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Courrier International, le 02/04/2019
par
Ha’aretz (Tel-Aviv)
À intervalles réguliers, le public israélien succombe aux charmes d’une série à l’eau de rose venue de Turquie. Le dernier succès en date, La Mariée d’Istanbul, brille toutefois par son conservatisme et sa défense du patriarcat.
Au cours des cinq heures qui se sont écoulées entre le moment où j’ai demandé à rejoindre le groupe Facebook israélien “La Mariée d’Istanbul, réservé aux accros” et celui où je me suis retrouvée en train de fixer des mugs à l’effigie de Faruk Boran [le personnage incarné dans la série par l’acteur et chanteur turc Ozcan Deniz] et d’admirer des gâteaux avec son visage en sucre glace, plus 400 autres âmes perdues s’étaient jointes aux 67 409 membres déjà enregistrés.
La Mariée d’Istanbul provoque une hystérie inégalée en Israël [où elle est diffusée sur Viva, une chaîne spécialisée dans les séries à l’eau de rose étrangères]. Sur le groupe Facebook, ce sont en général les mêmes questions qui reviennent : Faruk est-il marié ? (Oui, selon les tabloïds turcs, mais il n’est peut-être pas très heureux en mariage). Est-il vrai qu’il est kurde ? (Oui, c’est vrai). La demeure de la famille Boran est-elle réelle ? (Non. Elle a été construite pour la série). Des centaines de messages par jour, mais une image me reste en mémoire : Faruk tenant un bouquet de fleurs destiné à Sureyya et ce commentaire en ligne : “Chéri, je te prendrais même avec un bouquet de persil.”
“La Mariée d’Istanbul”, ou le complexe de Cendrillon
Le culte prend peu à peu de l’ampleur. Les journaux télévisés ont commencé à parler de “phénomène”. Ensuite est arrivée la parodie sur [l’émission satirique] Eretz Nehederet. Puis Guy Zu-Aretz [qui présente la version israélienne de Big Brother sur la chaîne privée Reshet] a déclaré aux téléspectateurs qu’il avait “une meilleure série” à leur proposer que celle de Faruk et Sureyya. Les responsables de Reshet avaient remarqué que les intrigues, accidents, fusillades, trahisons, grossesses, avortements, crises cardiaques, dépressions nerveuses, évanouissements et mariages de La Mariée d’Istanbul détournaient une partie du public cible de Big Brother. Le groupe des accros, lui, est unanime : à côté de La Mariée, l’émission de télé-réalité ne fait pas le poids.
Dans le vingtième épisode, Senem explique à Osman, un autre Boran moustachu, l’essence de la série à l’eau de rose : “Je ne l’ai pas vue mais qu’est-ce que ça peut faire ? Tout est réglé d’avance, ils vont se marier.” Voici résumée toute la magie et l’attrait que ce genre exerce en Turquie ou en Argentine [deux pays qui produisent beaucoup de feuilletons de ce genre] : une belle jeune fille pauvre, pure et bonne, de préférence orpheline et si possible aveugle, tombe amoureuse d’un homme riche et puissant et finit par l’épouser, après quelques centaines d’épisodes truffés de péripéties dramatiques.
D’après les néomarxistes, ces séries réaffirment et légitiment les principes de l’ordre social conservateur. La pauvreté n’est qu’un cas individuel dont le mariage peut libérer ; il faut se comporter correctement (conformément à la morale de la petite bourgeoisie) quoi qu’il en coûte ; ce n’est qu’ainsi qu’on peut espérer améliorer sa situation et son statut social. En d’autres termes : Cendrillon. Toutefois, cette vision des choses oublie totalement les besoins émotionnels des spectateurs. Car la même histoire est présentée avec de légères variations depuis des milliers d’années, dans les contes anciens, les comédies romantiques, et, oui, dans les séries à l’eau de rose. Si ces dernières sont suivies par des dizaines de millions de personnes, c’est parce qu’elles comblent un vide, jour après jour.
Dur, dur d’être une femme
La Mariée d’Istanbul n’est cependant pas une série à l’eau de rose. Si l’histoire de Faruk et Sureyya constitue apparemment l’intrigue principale, la série est en fait un archétype de feuilleton populaire, Dallas rencontre Amour, gloire et beauté. Son principal sujet, qu’on retrouve dans plusieurs intrigues secondaires, c’est la famille en tant qu’unité socio-économique, par opposition aux désirs des individus qui la composent. Les moyens : un conflit entre les valeurs conservatrices et la modernité. C’est le combat social et politique qui agite la Turquie depuis l’époque de Kemal Ataturk [le père de la Turquie moderne, 1881-1938]. Dans La Mariée, cela s’illustre essentiellement dans le débat sur le statut de la femme au sein d’une domination masculine.
Faruk ne supporte pas l’idée que Sureyya chante sur scène une fois mariée avec lui. Et quand Bade, la bonne, confie avoir été agressée sexuellement par Murat, un autre membre de l’aristocratique famille Boran, sa patronne s’écrie : “Qu’est-ce que tu as fait ?” Toute femme de la série peut s’attendre à subir harcèlement sexuel, violence masculine, avortement ou humiliation si elle dévie de la position qui lui a été attribuée et se lasse d’aller dans le monde sans un vrai homme à ses côtés. Sureyya cédera et ne chantera pas, mais elle gagnera l’amour. Faruk sera violent et méchant à son égard, mais elle lui pardonnera. Fikrek violera Ipek, Omer se tirera une balle parce qu’il ne peut avoir Sureyya, Murat sera blessé dans un accident à cause de Bade et “chacun doit savoir où est sa place” (comme le dit Esma, la matriarche), sinon, les mariages tournent à la catastrophe.
L’actualité turque reste hors-champ
Kitsch ? Assurément. Les violons, les chants mélancoliques, les regards lourds de sens vers la caméra, les pauses marquées, les cris de colère, les larmes – c’est exactement comme dans le film arabe qui passait le vendredi après-midi sur Israeli TV, il y a quelques dizaines d’années, et qu’on regardait en famille. La lenteur de l’action permet aux spectateurs de commenter les événements sans perdre le fil. Mais les personnages de La Mariée d’Istanbul sont néanmoins bien plus développés que dans les séries à l’eau de rose standard. Chacun révèle progressivement son bon côté (Faruk, le charmeur romantique) et son mauvais côté (Faruk, l’intrigant violent et jaloux). Le destin (kismet en turc) n’est qu’un prétexte, en fait tout est question de karma. Les actes et les erreurs de chaque personnage reviendront le hanter à l’avenir, quand, à chaque carrefour de la vie, il aura à choisir entre la perspective conservatrice, le collectif familial et la liberté individuelle.
Ce choix présente également d’énormes implications religieuses, car le clan Boran est musulman modéré. Ils boivent du champagne mais jeûnent pendant le ramadan, tuent un agneau pour les mariages et n’oublient jamais d’évoquer Allah. Ils font écho aux tensions constantes qui existent entre l’Orient et l’Occident, entre la religiosité et la laïcité dans la société turque, entre la “libre” Istanbul et la “traditionnelle” Bursa [la ville d’Anatolie où se déroule la série]. Et la conclusion est claire : la Turquie ne sera jamais laïque et démocratique. Musulmane et démocratique peut-être ? Ça existe ?
Pendant qu’on tournait la série, la Turquie a connu des manifestations massives et sanglantes, une tentative de coup d’État qui s’est terminée [en juillet 2016] par la victoire du président Recep Tayyip Erdogan, une répression politique et des restrictions supplémentaires à la liberté d’expression. Que voit-on de tout cela dans La Mariée ? Nada. Cette réalité ne pénètre jamais sur le plateau. Les néomarxistes auront du grain à moudre avec ça. Série à l’eau de rose ou pas, La Mariée est assurément au service de l’oppression patriarcale politique et religieuse moderne, dont elle sert en outre un objectif plus immédiat : quand les téléspectateurs sont collés à leur écran, ils ne manifestent pas dans la rue, que ce soit à Istanbul ou à Tel-Aviv.
“Nous sommes tous un petit peu turcs”
La chaîne Viva ne communique pas de chiffres sur le nombre de téléspectateurs en Israël. Pourquoi sommes-nous aussi accros à cette série ? Cela s’explique entre autres par le fait que La Mariée fait écho à des moments, des coutumes et des caractéristiques de la société israélienne moderne. Ce n’est pas seulement que nous nous autorisons à afficher nos émotions (nous vivions jadis sous une domination ashkénaze pétrifiante [c’est-à-dire dans une culture modelée par les Juifs venus d’Europe centrale et orientale]), mais ce sont aussi les choses qui constituent le cœur de notre nouvelle âme : la pop méditerranéenne, les baklavas [pâtisseries traditionnelles du Moyen-Orient] après les funérailles, la fête du henné avant une noce et le trémoussage sans complexe lors des fêtes de mariage, la violence latente prête à éclater au moment le plus paisible – comme une énorme bagarre dans un hôtel cinq étoiles –, les börek [en-cas salés] qu’on avale quand on a la dalle, les yeux levés au ciel, et même l’expression “mashallah” [si Dieu le veut], qui va sûrement devenir encore plus courante en Israël.
La famille Boran est au-delà de la parodie. Leur demeure est un étalage de mauvais goût hors de prix, du genre de celui qu’on voit de plus en plus dans les magazines de déco de chez nous. Les repas de famille explosifs nous sont complètement familiers depuis les dîners du vendredi soir de Savri Maranan [une sitcom à l’antenne depuis 2015, qui met en scène un couple tiraillé entre la famillemizrahim (juive orientale) de l’une et la famille ashkénaze de l’autre] et dans la vraie vie. Même la terrible Esma est en somme une version plus riche de Tzipora Aharon, la mère de Dudu Aharon, ce chanteur auteur-compositeur dont les Israéliens suivent avec fascination les hauts et les bas de la vie personnelle. Qu’on le veuille ou non, nous sommes tous un petit peu turcs, profondément conservateurs tout en étant persuadés d’être progressistes, convaincus que maman n’a pas d’égale, que la famille passe avant tout et que l’amour triomphera – dans une centaine d’épisodes.
Ariana Melamed
Ha’Aretz-Tel-Aviv
Quotidien
80 000 exemplaires
hébreu, anglais
www.haaretz.co.il
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