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L’Orient-Le Jour, le 18/08/2023
Par Clara HAGE
Un vaste projet de déforestation, mené par une entreprise proche du pouvoir, provoque la révolte des villageois qui craignent de perdre leurs terres.
Une manifestante résiste à la police turque pendant les affrontements dans la forêt d’Akbelen, le 29 juillet dernier. Bülent Kılıç/AFP
Cela fait quarante ans que les arbres tombent dans la forêt d’Akbelen. En deux décennies, vingt-trois villages ont disparu, engloutis sous les abatteuses chargées d’extraire du sol le lignite, un charbon qui alimente les centrales thermiques situées non loin de là . Ces dernières en revanche poussent comme des champignons. En Turquie, elles représentent un tiers de la production d’électricité du pays et sont responsables d’une pollution chronique de l’air, causant plus de 68 324 décès prématurés entre 1982 et 2020, selon un rapport de 2022 de l’Alliance pour la santé et l’environnement. La province de Mugla, située dans le sud-ouest de la Turquie, en compte déjà trois, Yeniköy, Kemerköy et Yatagan, qui assurent 2,5 % des besoins énergétiques à l’échelle nationale. Et pour les nourrir, les travaux d’extraction des mines de charbon, arrêtés aux portes de la forêt sous la pression des habitants, ont repris le 17 juillet, provoquant la colère des villageois et des militants écologistes venus des quatre coins du pays.
L’appel à la résistance a été immédiat. Sur le front, beaucoup de femmes âgées vêtues traditionnellement. Certaines s’accrochent aux arbres de toute leur force devant les policiers débarqués en camions blindés et qui tentent de les déloger depuis le 24 juillet pour permettre aux bûcherons de commencer le travail. Plus de 60 000 arbres ont pour l’heure été coupés, soit 316 hectares de forêt sur un espace qui en compte 740. Malgré une intense répression – des obus à gaz ont même été tirés dans la zone, en dépit du risque élevé d’incendie dû aux fortes chaleurs –, la mobilisation ne faiblit pas depuis juillet.
« Notre objectif actuel est d’empêcher les opérations minières de pénétrer dans la zone forestière », avance Deniz Gümüsel, ingénieure environnementale originaire d’un village de la forêt d’Akbelen. « Car le projet minier n’engloutira pas seulement la forêt, poursuit-elle, mais aussi les terres agricoles et les oliveraies des villages d’Ikizkoy, de Karacahisar et de Camkoy. » 30 000 habitants de la zone pourraient être affectés. Dans cette région touristique qui compte la riche station balnéaire de Bodrum, au bord de la mer Égée, et de nombreuses oliveraies, « la plupart des villageois sont des agriculteurs. Toute leur vie dépend des arbres », rappelle Menekse Kizildere, coprésidente de la commission de l’Écologie du Parti démocratique des peuples (HDP), le parti prokurde de Turquie.
« La mafia des 5 »
« Le mouvement qui s’est déclenché s’oppose aux politiques gouvernementales en matière d’exploitation minière, d’énergie et de développement qui détruisent l’environnement au nom des profits des entreprises, ainsi qu’à cette façon d’exclure le public des processus décisionnels, en particulier lorsqu’il s’agit de leurs propres zones d’habitation », relate Deniz Gümüsel. En 2019, cette militante écologiste a été la première à mener le mouvement des villageois contre la compagnie Limak Holding et son projet d’extension du projet minier dans la forêt. Malgré une veille assidue d’activistes, avocats et habitants, et plusieurs condamnations obtenues, dont une de la Cour européenne des droits de l’homme en 2005 et d’autres d’instances judiciaires turques, le ministère des Forêts autorise une première fois en 2020 l’entreprise à raser le bois. Une décision invalidée l’année d’après grâce à la mobilisation des villageois, mais régulièrement violée par l’entreprise. « J’ai passé 7 mois sur les 2 dernières années à surveiller la forêt jour et nuit en vivant dans une caravane », raconte Ismail Hakki Atal, avocat de familles victimes de la déforestation et activiste écologiste. Engagé au sein du comité mis en place par Deniz Gümüsel, il parcourt la forêt pour aller à la rencontre des habitants et leur rappeler leurs droits. « Nous les avons aidés à se sentir forts devant les tribunaux et empêcher qu’ils soient trompés par les entreprises. » L’avocat se méfie de ces compagnies « vampires », comme il les appelle, et de leur capacité à aspirer si rapidement la moelle de la terre, y laissant des trous béants et des paysages poussiéreux.
Car Limak Holding fait partie des intouchables en Turquie. La compagnie appartient en effet à ce que les Turcs appellent la « mafia des 5 », cette liste resserrée d’entreprises dont les intérêts semblent converger avec certains cadres de l’AKP (parti de la Justice et du Développement) au pouvoir, décrochant presque systématiquement les faveurs de l’exécutif dans la course aux gros contrats. Face à la protestation dans la forêt d’Akbelen, Limak Holding se défend en promettant de replanter 130 000 arbres. Une illusion pour les manifestants. Comme pour l’association de protection de la nature WWF Turquie, qui a radié la présidente de Limak Ebru Özdemir de son conseil d’administration face au scandale.
Un nouveau Gezi ?
Difficile dans ce contexte de ne pas se rappeler le mouvement de Gezi, ce soulèvement qui avait émergé en 2013 aux abords de la place Taksim à Istanbul. Des milliers de riverains et militants écologistes avaient alors organisé un sit-in pour défendre le parc de Gezi, menacé d’être remplacé par un ensemble immobilier aux allures néo-ottomanes. Une révolte spontanée transformée en mouvement de contestation d’ampleur visant Recep Tayyip Erdogan, alors Premier ministre de la Turquie. Et à en croire les nombreuses figures politiques de l’opposition qui ont défilé à Akbelen ces dernières semaines, certains semblent vouloir transformer cette zone à défendre en nouveau théâtre politique.
« Après les coupes forestières récentes, je pense que tout le monde a compris qu’il s’agissait d’un point de rupture dans la région, avance Menekse Kizildere. La destruction est trop importante, même aux yeux des soutiens de l’AKP : ils ont commencé à comprendre que les autorités pouvaient s’en prendre à leurs champs, leurs terres. » De nombreux agriculteurs entrés en résistance ont en effet vraisemblablement voté pour le parti présidentiel islamo-conservateur lors des élections présidentielle et parlementaires en mai dernier, l’AKP trouvant habituellement ses bastions les plus fidèles dans les zones rurales auprès de populations pieuses. Mais loin d’être désillusionnés, certains reprennent même les arguments servis par l’exécutif. « Dans les discussions, on entend parfois dire que ces activités minières vont créer des emplois », témoigne la cadre du HDP.
Des policiers antiémeute turcs utilisent du gaz lacrymogène pour disperser les manifestants du parc Gezi sur l’avenue Istiklal, à Istanbul, en 2013. Bulent Kilic/AFP
Si les habitants mobilisés seraient issus d’un spectre politique beaucoup plus large, selon les militants écologistes présents sur place, beaucoup voient cependant dans la tentative de récupération politicienne de l’opposition une volontée désespérée de redorer son blason après l’échec lors du scrutin qui a vu réélire le président Erdogan pour la troisième fois consécutive. Fin juillet, le chef de l’opposition Kemal Kiliçdaroglu, candidat malheureux du vote, s’est même fait chahuter lors de sa visite à Akbelen. « Sa présence n’était pas sincère, estime Menekse Kizildere, dont le parti avait pourtant apporté son soutien au candidat durant les élections. Il s’agissait surtout pour lui d’apparaître sur les photos. La résistance existe depuis 40 ans et le CHP (Parti républicain du peuple, premier parti d’opposition turc, NDLR) ne s’est jamais manifesté. »
KılıçdaroÄŸlu, Akbelen Ormanı’nda eylemciler tarafından protesto edildi
pic.twitter.com/nglVQ54Tzv— Kaç Saat Oldu? (@KacSaatOlduTR) July 28, 2023
De son côté, le pouvoir en profite pour utiliser sa rhétorique habituelle à la sauce Gezi : « Il ne s’agit pas de défendre des arbres, mais de créer les conditions d’un soulèvement », a par exemple déclaré le leader l’extrême droite Devlet Bahçeli, allié du président Recep Tayyip Erdogan. Le chef d’État évoque quant à lui des « marginaux », affiliés au parti écologiste HDP, qu’il tente d’interdire pour ses liens présumés avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), considéré comme terroriste. Une occasion de criminaliser les manifestants en les plaçant à contre-courant de la « volonté du peuple ». Mais pour Deniz Gümüsel, « la conjoncture politique n’est vraiment pas la même qu’en 2013 : il semble peu probable que le mouvement devienne aussi viral que pendant Gezi, compte tenu de la dérive autocratique actuelle des autorités ».
KılıçdaroÄŸlu, Akbelen Ormanı’nda eylemciler tarafından protesto edildi
pic.twitter.com/nglVQ54Tzv— Kaç Saat Oldu? (@KacSaatOlduTR) July 28, 2023
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