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Libération, le 24/01/2022
Reportage
par Anne-Sophie Faivre Le Cadre, correspondante à Istanbul
Avec un pouvoir d’achat de plus en plus faible à cause de la crise économique, les Turcs s’inquiètent de ne plus pouvoir se nourrir correctement. Les files d’attente devant les dépôts de pain sont vertigineuses.
Naciye n’a pas pleuré en racontant qu’elle avait dû couper le chauffage et que ses enfants s’étaient plaints du froid. Elle n’a pas pleuré, non plus, lorsqu’elle s’est souvenue du temps d’avant – quand elle pouvait partir, en famille, s’offrir un bout de soleil sur la côte égéenne. Ni en évoquant les trois dents qu’elle ne peut plus soigner, et qui font de chacun de ses repas une souffrance. Mais au souvenir de cette jeune mère et de son nouveau-né qu’elle a vu grelotter de froid dans le métro, vêtus d’habits légers quand le mercure avoisinait les températures négatives, Naciye fond en larmes. «Le bébé était presque bleu. Sa mère m’a dit qu’elle n’avait plus d’argent pour quoi que ce soit. Je lui ai donné mon écharpe, c’est tout ce que j’ai pu faire.»
«La viande est devenue un luxe»
Comme des millions de personnes en Turquie, Naciye a vu son existence s’obscurcir à mesure que le pays s’enlisait dans une crise économique sans précédent. Employée dans un syndicat pour 3800 livres turques par mois (241 euros), la mère de 44 ans se bat avec un crédit immobilier de 7500 livres turques, que le salaire de son mari (6000 livres turques) peine à rembourser. La crise économique, latente depuis 2018, s’est accélérée depuis le mois de septembre, alors que la monnaie turque a perdu 45 % de sa valeur face au dollar en un an. Le pouvoir d’achat des Turcs décroît de jour en jour, tandis qu’une préoccupation nouvelle gangrène les esprits : la faim. Selon un rapport daté de novembre 2021 du World Food Program, 26,8 % des foyers turcs sont tombés sous le seuil de pauvreté. Un chiffre destiné à s’accroître à mesure que la livre continue de dévisser.
Le salaire minimum a été augmenté de 50 % par le président Erdogan en décembre. Mais Naciye craint toujours de manquer de l’essentiel. Dans la petite chambre que se partagent ses deux enfants âgés de 7 et 15 ans, elle a stocké 25 litres d’huile et 40 rouleaux de papier toilette. Selon un rapport de l’Iris, le prix de l’huile a bondi de 86 % en un an, quand celui de l’électricité s’est envolé à 120 %. Pour se nourrir, elle compte désormais sur les produits frais que la famille de son mari leur envoie du village. «Je n’ai pas d’espoir. Le cœur des gens est comme un ciel de janvier. Les couleurs sont parties. Avant, on avait des rêves. Maintenant, on espère juste avoir assez de pain pour la journée.» Avant que sa vie ne soit rétrécie par la crise, Naciye soutenait le président Erdogan, qu’elle estimait proche du peuple. «La viande est devenue un luxe, on a coupé l’électricité à ma mère, on a l’impression de suffoquer. Ils peuvent dire qu’on ment, mais c’est faux. Le gouvernement nous laisse mourir de faim», grince-t-elle, amère.
Partout dans Istanbul, les files d’attente souvent vertigineuses devant les dépôts de pain racontent à elles seules l’effroi d’une société qui, soudain, craint pour son pain. Devant ces petites échoppes gérées par la municipalité d’opposition, le pain est vendu 1,5 livre – contre 3 dans le commerce. Une différence de 7 centimes d’euros devenue déterminante pour des milliers de familles qui ont basculé dans une certaine forme d’angoisse alimentaire. «Ne parlez pas à ces journalistes occidentaux qui veulent salir la Turquie, il n’y a pas de problèmes ici», hurle une vieille femme. «Vous pensez vraiment que s’il n’y avait pas de problèmes, on serait en train de faire la queue pour du pain conventionné ?» maugrée son voisin. Elle se répand en imprécations et menace d’appeler la police. Murat, retraité, peste : «Comment peut-on défendre la politique de notre président quand on est obligés d’acheter son pain ici ? Personne n’est heureux de cette situation, c’est un mensonge. Depuis trois mois, je ne peux plus acheter mon pain qu’ici. On ne peut plus acheter quoi que ce soit, d’ailleurs. J’ai plus de 65 ans et je vais devoir renoncer à mon appartement, dont le loyer est devenu trop cher, pour vivre en colocation. J’aurais cru pouvoir jouir d’une vieillesse tranquille, et me voilà à vivre comme un pauvre.»
«On survit»
Dans un dépôt situé à deux kilomètres, une autre file, les mêmes problèmes. Zuhre est une retraitée au regard pétillant sous son fichu coloré. Elle serre dans ses mains les trois miches de pain qu’elle est heureuse d’avoir trouvées – dans les boutiques conventionnées, le pain vient parfois à manquer. «La vie est devenue impossible, heureusement qu’il y a ces dépôts de pain. On aime notre pays, mais on ne peut plus y vivre.» Elle n’aurait jamais imaginé que ses trois enfants connaissent, un jour, la faim. «Je viens ici trois fois par jour, en craignant toujours de ne pas trouver de pain. Les loyers sont devenus ingérables. Avant, on avait une belle vie. Aujourd’hui, on survit», dit-elle.
Dans un faubourg du quartier de Kadikoy, au rez-de-chaussée d’une petite maison, Fatma tente de composer avec un quotidien toujours plus difficile. Agée de 40 ans, elle travaille désormais dans une compagnie de thé stambouliote, après avoir vécu quatre ans en France, où son mari travaille toujours. «Mon salaire ne me dure plus que cinq jours. Il y a quelques jours, j’ai acheté quatre paquets de couches pour mon bébé : cela m’a coûté 1000 livres turques. Presque le quart de mon salaire mensuel», déplore-t-elle, les yeux rivés sur sa tasse de thé. Son regard se voile quand elle évoque la litanie des restrictions charriées par une crise sur laquelle elle n’a pas de prise. Les toasts que mangent ses enfants le matin, faute de pouvoir s’offrir du beurre ou de la confiture. L’angoisse qui l’étreint à chaque excursion au supermarché. Les vêtements qu’elle ne peut plus s’acheter. Pour seule évasion, il ne reste à Fatma et ses enfants que la télévision et une promenade en bord de mer, tous les dimanches. «Au moins, le rivage est encore gratuit.»
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