplomatique qui a conduit au démembrement de l’Empire ottoman dès son entrée dans le conflit mondial, le 3 novembre 1914, aux côtés de la coalition conduite par l’Allemagne contre l’Entente: Grande-Bretagne, France et Russie. Certes, le sort de l’Empire ottoman, plus précisément son démembrement, est à l’ordre du jour des diplomaties européennes bien avant le premier conflit mondial; mais, ce dernier a accéléré un processus d’accaparement de l’espace ottoman par les puissances européennes qui rivalisaient entre elles pour étendre leur influence sur cet «homme malade», qui persistait à survivre en se jouant des rivalités impérialistes.
Les Russes et les Britanniques s’entendent en mars 1915 pour un nouveau contrôle des détroits du Bosphore et des Dardanelles tandis que, de son côté, la France déclare son intérêt pour étendre son influence en Syrie et au Liban. Poursuivant ses buts de guerre, l’Angleterre escompte compléter son empire dans le vaste espace ottoman, situé entre l’Egypte et la Mésopotamie. L’instrument de cette ambition, c’est son projet d’un Grand Royaume arabe (Lawrence d’Arabie) auquel elle donnerait sa garantie. Or, les choses ne sont pas aisées tant il est difficile pour des chefs arabes et musulmans de se liguer contre leur khalife et souverain aux côtés de puissances chrétiennes. Après de longues tractations, le chérif Hussein, gardien des Lieux saints de La Mecque, accepte l’offre d’alliance des Britanniques, ceux-ci ayant accepté sa principale revendication: l’indépendance des terres arabes allant des régions kurdes à la frontière iranienne jusqu’au golfe Persique, délimitées au sud par l’océan Indien, à l’est par la mer Rouge et à l’ouest par la Méditerranée.
Parallèlement, Londres s’adonne à d’autres scénarios en vue d’un partage de l’Empire ottoman, d’abord en négociant avec la France des zones d’influence dans les mêmes territoires que ceux réservés au Grand Royaume arabe. Ce sont les Accords Sykes-Picot de mai 1916. Les deux puissances reconnaissent la création d’un Etat arabe et s’entendent sur leur prédominance respective dans les régions définies à l’intérieur de cet Etat ou Confédération arabe. En plus, Londres, après de longues négociations avec les milieux sionistes, se hasarde à promettre un national home destiné à accueillir les Juifs en Palestine. C’est la déclaration du 2 novembre 1917 de James Balfour, chef du Foreign Office, adressée à Lord Walter Rothschild. En d’autres termes, avant même que le gouvernement ottoman n’ait signé l’armistice, à Moudros, le 30 octobre 1918, impliquant sa défaite, l’Angleterre avait déjà pris des mesures diplomatiques et militaires pour s’assurer le contrôle d’une grande partie de l’Empire ottoman.
D’autres facteurs, politiques et moraux, vont accélérer le démembrement de l’Empire ottoman avant même la signature d’un traité de paix. Il faut mentionner le discours en 14 points, en janvier 1918, du président des Etats-Unis Woodrow Wilson, dont le point 12 postule le démembrement de l’Empire ottoman; il déclare qu’aux nations non turques «qui se trouvent présentement sous la domination turque, on devra garantir une sécurité absolue de leur existence, et la possibilité pleine et entière de se développer d’une façon autonome… devra leur être assurée». Autrement dit, le principe d’autodétermination pourrait s’appliquer aussi aux peuples ayant appartenu à l’Empire ottoman. En tout cas, ce message a été perçu par les diverses composantes ethniques ou religieuses (Arabes, Arméniens, Kurdes, Grecs, Chaldéens, etc.) qui y virent la possibilité de se former en nations souveraines, conformément au principe des nationalités qui était en train de s’imposer en Europe.
Signature du Traité de Lausanne au Palais de Rumine. 24 juillet 1923. — © RIA NOVOSTI / KEYSTONE
Le compromis des mandats de la Société des Nations
Dans la réalité, les vœux de ces populations vont se heurter aux appétits impérialistes des puissances européennes en concurrence pour le contrôle politique et économique de ces territoires. Un compromis est trouvé avec le principe wilsonien dans l’article 22 du Pacte de la Société des Nations, qui préconise l’instauration de territoires confiés à l’administration de grandes puissances sous mandat de la Société des Nations. Ainsi, les territoires que s’étaient octroyés l’Angleterre et la France deviendront autant d’Etats, à l’indépendance retenue provisoirement jusqu’à ce qu’ils soient «capables de se conduire seuls», selon les termes du mandat.
Tandis que la Mésopotamie (Irak) et la Palestine sont confiées à la Grande-Bretagne, la Syrie et le Liban passent sous contrôle français. Ce texte adopté à la Conférence de la Paix à Paris (1919-1920) entérine, avant même que soient négociées les conditions de paix avec l’Empire turc, l’amputation d’une grande partie du territoire «anciennement ottoman».
Dans ces conditions, le Traité de Sèvres, signé en août 1920, retient le principe d’un Etat turc (et non «ottoman») sous le pouvoir d’un sultan consentant, avec un territoire limité essentiellement à l’Anatolie jusqu’aux frontières de la Perse, de la Mésopotamie et de la Syrie; d’autres territoires sont amputés: la Thrace orientale et les îles de la mer Egée sont remises à la Grèce, qui acquiert en outre le droit d’administrer Smyrne et sa région, sous l’autorité nominale du sultan. Les provinces orientales sont incorporées à l’Arménie, dont la création est entérinée par le Traité de Sèvres tandis qu’un Royaume du Hedjaz (confié au chérif Hussein) – et non le Grand Royaume arabe promis – figure déjà dans la liste des Etats fondateurs de la Société des Nations.
Le Traité de Sèvres, cible de la contestation turque
Le texte du Traité de Sèvres constitue une référence essentielle de la situation dans l’ancien espace ottoman depuis la fin du premier conflit mondial et dans les perceptions qu’en ont les acteurs européens et américains, qu’ils soient militaires, diplomates ou responsables politiques. Malgré les efforts déployés par les puissances victorieuses, ce traité n’a pas été ratifié: c’est le seul des traités imposés aux Etats vaincus à n’avoir pas été ratifié. La raison en est l’affirmation d’un mouvement national en Anatolie, opposé aux conditions de ce traité de paix.
Le chef de la délégation turque, Ismet Pacha Inonu, se détend sur le lac Léman. Lausanne, juillet 1923. — © STR / KEYSTONE
Un vaste mouvement de contestation et de rébellion conduit par Kemal pacha (Atatürk) aboutit à la création d’une Turquie Nouvelle après les victoires, entre 1921 et 1922, sur les armées grecques qui s’étaient hasardées à créer en Asie Mineure une Grande Grèce. Rejetant une partie des clauses du Traité de Sèvres, tout en acceptant le détachement des provinces arabes de l’Empire ottoman, la Nouvelle Turquie prend part à une nouvelle conférence qui débute à Lausanne, le 20 décembre 1922, et qui aboutit à l’abandon du Traité de Sèvres et à la signature d’un nouveau Traité dit «de Lausanne», le 24 juillet 1923.
Dans ce document, les signataires reconnaissent la légitimité du nouveau pouvoir instauré par Atatürk. Un nouveau tracé de frontières est adopté; l’indépendance de l’Arménie aux frontières encore non déterminées dans le Traité de Sèvres est sacrifiée, reléguant les Arméniens à l’Arménie caucasienne d’Erevan, dont les dirigeants communistes avaient déjà cédé une partie des territoires arméniens à Atatürk, dans un traité du 3 décembre 1920, prélude au Traité d’amitié turco soviétique du 26 mars 1921. Dans la mémoire arménienne, la douleur est très vive aujourd’hui encore, du fait que ce peuple a subi des transferts massifs de populations, des massacres qui ont causé l’élimination d’une part importante de ce peuple dans un territoire qu’il habitait depuis des siècles.
Le Traité de Lausanne, un traumatisme pour les Kurdes et les Arméniens
Quant à l’autonomie d’un grand Kurdistan, prévu dans le Traité de Sèvres, les Britanniques n’insistent pas, intéressés au rattachement d’une bonne partie du Kurdistan au nouvel Etat irakien sur lequel ils exercent un mandat dans le cadre de la Société des Nations. Pour les Kurdes comme pour les Arméniens, le nom de Lausanne rappelle un traumatisme profond, qui persiste chez ces deux peuples jusqu’à nos jours (lire LT du 10.05.2023). Ils éprouvent une grande amertume à l’égard des grandes puissances qui ont trahi leurs engagements inscrits dans le Traité de Sèvres, sans parler des nombreuses déclarations en leur faveur.
Le Traité de Lausanne met aussi fin au régime des capitulations, qui accordaient à plusieurs puissances étrangères des droits de contrôle sur les finances et le commerce et des privilèges pour les activités de leurs ressortissants dans l’Empire ottoman. La Turquie s’engage pour sa part à respecter le droit des minorités, tout en déclarant n’accepter aucune revendication à caractère national, ni arménienne, ni kurde dans le cadre de ses frontières nationales. Avec la Grèce sont convenus des échanges de populations sous contrôle international: ce sera le premier grand échange de populations entre Etats au XXe siècle, qui a laissé des marques douloureuses dans la mémoire des deux peuples.
De tous les traités du système de Versailles, signés entre 1919 et 1920, c’est surtout celui de Sèvres du 10 août 1920, révisé par le Traité de Lausanne de 1923 sur le règlement de la question d’Orient, qui garde encore toute son actualité, du fait qu’il n’a pas du tout contribué à établir la paix et la stabilité dans le Moyen-Orient. En effet, la présence hégémonique des grandes puissances dans l’ancien espace ottoman et leurs rivalités depuis 1918 n’ont cessé de nourrir jusqu’à nos jours les déséquilibres internes et les tensions dans toute cette région entre le Caucase, le golfe Persique et la Méditerranée orientale.
Une Nouvelle Turquie
De tous les peuples de l’ancien Empire ottoman, seuls les Turcs – bien que vaincus en 1918 – ont acquis une pleine souveraineté dans des frontières reconnues et stables jusqu’à nos jours. Sur le plan intérieur, ils ont bénéficié d’une véritable révolution politique et sociale, ses dirigeants ayant décidé de rompre définitivement avec l’ancien régime, totalement discrédité, car inféodé aux puissances étrangères. Sous l’impulsion d’un chef charismatique, Kemal pacha, dit «Atatürk», une nouvelle grande Assemblée nationale décrète le 1er novembre 1922 l’abolition du Sultanat, réservant uniquement un pouvoir spirituel au khalife. Humilié, le khalife Mehmed VI quitte Constantinople pour Malte, le 15 novembre. Son successeur, Abdul Majid II, a été le dernier khalife des musulmans jusqu’à l’abolition du khalifat le 3 mars 1924. Il partit en exil avec sa famille pour se rendre d’abord à Territet/Montreux, puis en France (à Paris, où il mourra en 1944), du fait que la Suisse considérait son séjour comme indésirable.
Entre-temps, les nouveaux dirigeants turcs ont créé une nouvelle capitale à Ankara le 13 octobre 1923 et quelques jours plus tard, le 29 octobre, ils proclamèrent une République; celle-ci sera résolument tournée vers la modernisation des institutions et de la société. La Nouvelle Turquie, sécularisée et démocratique, est décidée à s’inscrire dans une civilisation d’inspiration européenne, ce qui lui assurera le respect et un rang honorable dans le concert des nations, tant sur le plan politique qu e sur le plan économique et social. Certes, pour imposer cette transformation radicale des us et coutumes de l’ancien Empire ottoman, Atatürk instaura un régime autoritaire dont certaines pratiques lui survivront.
Pour les Turcs, Lausanne signifie certes la perte d’un vaste empire, mais surtout la reconnaissance d’une souveraineté complète sur un territoire national défini et la fin des ingérences étrangères dans ses affaires intérieures qui ont été si funestes à l’ancien Empire ottoman.
Quant à la Suisse, la Conférence de Lausanne de 1922-1923 illustre sa disponibilité à organiser de grandes rencontres diplomatiques, en marge de la Société des Nations, mais aussi sa faible capacité à en assurer la sécurité. L’assassinat du délégué soviétique Vorovsky, le 10 mai 1923, par un Suisse réfugié de Russie, innocenté à l’issue de son procès par le Tribunal de Lausanne (affaire Conradi), a hypothéqué l’établissement de relations diplomatiques avec l’URSS jusqu’en 1946 (lire LT du 09.05.2023).
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