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Le Figaro, le 20/08/2023
Par Delphine Minoui
Correspondante à Istanbul
Uraz Aydin a rejoint le Parti des travailleurs de Turquie. Photo fournie par Uraz Aydin
PORTRAIT – Comme lui, des milliers d’enseignants ont été licenciés par décret présidentiel après le putsch raté du 15 juillet 2016 contre Recep Tayyip Erdogan. Pour tous le choix réside entre l’exil ou le combat politique.
Uraz Aydin a choisi sans hésiter le lieu du rendez-vous: un vaste chantier poussiéreux, en plein quartier huppé de Nisantasi, où poussent une série de tours modernistes et sans âme sous l’égide d’un promoteur immobilier progouvernemental. «Ce sont près de vingt ans de ma vie qui sont enterrés sous ce béton!», fulmine l’ex-professeur de communication à l’université Marmara, victime parmi tant d’autres des purges massives de 2016 et 2017.
La quarantaine, moustaches fines et lunettes en métal, il s’exprime sans filtre: «La conquête du pouvoir n’est pas qu’intellectuelle, elle est territoriale!» Des bâtiments de sa faculté stambouliote, où il étudia avant d’y enseigner, il ne reste plus rien. Exit, le campus et son bouillonnement permanent. Exit, l’énergie contagieuse de ses étudiants.
Exit, les discussions jusqu’à pas d’heure dans les troquets alentour. Sur le trottoir d’en face, colonisé par de nouveaux commerces, seul un café a survécu aux changements. Le patron lui fait signe d’une main complice. Uraz le salue, réprimant un soupir, avant de prendre place à la table d’un restaurant plus éloigné. «On a beau vouloir contenir l’émotion, elle revient au galop. Je n’ai pas remis les pieds dans le quartier depuis si longtemps.»
Comme lui, des milliers d’enseignants ont été licenciés par décret présidentiel après le putsch raté du 15 juillet 2016 contre Recep Tayyip Erdogan. À l’époque, la chasse aux sorcières fut colossale, symbolique d’un président autrefois perçu comme un politicien progressiste alliant islam et démocratie, rattrapé par la folie des grandeurs et l’ivresse du pouvoir. Chaque histoire, pourtant, est singulière, révélant des destins brisés, comme celui de Mehmet Fatih Tras, enseignant et chercheur de l’université de Çukurova, retrouvé mort après s’être jeté par désespoir de son balcon.
Elle est bien là , la politique de la terreur : quand la peur vous condamne au silence
Uraz Aydin, ancien professeur d’université en Turquie
Ou encore celui de tous ces professeurs contraints à l’exil, pour éviter la prison et l’agonie sociale. Il y a ceux, plus téméraires, qui résistent en supervisant des académies «hors les murs» dans des sous-sols de café ou sur le fil d’internet. Ceux, aussi, qui font des ménages et du baby-sitting pour compenser la perte de salaire et d’allocations-chômage et retraite.
Uraz, lui, a d’abord tourné en rond. Licencié début 2017 et interdit de sortie du territoire – comme beaucoup, son passeport a été annulé -, il se retrouve embarqué dans un tunnel administratif et judiciaire digne d’un roman de Kafka. Accusé de «terrorisme» pour avoir signé une «pétition pour la paix», il doit se défendre d’un crime qui n’en est pas un face à des juges incompétents et bornés. Un jour, un collègue lui fait passer un message: «Désolé si je ne t’appelle plus. Je ne voudrais pas m’attirer des ennuis.» «Je suis resté bouche bée. Elle est bien là , la politique de la terreur: quand la peur vous condamne au silence.» Selon une enquête indépendante de l’Insan Haklari Okulu (École des droits de l’homme), un tiers des universitaires sondés avouent s’autocensurer dans leurs publications, leurs cours et leurs interactions professionnelles.
Quatre sièges dans l’hémicyle
Mais, quand d’autres se taisent ou retirent leur nom de la pétition, Uraz se rebiffe. «Jamais je n’ai regretté d’avoir signé ce document, qui dénonçait la violence de l’armée turque dans les provinces kurdes. À l’inverse, je m’en serais voulu toute ma vie de ne pas l’avoir fait.» Pour joindre les deux bouts, l’universitaire téméraire écrit des articles et enchaîne les boulots de traduction. Finalement acquitté en 2019, il n’a jamais été réintégré et doit tirer un trait sur sa faculté – entre-temps détruite et relocalisée dans un autre quartier. L’enseignant devient militant à temps plein. Lui qui a toujours été actif au sein d’un syndicat décide de s’engager en politique en 2022. Très vite, il rejoint le TIP, le Parti des travailleurs de Turquie, dont il prend la direction locale dans le quartier Kadiköy, sur la rive asiatique d’Istanbul. «Ma façon, dit-il, de continuer à être utile à ma société.»
Mais mon avenir est ici. Et je veux faire partie de ce combat
Uraz Aydin, ancien professeur d’université en Turquie
Les élections législatives et présidentielles du printemps 2023 deviennent sa nouvelle bataille. «On a placé beaucoup d’espoir dans ce scrutin», raconte l’ancien professeur, en évoquant l’effervescence de la campagne. Rencontres, débats, aides aux populations du Hatay sinistrées par le séisme du 6 février: la petite mouvance de l’opposition se fait vite remarquer.
Mais la réélection d’Erdogan avec plus de 52 % des voix, doublée d’une victoire de sa coalition islamo-nationaliste au Parlement, sonne la fin de la partie. «L’espoir naufragé», titre alors Uraz dans un article… Même s’il refuse de capituler. Le TIP, insiste-t-il, est parvenu à décrocher quatre sièges dans le nouvel hémicycle. «L’occasion, dit-il, de continuer à faire pression sur des sujets qui nous tiennent à cœur: les droits des femmes, des laissés-pour-compte, des minorités.»
Et de continuer à militer pour la libération d’un de leurs députés, Can Atalay, élu alors qu’il était derrière les barreaux. «Embastillé» depuis plus d’un an, ce brillant avocat est accusé de «tentative de renversement de la République» pour sa participation aux manifestations du parc Gezi de 2013. «C’est un ami. Lui aussi, ancien étudiant de Marmara. On organise régulièrement des rassemblements pour réclamer sa libération.»
L’idée de partir l’a-t-elle déjà effleuré? «Non!», tranche-t-il, catégorique. Après des années sans issue de sortie, son passeport lui a été rendu en janvier dernier. Mais Uraz connaît trop bien le fardeau de l’exil pour ne pas vouloir le faire porter à sa femme et à son fils. «Petit, j’ai vécu dix ans en France. C’était après le coup d’état militaire de 1980. Nous avions dû quitter la Turquie, car mon père était poursuivi par la junte militaire pour avoir dirigé une revue trotskiste.» À l’époque, déjà , des milliers d’universitaires furent expulsés ou obligés de fuir le pays: preuve qu’en Turquie la démocratie est un combat de longue haleine. «Mais mon avenir est ici. Et je veux faire partie de ce combat», insiste-t-il.
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