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Le Monde, le 21/12/2020
Par Ghazal Golshiri
Envoyée spéciale à Istanbul
REPORTAGE
Les ressortissants de la République islamique fuyant la crise sont les premiers acheteurs étrangers en Turquie.
Comme tous les jours depuis une semaine, Reza (prénom d’emprunt) a mis un ample manteau pour se protéger du froid et des baskets pour enchaîner les visites d’appartements et de maisons à Istanbul. « La journée va être longue », précise cet homme d’affaires iranien, arrivé à Istanbul fin novembre. En cette journée de début décembre, il se rend dans le quartier résidentiel à l’ambiance décontractée de Kadiköy, situé dans la partie asiatique d’Istanbul, pour visiter des appartements à Park résidence, un complexe où vivent de nombreux Iraniens.
« Je fais entre trois et quatre visites par jour », explique ce père de deux enfants âgés de 2 et 7 ans qui, comme de nombreux Iraniens, cherche à acheter un bien immobilier d’une valeur d’au moins 250 000 de dollars (soit 206 400 euros), seuil qui permet d’obtenir la nationalité turque. De culture islamique, comme son voisin iranien, la Turquie est l’un des rares pays dans le monde à exempter les Iraniens de visa, devenant ainsi l’une de leurs destinations favorites, aussi bien pour faire du tourisme que pour y vivre.
Après la crise monétaire de 2018, qui a fait basculer l’économie turque dans la récession, Ankara a facilité l’obtention de sa citoyenneté pour les ressortissants étrangers, abaissant le seuil d’investissement immobilier de 1 million de dollars à 250 000.
Ainsi, les Iraniens sont-ils devenus les premiers acheteurs étrangers sur le sol turc, suivis par les Irakiens. Sur presque 37 000 biens immobiliers vendus depuis le début de l’année 2020, 18 % ont été acquis par des Iraniens, soit 40 % de plus qu’à la même période il y a un an.
Récession flagrante
Reza, qui relate avoir passé la moitié de sa vie à l’étranger – « au Royaume-Uni, en Australie et en Chine » –, n’aurait « jamais » imaginé chercher à obtenir un autre passeport et à quitter l’Iran. « J’ai toujours été un nationaliste zélé, estime-t-il, se moquant de lui-même. Mais la situation en Iran est devenue insoutenable. »
La principale raison qu’il cite est l’air : « A Téhéran, et même dans les plus petites villes, c’est devenu irrespirable, soutient Reza. C’est à cause de la piètre qualité de l’essence produite en Iran, du fait des sanctions [américaines] qui empêchent le pays d’en importer. Mais plus généralement, les autorités ne sont pas non plus capables de gérer le pays. C’est pourquoi il faut s’enfuir. »
Depuis deux ans, l’embargo américain est de retour contre l’Iran, rendant difficiles, voire impossibles, la vente de son pétrole et les transactions bancaires avec le monde. Cette situation fait suite au retrait unilatéral, en 2018, des Etats-Unis de l’accord sur le dossier nucléaire, signé avec la communauté internationale en 2015. Ainsi, l’économie iranienne, déjà étranglée par une mauvaise gestion et une corruption endémique, sombre dans une récession flagrante.
Selon le Centre iranien de statistiques, l’inflation a atteint 46 % en novembre, sur un rythme annuel. La monnaie iranienne s’est effondrée face aux devises étrangères. L’euro s’achetait, à la mi-décembre, à presque 312 000 rials sur le marché noir, soit deux fois plus cher qu’il y a un an. L’immobilier, notamment à Téhéran, est devenu inaccessible pour un nouveau pan de la société iranienne.
« Tout le monde autour de moi va mal économiquement. Ça me plombe le moral, même si moi-même j’ai un bon niveau de vie », se désole Reza. Pour cet homme d’affaires, la corruption, « très répandue en Iran », est devenue, à l’entendre, un vrai problème. « Pour faire des affaires en Iran, je dois payer des pots-de-vin à tout le monde, à commencer par le bas de l’échelle et jusqu’au plus haut niveau. Jamais la situation n’avait été aussi mauvaise. »
Carte de séjour turque
Loin d’être un cas isolé, Reza est en cette journée de visite accompagné d’un compatriote qui, lui aussi homme d’affaires, a déjà fait la même démarche en 2018 et a désormais son passeport turc entre les mains. Un objet de valeur qui permettrait à Reza d’ouvrir un compte bancaire en Turquie et même d’y lancer son business alors que ses comptes en Chine, privé et professionnel, ont été fermés il y a deux ans.
A l’époque, les responsables de la banque lui avaient précisé que la fermeture était due au fait que l’Iran n’accepte pas d’appliquer les règles du Groupe d’action financière (GAFI), un organisme intergouvernemental de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Bien que le président iranien, Hassan Rohani, à l’origine des négociations qui ont abouti à l’accord nucléaire, ait toujours plaidé pour l’intégration du GAFI, ses adversaires conservateurs s’y opposent farouchement, faisant valoir que le recul face aux exigences de l’Occident ne serait pas dans l’intérêt de Téhéran. Reza, lui, ne les comprend pas. « Dans quel monde vivent ceux qui s’y opposent ? », se demande-t-il.
A quarante kilomètres à l’ouest de Kadiköy, dans le quartier de Beylikdüzü, des magasins en bas du complexe d’appartements AK, beaucoup moins glamours, sont couverts d’écriture en persan. Les six tours du complexe comptent 1 200 appartements où vivent « au moins une soixantaine de familles iraniennes, moins fortunées que celles qu’on trouve ailleurs à Istanbul », selon Mehdi Pashayi, un agent immobilier . Dans ce quartier, les Iraniens achètent – sans arriver au seuil de 250 000 dollars nécessaire à l’obtention de la citoyenneté turque – ou louent un logement, ce qui permet de demander une carte de séjour d’un an, renouvelable, sans l’autorisation de travailler en Turquie.
« Absence d’espoir »
C’est le cas de Soheil, Iranien de 26 ans, qui travaille dans le cinéma d’animation, toujours comme indépendant, parfois pour des clients étrangers, ce qui nécessite d’avoir un compte bancaire hors du pays, car les sanctions américaines empêchent les banques iraniennes d’être connectées aux réseaux mondiaux. Soheil a donc décidé de s’installer en Turquie en 2018 où il a acheté à Beylikdüzü un petit appartement d’une valeur de 50 000 euros.
« Aujourd’hui, j’ai un compte bancaire et j’arrive à prendre les commandes, même des Etats-Unis », explique-t-il. Lui est parti de Téhéran avec sa femme, parce que « pour les choses les plus banales telles qu’une sortie entre filles et garçons, on est emmerdés en Iran au nom de la loi », se désole le jeune homme, qui en a eu assez des règles, parfois non écrites. « Une fois, les autorités qui contrôlaient mon œuvre m’ont reproché d’avoir donné aux personnages de mon film d’animation des prénoms pas assez islamiques », glisse-t-il.
Un sociologue iranien explique que ceux qui songent à partir ne sont plus seulement issus des classes aisée et moyenne. « Désormais, les moins favorisés envisagent aussi l’immigration. C’est une indication de l’absence d’espoir de voir la situation s’améliorer, aussi bien sur le plan de l’économie qu’en matière de libertés sociales, individuelles et politiques », explique cet homme qui préfère garder l’anonymat.
Mais du fait de l’embargo américain, les démarches pour sortir de l’argent d’Iran sont devenues particulièrement compliquées. A Istanbul, beaucoup d’Iraniens disent recourir à la « hawala », un système de compensation traditionnel reposant sur la confiance, par le biais des bureaux de change ou des entreprises collaborant entre elles entre les deux pays, contre une commission. D’autres ont passé l’argent directement avec eux à l’aéroport, et ce malgré une loi en vigueur depuis 2018 qui interdit aux voyageurs de sortir plus de 5 000 dollars du pays pour endiguer la fuite des capitaux.
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