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Mediapart avec AFP, le 12/12/2023
Hussam Hammoud
Après son rendez-vous le 27 novembre avec un agent des services de renseignement, personne n’a revu Ahmad, Syrien installé à Istanbul. Depuis, cinq de ses connaissances ont été arrêtées. Le matin même, il s’était rendu au consulat français pour récupérer le visa que Paris venait de lui accorder.
C’étaitC’était il y a quinze jours exactement. Le soir du 27 novembre, à Istanbul (Turquie), Ahmad Katie, activiste syrien du droit âgé de 45 ans, a été attiré dans un café du quartier de Yusufpaşa après avoir reçu un appel en numéro masqué d’un interlocuteur se présentant comme un agent des autorités turques.
Après son arrivée sur place, tout contact avec lui a été perdu.
Les défis auxquels font face les activistes et journalistes syrien·nes qui vivent en Turquie vont bien au-delà des expulsions forcées de leur pays de résidence. Des arrestations arbitraires aux déportations illégales et violations des droits humains, la population syrienne se trouve en Turquie dans une situation précaire.
Taha Elghazi, un ami proche d’Ahmad, qui partage les mêmes préoccupations sur la situation des Syrien·nes en Turquie, décrit la probable arrestation d’Ahmad comme rien de moins qu’une disparition, et met en avant les tentatives, restées infructueuses jusqu’à ce jour, pour obtenir des informations des autorités turques.
Lorsque la révolution contre Bachar al-Assad a éclaté en 2011, la Turquie est devenue le premier refuge de milliers de personnes fuyant la répression. Et avec le temps, la violence croissante a porté le nombre de Syrien·nes réfugié·es en Turquie à 3,6 millions, selon les dernières statistiques de la Commission européenne.
Capture d’écran de la vidéo tournée par Ahmad avant sa disparition et les dernières images d’Ahmad (en chemise blanche), à la sortie de son bureau, le jour de sa disparition. © Photomontage et documents Mediapart
À mesure que la diaspora s’est développée, le racisme a également augmenté, et il a suscité l’attention des défenseurs des droits humains et des journalistes, qui ont commencé à documenter et à condamner les exactions subies en Turquie. Des rapports et des articles ont commencé à être publiés sur les tentatives du gouvernement turc d’étouffer cette dissidence en ayant recours à des arrestations et des déportations.
Taha Elghazi a encouragé toutes les personnes qui ont connu Ahmad et travaillé avec lui à continuer de communiquer sur sa disparition, car aucune méthode légale et officielle pour obtenir des informations sur Ahmad n’a fonctionné.
Une vidéo obtenue par Mediapart, filmée par Ahmad lui-même quelques jours avant sa disparition (voir photo plus haut), a révélé ses craintes pour sa sécurité personnelle et celle de sa famille, à la suite d’un appel provenant du renseignement turc en numéro masqué (« No Caller ID ») le 19 octobre. Le même interlocuteur, selon un ami d’Ahmad informé de ces échanges, que celui qui a demandé à le rencontrer dans le café la dernière fois où Ahmad a été vu.
Dans cette vidéo, Ahmad raconte une réunion avec trois agents du renseignement, qui l’ont interrogé sur son activisme en faveur des réfugié·es syrien·nes. Les agents lui ont remis 800 livres turques, dit-il, pour acheter une nouvelle carte SIM dans le magasin en face du café où ils se rencontraient, dans le quartier d’Aksaray, à Istanbul. La vidéo met en lumière les craintes d’Ahmad quant à un potentiel abus.
De plus, Ahmad a confié à un interlocuteur, interviewé par Mediapart, un incident troublant de 2021, révélant les conséquences de sa position audacieuse contre les politiques turques.
À la suite d’une réunion de coordination avec des responsables turcs, durant laquelle Ahmad avait mis en doute l’importance de l’aide humanitaire revendiquée par la Turquie pour les réfugiés syriens, il avait reçu une convocation au bureau de l’administration étrangère à Istanbul. Le directeur s’était excusé, laissant Ahmad seul avec un agent du service de renseignement turc, le MIT ; c’était la première fois qu’Ahmad rencontrait l’agent du MIT – celui-là même qui lui demanderait d’acheter une carte SIM et lui donnerait rendez-vous au café où il a été vu pour la dernière fois.
L’agent, installé derrière le bureau du directeur, en position d’autorité, avait livré un message ferme à Ahmad. Exprimant son insatisfaction à l’égard de la franchise du Syrien, l’agent l’avait averti qu’il devait cesser son travail de plaidoyer, laissant entendre des répercussions potentielles s’il persistait.
Les dernières images d’Ahmad (en chemise blanche), à la sortie de son bureau, le jour de sa disparition. © Document Mediapart
« Ahmad a obéi à cet ordre d’acheter la nouvelle carte SIM car il n’avait pas le pouvoir de refuser une demande venant d’agents capables de détruire sa vie », a déclaré anonymement un ami d’Ahmad à Mediapart, qui redoute lui aussi d’être arrêté pour avoir partagé son témoignage avec les médias.
La disparition d’Ahmad, le jour même où il s’est rendu au consulat français d’Istanbul pour chercher le visa humanitaire qu’il avait obtenu quelques jours plus tôt, en vue de s’installer en France avec sa famille, soulève de nombreuses questions.
La coïncidence laisse deux scénarios plausibles : soit Ahmad faisait l’objet d’une surveillance méticuleuse du MIT, soit une source interne au consulat français à Istanbul a conduit à la divulgation d’informations aux services secrets turcs, facilitant l’arrestation d’Ahmad et contrecarrant son départ du pays.
Un courriel exclusif obtenu par Mediapart, extrait des échanges entre Ahmad et le consulat, met en évidence sa conscience aiguë de la surveillance téléphonique effectuée par les services de renseignement turcs. Ce message a précisément été adressé par Ahmad au consulat pour l’informer qu’il avait reçu le premier appel du MIT turc seulement quelques heures après avoir été contacté par le consulat, à 12 h 43 le 19 octobre 2023. Malgré le caractère urgent de ce courrier électronique, dans lequel Ahmad mentionnait une menace directe et sérieuse pour sa sécurité et celle de sa famille, il n’a reçu une réponse que le 31 octobre, douze jours après.
Arrestations
Depuis la disparition d’Ahmad, les autorités turques ne sont pas restées inactives : elles ont poursuivi d’autres personnes. Dans une tentative de réprimer les voix qui demandent des explications transparentes, elles ont mené une perquisition au domicile de l’activiste Hussam al-Nahr à Gaziantep, dans le sud de la Turquie, vendredi 8 décembre, le plaçant par la suite en détention sans inculpation formelle. Cette détention non justifiée expose Hussam al-Nahr à un risque imminent d’expulsion vers la Syrie.
Kurtuluş Baştimar, avocat kurde des droits humains et directeur Asie de Prisoners Defenders International, qui assure la défense de Hussam al-Nahr et d’Ahmad Katie, note que les autorités turques n’ont porté aucune accusation contre ses deux clients. Par conséquent, leur détention est selon lui illégale, et leur situation peut être selon lui qualifiée de disparition forcée.
« Le cas de Hussam al-Nahr est intrinsèquement lié à la disparition d’Ahmad Katie, et il existe une indication définitive selon laquelle des policiers turcs l’ont interrogé, souligne l’avocat. Cependant, ce qui aggrave nos préoccupations, c’est le refus des autorités turques de fournir des documents d’identification officiels pour Hussam. Actuellement, notre objectif principal est de garantir que Hussam bénéficie d’une représentation et d’une défense appropriée. »
Ces révélations se situent dans la droite ligne d’expériences vécues par d’autres personnes, comme Ibrahim*, un journaliste syrien qui a résidé en Turquie pendant plus de dix ans. Confronté à des menaces directes contre sa famille, Ibrahim a décidé de faire connaître, sous couvert d’anonymat, ses rencontres avec le MIT turc, mettant en lumière ses méthodes coercitives.
« Bien que j’aie fui la Turquie, dit-il, ces gens [le MIT – ndlr] trouvent toujours un moyen de me menacer. Je vais parler parce que je sais que cela arrive à de nombreux collègues, et parce que le signaler pourrait arrêter de telles violations ou, au moins, les informer que nous sommes vigilants, et que leurs tentatives de dissimuler ces actions par l’intimidation sont futiles. »
Les premières rencontres entre Ibrahim et deux agents du MIT turc ont eu lieu à Istanbul au début de 2021, à la suite d’un appel des agents se présentant comme des « autorités officielles ». Convoqué dans un café à 16 heures, Ibrahim doit répondre à des questions qui portent principalement sur sa vie personnelle et ses relations avec des journalistes étrangers et des diplomates en Turquie. À la fin d’une de ces rencontres, un officier affirme : « Tant que vous travaillez en tant que journaliste en Turquie, vous êtes obligé de partager les détails de votre travail avec nous », comme nous l’a raconté Ibrahim au téléphone.
Menaces contre les journalistes
Au cours des trois mois suivants, Ibrahim a eu trois entrevues supplémentaires, dans des intervalles de temps minimes. Cependant, explique-t-il, les demandes sont devenues de plus en plus intrusives, entrant en conflit avec ses principes personnels en tant qu’individu et journaliste. Les agents l’ont poussé à rédiger pour eux des rapports sur ses collègues, voulant savoir s’ils prévoyaient de couvrir médiatiquement la Turquie. De plus, ils ont tenté de le manipuler pour collecter des informations sur certains journalistes au bénéfice du MIT.
Dans le but de se protéger, Ibrahim a délibérément fait lanterner les officiers du MIT pendant plus de dix réunions, fournissant des informations insignifiantes. Frustrés par son incapacité à donner des renseignements précieux, les officiers ont eu recours à des menaces directes : « Bientôt, nous vous conseillerons de trouver un bon avocat car vous aurez de gros ennuis si vous n’obéissez pas à nos ordres. »
Reconnaissant un signal alarmant, Ibrahim a rapidement demandé un visa pour l’un des pays de l’Union européenne. Une fois celui-ci obtenu, il a quitté la Turquie en mars 2023 pour s’installer dans son pays d’asile, où il réside maintenant.
Face à ces allégations, Mediapart a sollicité les autorités turques, sans recevoir de réponse. Interrogé, le consulat français à Istanbul nous a dirigé vers le ministère des affaires étrangères, qui ne nous a pas répondu non plus.
À ce jour, Ahmed demeure porté disparu, et plus de cinq de ses connaissances ont été arrêtées ensuite à des endroits divers, sans inculpation formelle. Cela laisse un vide prolongé et d’innombrables questions sans réponses quant à l’étendue de l’influence des services de renseignement turcs et à leur capacité à suspendre la vie de quiconque.
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