Palestine. Les leaders du Fatah et du Hamas en Turquie avant une réunion interpalestinienne en Égypte

Courrier International, le 27/07/2023

Une première depuis un an. Le président palestinien issu du Fatah, Mahmoud Abbas, et le chef de son rival le Hamas, Ismaïl Haniyeh, se sont rencontrés le 26 juillet à Ankara pour tenter d’aplanir leurs divergences et assurer la tenue et la réussite du sommet interpalestinien qui doit se tenir au Caire les 29 et 30 juillet.

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan (au centre), le président palestinien, Mahmoud Abbas (à gauche), et le chef du mouvement palestinien Hamas, Ismaïl Haniyeh (à droite), au complexe présidentiel d’Ankara, en Turquie, le 26 juillet 2023. Photo MUSTAFA KAMACI/bureau de presse de la présidence turque/AFP
 

La photo est symbolique. Le président de l’Autorité palestinienne et leader du Fatah, Mahmoud Abbas, et le chef du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, se sont rencontrés à Ankara, en présence du président turc, Recep Tayyip Erdogan.

C’est la première fois que les deux responsables palestiniens rivaux se rencontrent depuis plus d’un an. Le 5 juillet 2022, ils avaient été réunis à Alger par le président algérien Abdelmadjid Tebboune après plusieurs années de brouille.

Une façon pour le chef de l’État turc, qui a réaffirmé à cette occasion son soutien à la cause palestinienne “par tous les moyens possibles”, de s’imposer en médiateur entre les différentes factions palestiniennes qui doivent se réunir les 29 et 30 juillet au Caire, en Égypte.

Le tout, dans un contexte de flambée de violences israélo-palestiniennes en Cisjordanie occupée, notamment.

À la recherche de l’unité

D’après le quotidien palestinien Al-Ayyam, proche du Fatah, les discussions entre Mahmoud Abbas, alias “Abou Mazen”, et Ismaïl Haniyeh qui se sont tenues au palais présidentiel turc en présence de Recep Tayyip Erdogan, ont été “franches et approfondies”. Interrogé sur ces pourparlers par Al-Ayyam, un membre du bureau politique du Hamas a utilisé exactement les mêmes termes.

Confirmant une information révélée par le média panarabe Al-Jazeera, le journal proche du mouvement d’Abbas indique que la veille de cette rencontre au palais présidentiel turc, les deux leaders palestiniens, ainsi que les délégations qui les accompagnaient, ont échangé une première fois “pendant plusieurs heures”.

Objectif, “créer une atmosphère garantissant le succès de la rencontre du Caire”. Dans ce but, le président Abbas a insisté lors de ces réunions sur “l’importance de l’unité” face à Israël et “la nécessité de mettre fin à la division palestinienne”.

Al-Quds, l’autre grand journal palestinien, souligne :

“Nous espérons que la rencontre entre Abou Mazen et Haniyeh sera le début de la restauration de l’unité [palestinienne]”.
Car des divergences de fond minent les relations entre le Fatah de Mahmoud Abbas et l’Autorité palestinienne, dont la politique est de plus en plus contestée. »

La question des prisonniers politiques

Des divergences existent aussi avec des factions comme le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, le Djihad islamique – dont l’adhésion à l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) sera discutée au Caire – ou le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), principalement autour de la modalité des actions de “résistance” à mener contre Israël.

Mais aussi sur la question des prisonniers politiques détenus par l’Autorité palestinienne. Comme le relaie le média palestinien Al-Resala, proche des factions hostiles à Abbas, le FPLP menace de ne pas participer aux réunions du Caire si ces prisonniers ne sont pas libérés.

D’après le secrétaire général du Djihad islamique cité par le média, des “médiations” sont en cours en vue d’une libération de certains détenus avant la rencontre interpalestinienne dans la capitale égyptienne.

Dans ce contexte, la rencontre du Caire sera “un moment de vérité”, écrit le quotidien palestinien Al-Hayat Al-Jadida dans son édito du jour. “Soit la réunion du Caire est une réunion de responsabilité nationale, portant sur les impératifs de la lutte et de la résistance, balayant tout ce qui a trait de près ou de loin à la division haineuse ; soit elle est totalement inutile.”

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