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Le Monde, le 26/03/2020
Marie Jégo (Istanbul, correspondante)
En janvier, Simoni et Hurmuz Diril, 65 et 70 ans, un couple de chrétiens d’Orient du sud-est de la Turquie, ont été enlevés. Les autorités ont abandonné les recherches, pas leurs onze enfants. Le 20 mars, le corps sans vie de Simoni a été retrouvé, à dix minutes à pied de la maison familiale.
Le corps sans vie de Simoni Diril, une chrétienne d’Orient portée disparue depuis le 11 janvier, a été retrouvé non loin de son domicile, le long du cours d’eau qui borde Kovankaya (Meer en araméen), un village chrétien de la région de Sirnak, à majorité kurde, dans le sud-est de la Turquie.
Le choc a été terrible pour ses fils qui l’ont retrouvée morte à dix minutes à pied de la maison familiale en allant faire paître leur troupeau, vendredi 20 mars au matin. Vu son état, le corps était là depuis longtemps. L’endroit était pourtant censé avoir été passé au peigne fin lors des recherches effectuées par les autorités après la disparition du couple Diril, Simoni, 65 ans, et Hurmuz, 70 ans, enlevés chez eux par des hommes en armes, le 11 janvier.
Pleurant leur mère, les onze enfants du couple craignent aussi le pire pour leur père, Hurmuz, disparu sans laisser de traces depuis plus de deux mois. Où est-il ? Pour quelle raison le couple a-t-il été enlevé ? Qui pouvait avoir intérêt à s’en prendre à ces deux agriculteurs âgés, occupés à leurs champs et à leurs bêtes? Un mystère que les autorités n’ont pas contribué à éclaircir.
Enquête classée confidentielle
« Aucune véritable fouille n’a été faite, soi-disant à cause des conditions météorologiques. Des drones ont volé deux fois dans les airs, c’est tout. Nous avons constamment demandé de l’aide aux autorités mais aucune recherche n’a été faite, notre voix n’a pas été entendue. Personne ne s’en est soucié », déplore leur fils, le père Remzi Diril, qui officie en tant que prêtre de l’Eglise chaldéenne catholique d’Istanbul.
Selon lui, à peine ouverte, l’enquête a été classée confidentielle. Des enquêteurs sont venus, ont pris des photos et sont repartis. Depuis, plus rien.
Le chagrin l’assaille lorsqu’il se souvient de son passage à Kovankaya le 12 janvier. C’est lui qui a constaté la disparition de ses parents. A peine arrivé dans ce village reculé et dépeuplé, trois habitants en hiver, vingt-cinq en été, le père Remzi a trouvé porte close. Pas âme qui vive, sinon les chèvres laissées sans soin dans l’étable. Il a eu beau frapper à la porte, appeler, pas de réponse. Pour finir, il a forcé une fenêtre pour pénétrer dans la maison.
Aucune trace de ses parents, sinon le portable de Simoni, posé sur la télévision. « J’ai vérifié les appels, les messages mais il n’y avait rien. » Il s’est alors rendu chez le voisin. Malgré sa grande frayeur, celui-ci finit par confier avoir vu la veille des hommes armés débarquer chez le couple. Il relate comment ces inconnus ont emmené Hurmuz, le père, après lui avoir lié les mains. Simoni n’était pas censée être emmenée. « Ma mère a insisté, elle ne voulait pas quitter mon père. Alors ils l’ont prise elle aussi », raconte le père Remzi.
Terres d’affrontements
Avec les cimes enneigées pour seul horizon, Kovankaya est une minuscule enclave chrétienne au cœur du Sirnak, une région montagneuse dans le sud-est à majorité kurde de la Turquie. Malgré ses paysages époustouflants, c’est une terre d’affrontements et de mort, laminée par presque quarante ans de conflit entre les forces turques et les rebelles armés du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Sanglant, le conflit a fait plus de 40 000 morts en Turquie depuis ses débuts en 1984.
L’armée et la gendarmerie contrôlent les routes, les rebelles du PKK sont maîtres de l’arrière-pays. Les accrochages sont fréquents. Pris en étau, les habitants subissent menaces, violences et exodes. Tout récemment, l’armée turque a mené des opérations dans la zone pour éliminer les positions du PKK. Les rebelles soupçonnent des villageois d’avoir livré des informations aux militaires.
Mus par le soupçon d’une éventuelle coopération avec les autorités, les hommes en armes qui ont pénétré chez le couple étaient-ils des rebelles désireux de se venger ? « C’est une pure supposition. Elle a été formulée par certains mais nous n’avons aucune preuve de cela », assure Bedri, le frère de Remzi, joint par téléphone à Kovankaya.
Occupés à l’entretien de leurs ruches, de leurs chèvres et de leur potager, Simoni et Hurmuz ne prêtaient pas attention aux actions de la guérilla. « Ils ne se mêlaient pas de ça », insiste Bedri. Ils étaient simplement revenus finir leurs jours dans leur village natal, leur port d’attache, un paradis fait d’air pur, de cours d’eaux argentés et de vallées secrètes auquel les Diril sont très attachés.
Communauté décimée
La famille est de confession assyro-chaldéenne. Chrétiens d’Orient, les Diril sont parmi les rares rescapés d’une communauté qui fut décimée entre 1915 et 1920, dans le sillage du génocide des Arméniens de l’Empire ottoman.
En 1989, le malheur frappe à nouveau les habitants de Kovankaya, contraints à l’exode en raison de la guerre qui fait rage entre l’Etat turc et le PKK. Fuir est la seule issue tant la vie quotidienne est devenue impossible. Les habitants sont comme pris en otage, entre la guérilla kurde qui leur réclame un soutien minime, nourriture, abri, et les forces de l’ordre qui les répriment au moindre morceau de pain donné.
« A Kovankaya, l’école avait été incendiée », se rappelle le père Remzi. La famille décide alors de s’exiler à Istanbul, le poumon économique du pays, mais ne rêve que d’une chose, rentrer le plus vite possible au village.
Une première tentative échoue en 1994. Quatorze ans plus tard, l’espoir renaît. Les pourparlers de paix entre Ankara et le PKK font penser que la guerre est sur le point de finir pour de bon. A la faveur de l’accalmie, Simoni et Hurmuz reviennent à Kovankaya pour des séjours de plus en plus longs, à l’instar d’autres familles. Le père rénove la maison qu’il ne veut bientôt plus quitter, tout comme sa femme.
Mais, en 2015, la trêve vole en éclats, les combats reprennent. Une fois de plus, les gens de Kovankaya font leurs valises et quittent le village. Hurmuz, lui, choisit de rester. A son évocation, Remzi est pris d’une indicible tristesse. « Quelle que soit l’identité des ravisseurs, moi, mes frères et mes sœurs les supplions de ne pas lui faire de mal. »
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