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Le Monde, le 14/04/2023
Par Nicolas Bourcier (Istanbul, correspondant)
Le président Erdogan est en difficulté avant le scrutin du 14 mai qui l’oppose à Kemal Kiliçdaroglu, à la tête d’une coalition d’opposition. Intimidations et incidents se multiplient.

Des partisans du candidat à la présidence Kemal Kiliçdaroglu lors d’un rassemblement à Çanakkale, dans l’ouest de la Turquie, le 11 avril 2023. OZAN KOSE / AFP
D’abord, il y a eu les tirs. Six à sept coups de feu et deux balles retrouvées dans une permanence d’Istanbul de la responsable politique de l’opposition, Meral Aksener, cheffe de file du Bon Parti (Iyi Parti) et égérie de la droite nationaliste et laïque. L’une d’elles a traversé la vitre pour venir se planter sous son portrait. Une semaine plus tard, le 6 avril, deux douilles ont été découvertes à 5 heures du matin, plus au nord de la ville, à proximité du bâtiment qui abrite le quartier général du Parti républicain du peuple (CHP, centre gauche et nationaliste), la formation de Kemal Kiliçdaroglu, principal candidat à l’élection présidentielle du 14 mai, au cours de laquelle il s’apprête à affronter le président sortant, Recep Tayyip Erdogan. Un gardien sur place dit avoir entendu au moins six détonations.
En l’espace de quelques jours, les deux plus grands partis de la coalition d’opposition ont ainsi été pris pour cible par des tirs. Personne n’a été blessé. Un individu a été arrêté, mais relâché quelques heures plus tard. Et puis plus rien. Devant les membres et les élus de son parti, Meral Aksener a jeté plusieurs douilles au sol avec une rage et une fureur qu’on ne lui connaît habituellement pas. « Après tout ce que nous avons vécu ! », s’est-elle écriée, enjoignant à son auditoire de « se dresser contre ça, de faire barrage et de prendre exemple sur nos ancêtres », comprendre les pères fondateurs de la République, vainqueurs de la guerre contre les puissances étrangères occupantes au début du XXe siècle.
A peine quelques heures auparavant, elle avait comparé l’élection présidentielle du 14 mai à un duel entre une coalition d’opposition menée par Kemal Kiliçdaroglu et « une âme sœur de Kim Jong-un » ; une alliance « totalement démocratique » contre un système « inspiré par la Corée du Nord ». Sur la chaîne de télévision progouvernementale ATV, le président Erdogan l’avait, lui, sommée « de faire attention et d’arrêter de mentir », lui conseillant d’« être plus prudente » et de ne pas le « provoquer ». Les propos du chef de l’Etat avaient été diffusés deux jours avant les premiers coups de feu. Cette semaine, c’est un bureau de campagne du Parti de la gauche verte (YSP, gauche et prokurde), la formation d’opposition qui remplace le Parti démocratique des peuples (HDP), sous le coup d’une procédure d’interdiction par la Cour constitutionnelle, qui a été vandalisé.
Ainsi se joue la campagne électorale turque. Aiguillonnés par l’approche du scrutin, les deux camps sont sous haute pression, ce qui fait craindre pour beaucoup d’observateurs une multiplication des débordements et dérapages. Il faut dire que le pays se trouve confronté aux effets simultanés d’une situation sociale et économique tendue à l’extrême et d’un moment que d’aucuns envisagent d’ores et déjà comme un tournant historique. Pour la première fois depuis son accession au pouvoir, il y a désormais vingt et un ans, Recep Tayyip Erdogan ne se trouve pas en situation de favori, mais en difficulté, avant une élection majeure.
A un mois du premier tour, les enquêtes d’opinion annoncent des résultats serrés avec, selon la vaste majorité des instituts de sondage, une légère avance pour le candidat Kiliçdaroglu. Ils ne lui garantissent pas la victoire au premier tour, notamment après la réapparition surprise de l’ancien candidat du CHP, Muharrem Ince, susceptible de lui prendre de 5 % à 8 % des suffrages. Mais ils laissent entrevoir une victoire finale. En moyenne, le chef de l’Etat est à moins de 10 à 11 points du score obtenu lors de la dernière présidentielle de 2018, un scrutin au cours duquel il avait recueilli 52,6 % des voix dès le premier tour.
Le pouvoir est engagé dans un combat vital, qu’il mène dans une certaine fébrilité. Un revers à la présidentielle doublé d’une éventuelle défaite de la coalition gouvernementale du Parti de la justice et du développement (AKP) et du Parti d’action nationaliste (MHP) à l’Assemblée signifierait, de fait, un bouleversement considérable. Au-delà du changement d’équipe à la tête du pays, il remettrait en cause tout un système de gouvernance, de réseaux hégémoniques et de structures clientélistes dotées d’outils directs d’intervention au niveau le plus élémentaire de la société. De nombreux ministres se sont d’ailleurs invités dans plusieurs circonscriptions pour décrocher un siège de député, une place sûre et garante d’immunité en cas d’élection. « Une mise à l’abri », a raillé Meral Aksener.
Inflation
Le seul à garder son calme, du moins en apparence, et à sourire presque tout le temps, est Kemal Kiliçdaroglu. Il sillonne les villes et les campagnes turques, souvent en compagnie du maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, inlassable bateleur et galvaniseur de foules. Pour l’heure, le chef de file de l’opposition peut être serein. La coalition de six partis (Table des six) à laquelle il s’est consacré sans relâche depuis plus d’un an a tenu, malgré les tiraillements internes et plusieurs psychodrames. Le président du CHP a non seulement réussi le tour de force de garder dans son attelage les anciens ministres d’Erdogan Ali Babacan et Ahmet Davutoglu, mais il s’est aussi allié avec le Parti de la félicité (Saadet Partisi), dirigé par Temel Karamollaoglu, un pionnier de l’islam politique en Turquie. De quoi envoyer un message politique fort à une partie de l’opinion sensible à cette image d’alliance entre laïques et conservateurs.
A gauche de l’échiquier, Kemal Kiliçdaroglu peut également compter sur la non-candidature à la présidentielle du parti de gauche prokurde HDP, un soutien tacite et une réserve de voix importante. Les scores de la formation, particulièrement implantée dans l’Est et le Sud-Est, varient entre 10 % et 13 % depuis 2015.
L’un des éléments de la force de Kemal Kiliçdaroglu tient peut-être, paradoxalement, dans son style simple et épuré, la parfaite antithèse de son adversaire. Tous les deux ou trois jours, il publie une vidéo sur son compte Twitter où on le voit le plus souvent assis dans sa cuisine, devant sa table marron, ses armoires en Formica et sa gazinière tout à fait ordinaire. Au cours de ses enregistrements de quelques minutes à peine, le candidat s’attaque à une thématique de campagne cruciale, sur un ton qui n’exclut pas la malice. Vieux routier de la politique, il sait où faire mal. La vidéo du 9 avril en est un bon exemple. Un oignon à la main, il évoque l’inflation, la folie des prix et le portefeuille des ménages mis à mal par une politique économique et monétaire critiquée de toutes parts.
« L’oignon est le vrai agenda de nos citoyens, dit-il. Son coût est aujourd’hui de 30 livres turques [1,40 euro] le kilo, ce qui est déjà largement excessif, mais en cas de réélection [du président], il passera à 100 livres, honte sur vous ! » Le petit bulbe n’est d’ailleurs pas sans rappeler la référence à l’envolée du prix du thé qu’avait abondamment utilisée Recep Tayyip Erdogan à ses débuts, quand il brûlait les planches de campagne pour les législatives de 2002.
Signe que le sujet est hautement sensible, un jeune graphiste d’Izmir, Mahir Akkoyun, a été arrêté et placé en garde à vue quelques heures, la semaine dernière, pour avoir partagé une de ses créations sur les réseaux sociaux. Sur fond bleu et une photo du président turc tout sourire, on peut y lire : « Ce produit vous paraît cher ? C’est grâce à Erdogan. Pensez-y quand vous voterez. » Le designer proposait d’en faire des stickers et de les coller sur les étals des magasins. Le juge lui a rappelé qu’il pourrait encourir jusqu’à quatre ans de prison.
Inquiétude
« L’affaire est révélatrice de la tension générale et de l’inquiétude qui règne dans le camp du pouvoir, estime Yasar Aydin, rédacteur en chef du quotidien de gauche et indépendant BirGün. On sent que l’air se raréfie pour les dirigeants. Ils n’ont pas réussi à diviser la Table des six. Au contraire, même, l’allié MHP a décidé de faire campagne pour les législatives de façon séparée de l’AKP, un signe de bisbilles à la tête ou d’ambitions contrariées. »
De son côté, le président multiplie les apparitions et les largesses. Après la titularisation d’un demi-million de personnes employées comme vacataires dans la fonction publique, l’abaissement de l’âge de la retraite, la revalorisation du salaire minimum, il a promis la construction de centaines de milliers de logements sociaux, une baisse de 15 % des factures d’électricité et 20 % de réduction du prix du gaz. Il s’est également engagé à punir sévèrement les contrevenants aux règles de sécurité dans la construction, une façon de répondre aux nombreuses critiques qui lui sont faites sur sa gestion du tremblement de terre du 6 février.
En revanche, il n’a pas dit un mot sur le fait que les principales chaînes de télévision proches du pouvoir ont refusé de diffuser le spot de campagne de son adversaire. Kemal Kiliçdaroglu y promettait de récupérer des centaines de milliards de dollars auprès des hommes d’affaires liés au président pour les redistribuer aux plus démunis.
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