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L’Obs avec AFP, le 04/04/2025
Par Dimitri Krier (envoyé spécial à Istanbul)
Reportage
Dans les quartiers conservateurs de la mégapole du Bosphore, loin des manifestations des dernières semaines, le « reis », ultra-populaire, est vu comme un « super gars », en rien responsable des maux qui frappent la Turquie.
C’est l’histoire d’un royaume dont le dirigeant, Recep Tayyip Erdogan, n’a aucun défaut. La Turquie y est « le pays le plus puissant du monde » ; la crise qui frappe l’économie, « pas plus importante qu’ailleurs » ; et les manifestations qui agitent ces dernières semaines, menées par « des gens qui n’aiment pas leur nation ». Bienvenue à Kasimpasa, le quartier où le président turc a grandi, dans le district de Beyoglu, sur la rive européenne d’Istanbul. Ici, les portraits à l’effigie du président sont partout, le stade de football porte son nom et les passants ont les yeux émerveillés quand on évoque celui qu’ils surnomment « l’enfant du quartier ». Né ici, revenu à l’âge de 13 ans après quelques années passées à Rize, au bord de la mer Noire, le « reis » y compte ses plus fidèles soutiens, malgré le durcissement du régime.
Cette rue pavée de Kasimpasa, Durmus et Ömer, 65 et 66 ans, la connaissent par cœur. C’est là qu’ils boivent leur thé chaque jour, assis sur leurs chaises en bois déplacées en fonction des rayons du soleil. Les deux amis, mécaniciens à la retraite, cardigans rayés et pantalon en velours ceinturés, vivent dans le quartier depuis « au moins quarante ans ». Alors quand on leur parle du président, leur discours devient prolixe, déborde d’anecdotes qu’ils ne peuvent s’empêcher de raconter. « Quand il était à la mairie d’Istanbul [1994-1998, NDLR], avant son séjour en prison, il passait régulièrement dans cette rue ! J’ai déjà pris un thé avec lui et partagé des böreks [pâtisseries salées turques, NDLR]. Il est l’un des nôtres, parti d’ici et devenu président. Il est notre fierté ! », raconte, enthousiaste, Durmus.
Pour les deux amis, le dirigeant, à la tête de la Turquie depuis vingt-deux ans (comme Premier ministre à partir de 2003, puis comme président depuis 2014), est parfait. « C’est vraiment une bonne personne. Quand on pense aux autres leaders du monde, Il est en tête du classement. Même devant Poutine ! On prie Dieu tous les jours pour qu’il reste notre président », poursuit Ömer. Quitte à braver la limitation inscrite dans la Constitution et à briguer un nouveau mandat en 2028 ? « Bien sûr, on espère qu’il le fera ! » s’exclame Durmus, en touchant son tasbih (chapelet musulman).
Un homme, téléphone en main, déboule dans la rue à toute vitesse. Ramazan veut nous montrer, sur l’écran de son appareil datant des années 2000, « sa photo » avec Erdogan. C’était en 2008, lors d’un mariage où le « reis » s’était rendu dans le quartier.
Ces derniers jours, entre deux cigarettes et deux thés autour de leur table, les trois retraités ont « bien sûr » évoqué le mouvement de contestation qui secoue le pays depuis l’arrestation et l’incarcération d’Ekrem Imamoglu, maire d’Istanbul et principal rival d’Erdogan. « Dans ce parti, le CHP [le Parti républicain du Peuple, dont est membre Ekrem Imamoglu, NDLR], ils n’aiment pas vraiment la Turquie, vous savez », s’empresse de dire Durmus. « Les manifestants empêchent la Turquie de bien avancer et ce sont les citoyens turcs qui vont le payer à la fin… », poursuit Ömer. Au sein de ce groupe de séniors, seul un homme, qui préfère rester anonyme, ose nous glisser discrètement une critique à l’encontre du président. « Je ne le leur dis pas, mais moi je pense qu’il va tomber », avance-t-il, sans en dire plus.
A Kasimpasa, on ne peut pas dire que le « reis » ait vraiment fait grand-chose pour son lieu de naissance. Populaire et assez négligé, ce quartier d’anciens cols-bleus est aujourd’hui un repère de la classe moyenne, avec de nombreux cafés où les hommes sont attablés en masse et où les femmes sont presque toutes voilées.
La crise économique, l’inflation ? « Erdogan va améliorer ça bientôt »
De l’autre côté d’Istanbul, sur la rive asiatique, dans le district traditionnel et conservateur d’Usküdar, on ne voit que par Erdogan. Sur le marché aux poissons, Firat, originaire d’Erzurum, dans l’est du pays, est un fervent soutien du chef du Parti de la Justice et du Développement (AKP). « Il répond à mes attentes, il est aligné avec la tradition et la religion de notre pays. Moi, je fais mes cinq prières, le ramadan, c’est bien d’avoir un président qui nous autorise à le faire et nous protège ! », raconte l’homme de 42 ans, bottes de pêcheur aux pieds, devant son étalage de bacs blancs remplis des dernières pêches.
Combien coûtait auparavant ce kilo de maquereaux du Bosphore, aujourd’hui fixé à 150 livres (3,50 euros) ?, lui demande-t-on. L’homme répond du tac au tac : « Moitié prix ! ». La crise économique, l’inflation qui a grimpé de 44 % en 2024 ? Firat balaie d’un revers de la main la responsabilité du leader turc. « Oui, on la ressent, mais c’est comme partout dans le monde. Erdogan va améliorer ça bientôt », lâche-t-il, l’air serein.
Face à lui, Huseyin, 60 ans, poissonnier depuis quarante ans, vient d’un village proche de Rize, sur la mer Noire, d’où la famille d’Erdogan est aussi originaire. Il est désormais installé à Usküdar : « Le meilleur quartier d’Istanbul. Il n’y a pas de gens bourrés dans la rue comme à Kadiköy ou à Besiktas [deux quartiers huppés de la mégapole du Bosphore] », raconte l’homme, atrabilaire. A Usküdar, seuls un ou deux bars, qui ne vendent pas d’alcool, s’immiscent entre les cafés et les mosquées.
L’homme au béret et à la doudoune manche courte bleu marine admire son « reis ». « Il n’y a personne d’autre qui peut gouverner le pays. Vous aussi en Europe, vous devriez avoir des leaders aussi forts que lui. Erdogan ne s’agenouille devant personne. Il n’a qu’à lever le petit doigt et il obtient ce qu’il veut ! », s’emporte Huseyin dans une tirade sans fin, s’exprimant avec les mains.
Recep Tayyip Erdogan, après s’être longtemps présenté comme un « islamiste démocrate » sur le modèle des chrétiens démocrates européens, a ces dernières années tenté de s’imposer en leader du monde musulman. Malgré ses multiples volte-faces, le dirigeant n’a jamais perdu de vue les intérêts de cette classe populaire, conservatrice et pieuse, frustrée par les réformes laïques imposées à la chute de l’Empire ottoman, qui nourrit sa base électorale.
« Tous ces gens dans la rue ne savent pas pourquoi ils manifestent »
Dans la mosquée Yeni Valide d’Usküdar, une famille originaire de Bursa, une ville du nord-ouest de l’Anatolie, seconde capitale de l’Empire ottoman au XIVᵉ siècle, est venue prier pour la fin du ramadan. Nihat et Aynur, les parents, en sont convaincus : Erdogan est « un homme qui travaille et qui a beaucoup de courage. Il aime la Turquie et fera tout ce qu’il y a de mieux pour le pays ».
Leur fille de 22 ans, Seyma, cheveux couverts par un voile gris, ne comprend d’ailleurs pas pourquoi autant de jeunes manifestent contre lui. « Je suis jeune aussi et je peux dire que tous ces gens dans la rue ne savent pas pourquoi ils manifestent », dit la jeune femme, sûre d’elle. La famille le jure : elle votera « autant qu’on pourra pour Erdogan », même si cela nécessite un changement constitutionnel.
Le sujet fait débat dans ce kiraathane (salon de thé) du quartier. Dans la véranda du salon, embuée de fumée de cigarettes, un groupe de retraités jouent au okey, un jeu de société. Ilyas, Mehmet, Ali, Cevdet et Hakim viennent ici tous les jours. Usküdar, c’est leur « paradis », où vivent « des gens comme eux ». Ilyas le jure : ici, on ne parle pas de politique, « on joue ! ». « Vous voulez qu’on se dispute ? », nous interroge-t-il, sourire en coin, avant d’accepter de décrire en quelques mots le président. « Je ne sais pas ce que eux en pensent, dit-il en montrant du doigt ses amis autour de la table, mais moi, oui, je trouve que c’est un super gars. C’est un bon leader. » « Les manifestants peuvent dire ce qu’ils veulent, nous, ici, on n’est pas touché par ça de toute façon », poursuit l’homme à la chemise noire, alors qu’il range ses tuiles (petits dés numérotés) sur son chevalet de jeu. Face à lui, Cevdet lève les yeux au ciel. « Je ne peux pas vous dire ce que je pense. Ici, il n’y a pas de démocratie mon ami », nous répond le retraité à l’imper beige, en même temps qu’il balance son dé.
Les quatre hommes n’en diront pas plus, mais leur désaccord nous questionne. Usküdar, ce quartier connu pour être la chasse gardée d’Erdogan – où il vit et vote quand il n’est pas à Ankara – est en train de basculer du côté de l’opposition. Dans les rues, certains vantent le fait que le district est en train de se « kadikoïfié », en référence au quartier de Kadiköy de la rive asiatique, huppé et européanisé. En 2024, lors des élections municipales, les habitants d’Usküdar ont placé en tête pour la première fois le CHP, et une femme, Sinem Dedetas, est désormais maire de l’arrondissement.
Sur le quai, des centaines de familles descendent des ferrys en provenance de la rive européenne d’Istanbul. Venues en masse pour ce jour de Bayram, cette fête qui marque la fin du ramadan, elles disparaissent dans les innombrables mosquées du quartier aux appels du muezzin. Dehors, le vent du Bosphore souffle de plus en plus fort.
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