Turquie : à une semaine des législatives, heurts à Tokyo entre Turcs et Kurdes

Le Parisien, le 25/10/2015

Tokyo (Japon), dimanche. La police anti-émeutes a été déployée autour de l’ambassade turque.  AFP PHOTO / TOSHIFUMI KITAMURA

Les Turcs seront appelés le 1er novembre à choisir leurs députés lors d’élections législatives anticipées. Ce scrutin, destiné à mettre fin à la crise politque que vit le pays, faute d’avoir pu obtenir une coalition, intervient en pleine reprise des combats entre les forces de sécurité turques et les rebelles kurdes.

Le tout dans un contexte de terreur avec l’attentat-suicide, attribué aux jihadistes, qui a fait 102 morts le 10 octobre dernier à Ankara lors d’un rassemblement pour la paix.

Signe de cette effervescence, ce dimanche, douze personnes ont été blessées à Tokyo dans des échauffourées entre Kurdes et Turcs devant l’ambassade de Turquie au Japon, où quelque 3 600 expatriés turcs étaient appelés à voter par anticipation. La police a dû intervenir pour ramener le calme devant l’ambassade où se tenaient les opérations de vote, selon des images diffusées par la chaîne privée TBS.

L’agence Jiji Press rapporte que les affrontements ont débuté quand des Kurdes ont tenté de brandir le drapeau d’une formation politique pro-kurde. «J’étais dans une voiture avec des amis quand des Turcs m’ont subitement agressé», a déclaré de son côté à TBS un homme à la chemise déchirée. Les législatives turques interviennent alors que les affrontements ont repris depuis trois mois entre les forces de sécurité turques et les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le sud-est à majorité kurde du pays.

Le parti d’Erdogan promet d’anéantir les «terroristes»

Ahmet Davutoglu, le chef du gouvernement sortant a la difficile tâche de redonner au Parti de la justice et du développent (AKP, islamo-conservateur) la majorité absolue au Parlement, perdue lors des législatives du 7 juin dernier après treize ans d’hégémonie. Ce fidèle du président Recep Tayyip Erdogan fait campagne en multipliant les promesses et jure, si les électeurs remettent l’AKP «seul aux commandes», d’anéantir les «terroristes», rebelles kurdes et jihadistes.

Mais l’opposition reproche à son gouvernement ses ambigüités vis-à-vis du groupe Etat islamique (EI) des «négligences» et le tient personnellement responsable d’avoir entraîné la Turquie dans le bourbier syrien lorsqu’il était chef de la diplomatie. Etoile montante de la politique turque, le coprésident du Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde) est largement crédité du succès de son parti le 7 juin, qui a raflé 80 sièges de députés et contribué à priver l’AKP de la majorité absolue. Cet avocat de 42 ans a réussi à élargir l’audience de son parti au-delà de la seule cause kurde.

Le Parti des travailleurs du Kurdistan, considéré comme un mouvement terroriste par la Turquie et ses alliés de l’Otan, mène depuis plus de 30 ans une lutte contre le pouvoir central d’Ankara qui a fait quelque 40.000 morts. Après plus de deux ans de pourparlers de paix, il a mis un terme l’été dernier au cessez-le-feu unilatéral et repris sa campagne d’attentats contre les forces de sécurité turque, accusant le régime de M. Erdogan de l’avoir trompé en soutenant, contre lui, les jihadistes de l’EI.

Quant au président Recep Tayyip Erdogan, seul maître du pays pendant son règne à la tête du gouvernement (2003-2014), il se fait plus discret durant cette campagne contrairement à la précédente. Accusé de dérive autoritaire et islamiste, ses adversaires lui reprochent de jouer la stratégie de la tension pour parvenir à ses fins et d’être le principal responsable de la polarisation extrême du pays.

pour voir les vidéos proposées :
http://www.leparisien.fr/international/turquie-a-une-semaine-des-legislatives-heurts-a-tokyo-entre-turcs-et-kurdes-25-10-2015-5217133.php#xtref=https%3A%2F%2Fwww.google.fr%2F

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