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L’Express, le 07/10/2023
Propos recueillis par Emma Collet et Cyrille Pluyette
Après la reprise totale de l’enclave arménienne du Haut-Karabakh, Bakou et son allié turc ne cachent plus leurs intentions sur le long terme, selon l’historien Vincent Duclert : la disparition du peuple arménien.
L’Union européenne espère une normalisation des relations entre Erevan et Bakou, après l’offensive éclair des Azerbaïdjanais sur l’enclave du Haut-Karabakh, qui a fait fuir la quasi-totalité des 120 000 Arméniens qui y vivaient. Et ce, alors que le président du Conseil européen Charles Michel a invité le Premier ministre Nikol Pachinian et le président azerbaïdjanais Ilham Aliev à des pourparlers pour tenter de réduire les tensions entre les deux pays.
L’historien Vincent Duclert se montre plus pessimiste sur le dénouement d’un conflit qui oppose les deux Etats depuis des décennies. L’ancien directeur du Centre d’études sociologiques et politiques Raymond-Aron, qui a remis en 2021 un rapport à Emmanuel Macron sur le rôle de la France dans le génocide des Tutsis au Rwanda, et publie ce mois-ci l’ouvrage Arménie, un génocide sans fin et le monde qui s’éteint (Les Belles Lettres), considère que le dictateur de Bakou, encouragé par son complice turc Erdogan, ne s’arrêtera pas là . Selon lui, la survie du peuple arménien dans le Caucase est menacée. D’où la nécessité d’une réaction européenne forte. Entretien.
Après l’offensive éclair de l’Azerbaïdjan et le départ massif de la population arménienne du Haut-Karabakh, la ministre des Affaires étrangères française a-t-elle eu raison de dire que les manœuvres des Azerbaïdjanais ces dernières semaines « ressemblaient » à de l' »épuration ethnique » ?
Vincent Duclert Oui, tout à fait. Je dirais qu’il s’agit d’un nettoyage ethnique dans la mesure où les manœuvres de l’Azerbaïdjan ont abouti au dépeuplement d’un territoire composé à 99 % d’Arméniens : le Haut-Karabakh. Cette ancienne enclave arménienne va être repeuplée par des Azerbaïdjanais, et entièrement soumise à la dictature d’Ilham Aliev. Il y a dès lors une transformation massive de la population, que l’on peut nommer « nettoyage ethnique ».
D’autant plus que le blocage du corridor de Latchine depuis décembre 2022, seule route reliant le Haut-Karabakh à l’Arménie, peut être qualifié d’acte de génocide, selon l’article 2 de la Convention de 1948. L’Azerbaïdjan s’est saisi de l’arme de la faim pour étrangler cette population, comme c’était le cas dans le ghetto de Varsovie, mais aussi lors du génocide arménien de 1915, puis de la déportation en 1923 de centaines de milliers d’Arméniens, qui mourraient par manque de nourriture.
Cette fois, les Arméniens eux-mêmes ont consenti volontairement, sous l’effet d’une terreur absolue suscitée par la menace de l’extermination par la faim, à quitter le Haut-Karabakh après la reddition des autorités de l’enclave. C’est une grande réussite pour l’Azerbaïdjan.
L’Etat arménien est-il désormais menacé ?
Oui, je le crains. Il n’y a qu’à écouter les discours du président Aliev pour comprendre qu’il ne s’arrêtera pas là . Le président azerbaïdjanais a, à plusieurs reprises, déclaré que l’Arménie n’était qu’une province de l’Azerbaïdjan. Il a clairement des objectifs de conquête : soit sur l’Arménie entière, soit en amputant son territoire, un risque grave pour un pays déjà affaibli par la défaite de 2020. Et la pression a déjà commencé, aux frontières, par la revendication du corridor de Zanguezour, qui relie l’enclave azerbaïdjanaise du Nakhitchevan à l’Azerbaïdjan, en sectionnant la province arménienne du Syunik. Mais l’Azerbaïdjan a aussi des prétentions territoriales au nord de l’Arménie.
Les déclarations d’Aliev, jointes à celles du président turc Erdogan, visent à affirmer que les Arméniens n’ont plus d’existence possible dans le Caucase.
L’Azerbaïdjan et la Turquie agissent-ils en duo contre l’Arménie ?
L’alliance entre la Turquie et l’Azerbaïdjan est extrêmement puissante, car l’Azerbaïdjan souhaite une continuité territoriale non seulement entre son enclave azerbaïdjanaise du Nakhitchevan et le reste du pays, mais aussi avec la Turquie. On peut réellement parler d’un duo complice contre l’Arménie, car ils ont aussi un objectif idéologique anti-démocratique : la « Révolution de velours » de 2018, qui a porté Pachinian au pouvoir par un mouvement démocratique, pose un problème à ces deux Etats qui s’enfoncent chaque jour un peu plus dans l’autocratie.
Toutes les puissances régionales font, en quelque sorte, payer à l’Arménie le prix de sa démocratisation. D’où l’absence de soutien des Russes, qui ont été des protecteurs très ambigus dans ce conflit, ayant toujours empêché l’Arménie de s’armer efficacement. Le rapport de force est clairement à la défaveur de l’Arménie, qui ne peut compter sur aucun allié régional (mis à part l’Iran, mais dont on peut douter du soutien en cas d’attaque).
Enfin, la Turquie et l’Azerbaïdjan sont complètement polarisés sur la haine de l’Arménien : on parle de deux Etats négationnistes qui ne reconnaissent pas le génocide arménien de 1915. Après la victoire de 2022, Aliev s’est réjoui publiquement d’avoir repoussé les « chiens arméniens ». Le conflit va donc au-delà du conflit territorial classique. Erdogan a quant à lui expliqué dans un discours que « l’âme d’Enver Pacha » serait « comblée » grâce à cette victoire, or Enver Pacha, ancien ministre de la Guerre, était l’un des principaux instigateurs du génocide arménien dans l’Empire ottoman
Les Azerbaïdjanais vont-ils essayer d’éliminer les traces de la culture arménienne dans le Haut-Karabakh ?
Oui, car un génocide ne se réduit pas au massacre des populations, mais aussi par la destruction de la culture, des repères, de l’horizon, d’un peuple, qui est une manière complémentaire de les effacer. C’est ce qu’il se passe actuellement pour l’Arménie : la Turquie et l’Azerbaïdjan nient complètement son existence historique dans le Caucase. Il est certes nécessaire d’aborder les questions territoriales et nationales, mais il faut voir au-delà : actuellement, c’est un peuple entier qui est menacé d’extermination, dans la continuité d’un génocide commencé il y a cent trente ans.
A quand remonte la présence des Arméniens dans cette région ?
Fondé au IIe siècle avant notre ère, le royaume arménien, chrétien, va disparaître avec l’essor des Empires byzantin et ottoman. Mais le peuplement arménien a subsisté. Les deux tiers des Arméniens, soit 2 millions de personnes, ont vécu dans l’Empire ottoman. Bien assimilée, cette minorité chrétienne a été perçue comme une menace pour la majorité turco-musulmane. La population arménienne va ensuite être éliminée lors du génocide de 1915, préparé en réalité depuis 1894. En 1923, Mustafa Kemal Atatürk fonde l’Etat turc, et un tiers des Arméniens sont déportés. La République indépendante d’Arménie, créée en 1918, est peuplée de rescapés des massacres. Les deux foyers de peuplement qu’ils leur restent sont donc le Haut-Karabakh et la République d’Arménie, les Arméniens du Nakhitchevan ayant aussi été éliminés.
Les Arméniens du Haut-Karabakh étaient cependant présents sur ce territoire depuis des siècles. Lorsqu’il le rattache à l’Azerbaïdjan en 1921, Staline lui reconnaît d’ailleurs une identité arménienne.
Est-il possible de mesurer le rétrécissement de l’Arménie au fil des siècles ?
Les amputations se sont faites au fur et à mesure. En 1918, à la faveur de la révolution bolchévique, les Arméniens proclament leur indépendance, sur la base d’un territoire élargi à leur peuplement historique. Cette indépendance contrarie à la fois les bolchéviques, et les kémalistes qui sont partis en guerre contre le traité de Sèvres et combattent pour un Etat-nation fondé sur un « peuplement homogène », solution facilitée de manière incontestable par le génocide arménien.
En 1922, la République indépendante d’Arménie est donc prise en tenaille par les bolchéviques au nord et sud par les kémalistes, qui ont fait alliance. Ils ont réduit la taille de l’Arménie par des conquêtes territoriales. L’Arménie amputée ne présente plus de danger immédiat pour la Turquie et elle est dans le même temps soviétisée, un pays déjà très petit et très enclavé…
Ce conflit autour du Haut-Karabakh, qui dure depuis plus d’une trentaine d’années, aurait-il pu être résolu ?
Les Arméniens ont remporté une victoire contre l’Azerbaïdjan en 1994, ce qui leur a permis d’installer la République du Haut-Karabakh en territoire azerbaïdjanais. Ils auraient pu, à ce moment-là , négocier avec Bakou, ce fut une occasion manquée. Cependant, ni l’Azerbaïdjan ni la Turquie ne sont démocratiques, donc les négociations n’auraient sans doute pas abouti à grand-chose.
Le fait d’avoir reconnu le Haut-Karabakh comme azerbaïdjanais en 2020 n’a-t-il pas compliqué la situation pour Nikol Pachinian ?
Pour comprendre cette décision prise par le Premier ministre arménien, il faut d’abord se rendre compte à quel point les Arméniens sont complètement acculés. Ils vivent dans un état de profond désespoir, et se sentent en sursis. Pour Pachinian, la seule possibilité de sortir de cette crise, c’était de gagner du temps.
De même, le 19 septembre dernier, il a choisi de ne pas soutenir les Arméniens du Haut-Karabakh, pour ne pas mettre en danger la survie de l’armée et du peuple arménien, et dans l’espoir d’une réaction ferme de la communauté internationale. La décision par les autorités arméniennes du Karabakh de s’autodissoudre, le 28 septembre dernier, s’inscrit dans la même logique. La pression est telle que les Arméniens sont en quelque sorte contraints au suicide, ou à faire d’immenses concessions destinées à gagner du temps pour survivre.
Nikol Pachinian a mené une politique assez intelligente et réaliste, contrairement à ce que souhaitent ses opposants nationalistes, qui s’estiment en mesure de tenir tête à l’Azerbaïdjan en prenant les armes. Mais c’est complètement irréaliste pour la petite Arménie, dont l’armée, au fonctionnement hérité de l’Union soviétique, n’est pas assez équipée et encore minée par la corruption. Si Pachinian a refusé d’aller soutenir les Arméniens du Haut-Karabakh le 19 septembre dernier, c’est parce qu’il sait qu’il n’en a pas les moyens. Un soutien armé n’aurait fait qu’inciter l’Azerbaïdjan à attaquer frontalement et massivement l’Arménie.
Faut-il actionner des sanctions de l’Occident contre l’Azerbaïdjan ?
L’isolement de l’Arménie est inquiétant, et le président Aliev est pleinement conscient de cette vulnérabilité. Seule la pression de la communauté internationale sur l’Azerbaïdjan pourrait permettre d’empêcher une nouvelle attaque azérie. Dès lors que l’on identifie un nettoyage ethnique et que l’on qualifie le blocus du corridor de Latchine d’acte de génocide, les pays occidentaux vont davantage hésiter à soutenir l’Azerbaïdjan.
La condamnation de l’Azerbaïdjan va d’abord passer par des symboles, des déclarations. L’invitation de l’Arménie au Conseil européen est un geste fort. Les Etats-Unis se rapprochent aussi d’Erevan.
Mais les moyens concrets des Occidentaux sont limités, en raison du veto de la Russie à chaque décision du Conseil de sécurité de l’ONU. Les Arméniens d’Arménie demeurent en très mauvaise posture. Du reste, on voit bien que l’Azerbaïdjan tente d’imposer une diplomatie très asymétrique.
Toutefois, les positions peuvent changer très vite, comme le prouvent les déclarations de la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, sur la notion d’épuration ethnique. On peut y voir ici l’effet d’une conscience publique en marche, en France et en Europe.
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