Un scrutin législatif anticipé sous tension en Turquie

Le Monde avec AFP et Reuters, le 01/11/2015

Une femme vote à Cizre, dans le cadre des élections législatives turques, le 1er novembre.

Quelque 54 millions d’électeurs turcs ont commencé dimanche 1er novembre à se rendre aux urnes, dans le cadre des élections législatives. Les deuxièmes en cinq mois. Un scrutin crucial dans un pays sous tension, confronté à la reprise du conflit kurde, la violence djihadiste venue de Syrie et la dérive autoritaire de son gouvernement.

Les premiers bureaux de vote ont ouvert leurs portes à 7 heures locales (5 heures, heure française), les derniers fermeront à 17 heures (15 heures en France). Les résultats seront connus dans la soirée.

Près de 400 000 policiers et gendarmes ont été mobilisés pour assurer la sécurité du scrutin. Dans tout l’est du pays, les bureaux de vote sont sous protection policière comme a pu le constater l’envoyé spécial du Monde à Diyarbakir, la « capitale » kurde :

Selon le quotidien turc Hürriyet, la police est intervenue en début d’après-midi dans un bureau de la province de Kocaeli, à l’est d’Istanbul, usant de gaz lacrymogène pour séparer des partisans de l’AKP (le Parti de la justice et du développement, la formation islamo-conservatrice de M. Erdogan) et du HDP (Parti démocratique des peuples, gauche, prokurde).

Les rêves de « superprésidence » d’Erdogan

Le président islamo-conservateur, Recep Tayyip Erdogan, a voté peu avant 12 h 30 dans la capitale turque. « Puissent ses élections être bénéfiques pour notre pays », a-t-il déclaré après avoir déposé son bulletin, selon Hürriyet.

Seul au pouvoir depuis treize ans, il espère prendre sa revanche sur le scrutin du 7 juin.

Son parti était certes arrivé en tête avec 40,6 % des suffrages, mais il avait également signé la défaite la plus importante de son histoire en ne remportant que 258 sièges de députés sur 550, perdant ainsi la majorité absolue qu’il détenait au Parlement. Ce qui avait enterré provisoirement le rêve de « superprésidence » aux prérogatives renforcées de M. Erdogan.

Mais après quarante-cinq jours de vains pourparlers avec les autres partis présents au Parlement, le premier ministre, Ahmet Davutoglu, a échoué à former une coalition. Un nouveau scrutin législatif a donc été convoqué pour le 1er novembre.

Si l’objectif de l’AKP est de récupérer la majorité absolue, les sondages le créditent cette fois de 40 % à 43 % des intentions de vote, soit un score toujours insuffisant pour gouverner seul.

Le HDP espère de son côté consolider les 13 % obtenus en juin. Le parti prokurde était parvenu à percer dans les régions kurdophones du sud-est du pays, qui avaient toujours été, jusque-là, des réservoirs de voix pour l’AKP.

♦

Publicité