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France Culture / Radio France, le 08/12/2025

Un siècle après la proclamation de la République turque, la laïcité imposée par Mustafa Kemal est attaquée. En effet, depuis deux décennies, Recep Tayyip Erdoğan utilise les moyens à sa disposition pour repousser les lignes rouges et replacer l’islam au centre de l’État.
Avec
Nicolas Monceau, maître de conférences en sciences politiques à l’université Montaigne de Bordeaux
Elise Massicard, politiste, directrice de recherche CNRS au Centre d’études et de recherches internationales
Théo Malçok, doctorant à l’EHESS et chercheur associé à l’IFEA (Institut français d’études anatoliennes)“Les minarets seront nos baïonnettes, les coupoles nos casques, les mosquées seront nos casernes et les croyants nos soldats.” Ces mots, ce sont ceux du poète Ziya Gökalp, nationaliste turc du début du XXᵉ siècle. Ils ont traversé les âges puisqu’ils ont été repris 90 ans plus tard par Recep Tayyip Erdoğan, alors maire d’Istanbul, avec une toute autre résonance.
Entretemps, la Turquie est devenue officiellement laïque, une laïcité imposée à marche forcée par le père de la Nation et de l’État moderne Mustafa Kemal Atatürk dans les années 30. En prononçant ces mots, Recep Tayyip Erdoğan savait donc parfaitement ce qu’il faisait : il franchissait une ligne rouge politique, ce qui lui a valu une peine de dix mois de prison. Une ligne qu’il a constamment cherché à repousser depuis que son parti, l’AKP, a pris les rênes du pays en 2002 pour ne plus les lâcher.
S’il n’est pas officiellement opposé au principe de laïcité profondément enraciné dans la culture d’État turque, le parti de la Justice et du Développement défend un modèle islamo-nationaliste et replace peu à peu la religion musulmane au cœur de l’État. Cette reconfiguration s’observe partout, de la puissante Diyanet, l’équivalent du ministère des Cultes, à l’Éducation. Elle dit quelque chose de la fracture qui sépare deux Turquie, l’une kémaliste, laïque, voire laïciste, et l’autre, celle qui soutient Erdogan, musulmane et conservatrice.
Quelle place la laïcité a-t-elle joué dans la construction de l’État moderne turc ? Comment l’AKP a-t-il fait le pari de l’islamo-nationalisme pour prospérer politiquement ? Et enfin, comment l’islam regagne-t-elle peu à peu de la place dans l’espace public turc depuis 20 ans ?
Julie Gacon s’entretient avec Nicolas Monceau et Elise Massicard.
Focus – Athées, déistes : la jeunesse qui refuse l’islam d’État
Avec Théo Malçok, doctorant à l’EHESS et chercheur associé à l’IFEA.
Face au projet assumé de Recep Tayyip Erdoğan de former une “génération pieuse”, une partie de la jeunesse turque se détourne de l’isam, qu’ils jugent trop politique et associé à l’idéal nationaliste de l’AKP.
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