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Le Point, le 19/03/2021
Propos recueillis à Istanbul par Guillaume
ENTRETIEN. L’ex-Premier ministre turc dénonce l’isolement diplomatique de son pays depuis le virage nationaliste voulu par Recep Tayyip Erdogan.
Ahmet Davutoglu, 62 ans, a été de 2002 à 2016 l’architecte de la politique étrangère turque et l’homme le plus influent sur la scène internationale. Cofondateur de l’AKP (parti de la justice et du développement), conseiller de Recep Tayyip Erdogan, puis ministre des Affaires étrangères (2009-2014) et enfin Premier ministre, cet ancien professeur d’université a finalement été désavoué et écarté par son mentor en 2016. Désormais dans l’opposition, à la tête de son propre parti (Gelecek partisi, parti du futur), il porte un regard critique sur le positionnement stratégique d’Ankara et sur l’expansionnisme agressif du régime. Le Point l’a rencontré, en exclusivité, à Istanbul.
Le Point : Le président Erdogan tente de renouer les liens entre la Turquie et l’Union européenne, il a annoncé un plan pour les Droits de l’homme. Est-ce crédible ?
Ahmet Davutoglu : Toute bonne nouvelle est bienvenue, mais il faut réunir certaines conditions : il faut une intention claire, une vision, il faut faire preuve d’intégrité et de cohérence entre les opinions et les actions et maintenir la perspective d’un changement systémique. Quand on considère ces principes fondamentaux, je ne suis pas très optimiste car ces cinq dernières années, depuis que j’ai démissionné, le pacte a été rompu. Ce pacte était fondé sur la liberté d’expression et l’éthique, ce qui doit être l’essence de la politique. Pourtant on observe chaque jour des violations des droits de l’homme, y compris contre notre parti. Récemment, notre vice-président en charge de la société civile a été attaqué par sept individus armés, en pleine rue. Il a été sérieusement blessé. Les suspects identifiés par les caméras de vidéosurveillance ont été relâchés après deux semaines, à cause des pressions venues de certains milieux haut placés. Pendant ce temps, des étudiants, des journalistes, des politiciens sont en détention préventive pendant des mois… Où sont les droits de l’homme ? Ce n’est pas convaincant. J’ai critiqué la politique du gouvernement, j’ai dit que ce « déficit démocratique » allait créer un déficit légal et un déficit financier.
Quel pourrait être le premier geste à faire ?
La Turquie fait partie du système européen, elle doit respecter le système légal et la liberté d’expression, se conformer aux décisions de la Cour européenne des droits de l’homme… De nombreux journalistes sont en prison, sans avoir été encore jugés. Il ne devrait pas y avoir de telles situations, c’est une question de principe, mais cela se généralise. Osman Kavala en est un exemple. Les principes de l’État de droit devraient être respectés. Les agresseurs armés sont relâchés au bout de deux semaines, mais d’autres comme Kavala sont en prison depuis des années, sans procédure légale, c’est inacceptable.
Comment redonner un sens stratégique aux relations Turquie-UE ?
Mars est un mois critique : le 23-24 mars, il y a un sommet européen au cours duquel la Turquie est attendue à l’agenda. Il y a la possibilité que des sanctions soient prises contre la Turquie, ce qui ne serait pas positif. Nous avons tous besoin de cette relation. Lorsque je supervisais la politique étrangère, entre 2000 et 2016, le processus d’intégration était aussi un processus de réforme, démocratique, économique et politique de la Turquie. Il y avait une adaptation constitutionnelle de la Turquie à l’UE (l’acquis communautaire), et enfin une vision stratégique : une politique de voisinage, une politique migratoire, une coordination dans les Balkans, en Méditerranée… Tous ces aspects ont aujourd’hui besoin d’être refondés.
Comment ?
Le mois de mars est très intéressant. Il y a cinq ans, le 18 mars, nous avons signé sur les réfugiés quand j’étais Premier ministre. Cet accord comportait plusieurs aspects, dont la libéralisation des visas pour les ressortissants turcs. C’était un paquet de réformes et de confiance mutuelle, fondé sur une vision économique. Ce n’était pas à sens unique, c’était un processus de réforme et en retour, la Turquie devait voter une loi sur l’éthique et la corruption, renforcer l’État de droit. C’était essentiel pour la Turquie. En tant que Premier ministre, j’ai soumis au Parlement un texte de loi. Mais cela a déclenché une fronde contre moi au sein du parti (l’AKP) et j’ai été obligé de démissionner. Aujourd’hui, ce serait un bon point de départ.
Ensuite, on pourrait ouvrir certains chapitres des négociations d’adhésion. Cela favoriserait une série de réformes, notamment dans le secteur économique. Depuis cinq ans, aucun chapitre n’a été ouvert, tout est arrêté : les visas, les réformes… La crise de l’économie serait aussi le bon moment pour remettre à jour l’Union douanière entre la Turquie et l’UE. Le temps passe et il n’y a eu aucun progrès significatif.
La Turquie a l’armée la plus importante de l’Otan après les USA.
La Turquie peut-elle encore être considérée comme alliée après les tensions de l’année 2020 ?
La coordination et la confiance mutuelle sont perdues. Même entre membres de l’UE, il n’y a pas d’unanimité. La Hongrie, la Pologne… L’Europe n’est pas le club du consensus à 100 % sur tous les sujets, c’est une entité qui permet de réduire les divisions et de discuter des différences, avec plus ou moins de succès. Elle a été capable de produire de nouveaux mécanismes de décision comme les critères politiques de Copenhague et les critères de Maastricht. Cela a permis l’intégration des ex-régimes socialistes d’Europe de l’Est. Ce n’était pas une tâche aisée. La Turquie était un défi plus facile, en quelque sorte. Mais la relation Turquie-UE pourrait de nouveau être un succès si les deux parties s’accordaient sur des critères, une vision et une approche stratégique mutuelle.
Mais beaucoup de dégâts ont été faits ?
Oui et pas seulement du côté de la Turquie. Les Européens turcophobes et les Turcs europhobes se renforcent mutuellement. À chaque déclaration antieuropéenne, les turcophobes en Europe sont contents, ils peuvent dire : « Regardez : ces Turcs sont contre nous. » C’est si facile de créer une perception psychologique négative. Il y a des deux côtés une montée du nationalisme et du racisme.
Dans mon dernier livre, Systemic Earthquake and Global Order (Cambridge UP, 2020), j’explique que nous sommes à un point de rupture critique de compétition entre ceux qui défendent les démocraties inclusives et ceux qui défendent l’autoritarisme exclusif. Ce dont nous avons besoin, c’est de démocratie.
La Turquie, depuis votre départ, s’est rapprochée de la Russie…
J’ai toujours dit que la géographie de la Turquie nécessitait une politique étrangère multidimensionnelle. Nous sommes membres de l’Otan, c’est un partenariat stratégique. Pas seulement invités, nous en sommes copropriétaires. Nous avons payé le prix fort durant la Guerre froide. La Turquie a l’armée la plus importante de l’Otan après les USA et c’est un fardeau pour l’économie turque.
Quant à la Russie, c’est notre voisin le plus puissant. Nous avons vécu côte à côte depuis des siècles, dans le Caucase, Balkans, Asie centrale. Le changement et la paix dans ces régions ne peuvent avoir lieu qu’en coordination avec la Russie. Turquie et Russie ne devraient plus être perçues comme des ennemies. Même chose avec la Chine ! Je suis très critique vis-à -vis de la Chine et du silence de notre gouvernement sur la question des Turcs ouïgours. Mais je défends aussi de bonnes relations avec la Chine. En 2010, je suis allé au Turkestan oriental, au Xinjiang et j’ai dit aux Chinois qu’ils devraient respecter les droits culturels des habitants. Nous étions capables d’avoir de l’influence sur eux. C’était la même chose au Moyen-Orient, dans les Balkans, dans le Caucase… J’ai fait la navette diplomatique entre le régime syrien et Israël en 2008. Idem sur les pourparlers entre le Fatah et le Hamas et Israël. Toutes les parties devraient être impliquées. Si une partie est exclue ou isolée, cela ne peut pas être une paix durable. Nous devons avoir une approche multidimensionnelle.
Mais ce n’est pas la position d’Erdogan ?
Maintenant les choses sont différentes. À l’époque, nos bonnes relations avec la Russie n’étaient pas un moyen de pression contre les Européens ou les Occidentaux. Au contraire, quand la Russie a attaqué la Géorgie en 2008, la Turquie a été le seul intermédiaire entre les deux parties. C’est donc un atout pour la Russie, mais aussi pour l’UE. Notre position devrait être plus claire. Par exemple sur la Crimée : l’invasion est inacceptable, c’est une violation de l’intégrité territoriale.
Qui peut avoir de l’influence sur l’évolution de la Turquie ?
Tout le monde veut être influent en Turquie. Mais le dialogue institutionnel a été perdu. Avec les États-Unis, les relations n’étaient plus entre deux États, mais entre deux hommes, Trump et Erdogan. Avec la Russie, c’est Poutine-Erdogan. On a perdu la capacité institutionnelle et cela crée une fragilité. Parfois ces relations sont négatives, parfois positives, parfois sous le signe de la confiance, parfois de la suspicion… Il y a besoin d’une nouvelle pensée stratégique de politique étrangère en Turquie.
Quant à nos alliés européens, ils devraient être plus attentifs au sentiment national turc sur trois points.
Premièrement, la Méditerranée orientale. La Turquie ne devrait pas être « cornérisée » dans la baie d’Antalya. La Turquie a la plus longue côte de la Méditerranée, mais si vous donnez l’impression d’un isolement par la Grèce, Chypre, l’Égypte et Israël, cela endommagera durablement les relations. Aucun gouvernement turc ne peut accepter cela. La Grèce a commis une grosse erreur en organisant un exercice militaire en Thrace avec Washington. Qui est l’ennemi ici ?
Deuxièmement, les activités terroristes du PKK en Turquie, en Irak, en Syrie. Il devrait y avoir un mécanisme de coordination et de compréhension mutuelle.
Enfin, toute tentative de renversement de la démocratie turque devrait être condamnée. Après la tentative de coup d’État du 15 juillet 2016, j’ai écrit à tous les dirigeants européens. J’espérais que certains dirigeants européens viendraient immédiatement après. Aucun coup d’État ne peut être légitimé. Or pendant plusieurs mois, il n’y a eu aucune visite de haut niveau des Européens. Ils auraient dû montrer leur solidarité.
J’ai été le dernier homme d’État européen à me rendre à Damas pour rencontrer Bachar el-Assad.
Les tensions en Méditerranée ne sont-elles pas aussi la conséquence du blocage à Chypre ?
Nous étions capables de discuter de cela avec la Grèce quand il y avait des sommets bilatéraux. J’avais fait la plaisanterie à Tsipras : « Si vous voulez changer les choses, j’aime votre approche révolutionnaire. Faisons la révolution dans nos relations. »
Concernant la Syrie, en 2009, vous vous étiez rendu plus de 50 fois à Damas, vous vous étiez impliqué personnellement pour tenter d’infléchir les positions du régime Assad. Mais cela a été un échec ?
Pour parvenir à la paix, comme avec l’Europe, il est nécessaire d’établir une confiance mutuelle, une perspective de sécurité commune, de la sécurité économique, donc de l’interdépendance entre les pays et une approche multiculturelle et multireligieuse. En Palestine, au Liban, en Syrie, c’est un échec sur tous les plans. En Syrie, nous avions été capables d’établir un haut niveau de confiance, Bachar el-Assad et moi. J’ai été le dernier homme d’État européen à me rendre à Damas pour le rencontrer. En août 2011, j’ai négocié avec lui pour une transition pacifique, le maintien de la stabilité du régime et de son autorité. Sur l’interdépendance économique, nous avions réussi. Nous avons eu plusieurs conseils des ministres communs. Quelle était l’idée de certains pays à l’époque ? Comme en Irak, il devait y avoir un changement grâce à une intervention extérieure en Syrie. Après avoir observé les dommages causés à l’Irak par l’intervention étrangère, nous étions en faveur d’une transformation de la Syrie de l’intérieur. C’était plutôt un succès, mais l’environnement a changé. Et six pays autour de la Turquie se sont retrouvés dans une situation d’instabilité. Irak, Syrie, Yémen, Libye, Ukraine, Géorgie. Une ceinture de crise.
Était-ce réaliste de dialoguer avec Assad ?
Ça l’était jusqu’au Printemps arabe. Le Printemps arabe a été l’un des grands séismes de ces trente dernières années, qui ont secoué toutes les structures internationales. Les responsables sont bien sûr les leaders autocrates, les dictateurs comme Bachar el-Assad. Notre soutien n’était pas aveugle. Malgré nos avertissements et notre soutien, nous n’espérions pas qu’il établisse une démocratie parfaite, mais au moins qu’il redonne confiance à son peuple. Nous essayions de le convaincre de faire des réformes. Ce n’était pas Kadhafi ou Moubarak. Il avait de la légitimité dans le pays, du soutien, grâce à sa position vis-à -vis d’Israël. Malheureusement, plutôt que de faire de petites réformes et d’éviter d’utiliser l’armée contre le peuple et des armes chimiques… Deuxièmement, la communauté internationale est responsable. Jusqu’à aujourd’hui il n’y a eu aucune résolution du conseil de sécurité de l’ONU prenant en compte le désastre humanitaire en Syrie. Certains pays de l’Otan ont activement aidé le PKK, mais ils n’ont pas défendu Alep. Ils n’ont agi que quand Daech est devenu une menace.
Le tournant est-il la fameuse « ligne rouge » de 2013 ?
Oui en 2013, on assiste successivement à l’émergence de Daech, puis au coup d’État contre Morsi en Égypte, qui montre que la démocratie n’était qu’un rêve au Moyen-Orient et enfin, en août, à l’utilisation d’armes chimiques par Assad. D’un seul coup, le Printemps arabe était oublié, ce qui importait était la lutte antiterroriste. Et les gens ont eu à choisir entre un dictateur et le terrorisme. Une option claire comme celle offerte aux pays d’Europe de l’Est en 1991 n’a pas été proposée. La crise des régimes baasistes était une crise post guerre froide.
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