Par une nouvelle série de frappes contre des bases militaires en Syrie, mercredi 2 et jeudi 3 avril, Israël a adressé « un avertissement » au président de transition syrien, Ahmed Al-Charaa, et à son alliée, la Turquie. « Si vous permettez aux forces hostiles à Israël d’entrer en Syrie et de mettre en danger les intérêts sécuritaires d’Israël, vous en paierez le prix fort », a menacé, jeudi, le ministre de la défense de l’Etat hébreu, Israel Katz.
Les velléités turques d’installer des bases aériennes et navales en Syrie, dans le cadre d’un accord de défense stratégique avec Damas, sont une ligne rouge pour l’Etat hébreu, qui entend conserver sa liberté opérationnelle dans le ciel syrien et son couloir aérien pour aller frapper l’Iran. « Nous ne pensons pas que la Syrie doive être un protectorat turc », a fustigé le ministre des affaires étrangères israélien, Gideon Saar, lors d’une conférence de presse, à Paris, jeudi, imputant à la Turquie « un rôle négatif en Syrie » et « au Liban ».
Le nouveau pouvoir syrien a dénoncé une « agression [faisant] partie d’une campagne israélienne contre le peuple syrien et la stabilité du pays ». Il ne dispose pas des capacités militaires pour empêcher ces attaques et ne veut pas risquer de saper sa légitimité sur la scène internationale, alors qu’il cherche à obtenir la levée des sanctions, étape indispensable pour redresser le pays en ruine après quatorze années de guerre et pour consolider son pouvoir encore faible.
« Politiques expansionnistes »
La Turquie, qui dispose déjà de troupes dans le nord de la Syrie, déployées aux côtés des factions rebelles syriennes depuis la guerre civile, a accusé Israël de « saper les efforts visant à établir la stabilité en Syrie ». « Israël est devenu la plus grande menace pour la sécurité de notre région avec ses attaques visant l’intégrité territoriale et l’unité nationale des pays de la région », a déclaré le ministère des affaires étrangères turc enjoignant à l’Etat hébreu d’« abandonner ses politiques expansionnistes ».
L’envoyé spécial de l’ONU, Geir Pedersen, a, lui aussi, appelé Israël, jeudi, « à cesser ces attaques (…) qui sapent les efforts visant à construire une nouvelle Syrie en paix avec elle-même et avec la région, et déstabilisent la Syrie à un moment sensible ». « Nous pensons que ces actions ne sont pas nécessaires car la Syrie n’attaque pas Israël en ce moment, et cela nourrit la radicalisation qui est aussi dirigée contre Israël », avait, pour sa part, souligné la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, en visite à Jérusalem, lundi.