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Le Figaro, le 23/01/2020
Par Delphine Minoui
Correspondante à Istanbul
ENQUÊTE – Alors que les départs reprennent vers l’Europe, la publicité de cette industrie n’est plus souterraine.
On croirait une réclame. «Départ clandestin vers la Turquie et l’Europe. 100% de garantie», promet, sur fond noir, la guirlande de lettres persanes, assortie d’un numéro de cellulaire. La publicité, coincée entre une vidéo de migrants traversant clandestinement la mer et la photo d’une pile de faux passeports, va droit au but. Son auteur, qui officie sur Instagram sous le nom de «Nasser Milani», est un passeur – un de ces nombreux businessmen de l’ombre qui ont fait du trafic de sans-papiers leur gagne-pain quotidien et qui s’affichent aujourd’hui à la lumière des réseaux sociaux. «À votre service!» Au bout du fil, la voix dudit «Nasser», contacté via WhatsApp, déborde d’enthousiasme.
Dans ce petit café stambouliote, son interlocutrice iranienne, Sarah, que nous avons suivie pour approcher ces vendeurs d’ailleurs, lui explique: «J’ai une amie afghane qui vit à Kaboul. Elle veut s’exiler en Europe. Mais elle a peur…» La réponse est instantanée: «T’inquiète! Je lui arrange ça en moins d’une semaine. C’est aussi simple que de boire un verre d’eau.» Simple, mais coûteux. Dans son catalogue tarifaire, Nasser propose des «voyages» par étapes: 1000 euros de l’Afghanistan à la Turquie, en passant par l’Iran ; 2000 euros pour une traversée Turquie-Grèce ; environ 7500 euros pour la «formule intégrale» jusqu’à Paris, Rome ou Berlin.
Minimiser les risques
Les prix ne cessent de grimper depuis le pic de la crise des migrants de 2016. À l’époque, l’Europe signa un deal controversé avec la Turquie (qui héberge 4,5 millions d’exilés) pour qu’elle «retienne» les réfugiés moyennant une contrepartie financière. Ces dernières années, les départs avaient nettement chuté avec le renforcement des contrôles aux frontières. Mais ils sont de nouveau en hausse. À cause des guerres et des crises qui s’enracinent en Syrie, en Afghanistan et en Iran. À cause, aussi, du sursaut nationaliste qui sévit en Turquie, où Erdogan durcit le ton après avoir longtemps fermé les yeux sur les migrants irréguliers. Résultat: les passeurs ont repris du service. Et internet est devenu leur nouvel eldorado.
«On vous fournit tout»
Sur Instagram, leur vitrine la plus prisée, ils sont des dizaines à pulluler sous l’étiquette de qâtchâqtchi (passeur en persan), en agrémentant leur profil d’un numéro de portable et, pour certains, d’une photo. Iraniens pour la plupart, ils ciblent principalement une clientèle afghane à laquelle ils promettent l’Europe en un coup de baguette magique. Dès le premier appel, ils ont réponse à tout. «Le risque, oui, il existe, mais c’est la vie», affirme Nasser, en minimisant la mort de 11 migrants, dont 8 enfants, dans le naufrage récent d’une embarcation clandestine au large de la Turquie. Sur une des vidéos publiées sur sa page Instagram, on l’entend vanter les mérites des rafiots qui vont jusqu’aux îles grecques. «Il vous faut à peine vingt minutes des plages de Kas à Kastellorizo, la plus proche des îles. On vous fournit tout: bouées, gilets de sauvetage», assène-t-il au téléphone pour rassurer Sarah, son interlocutrice.
Pour faciliter le passage à la frontière, je peux fournir de faux passeports iraniens à mes clients afghans
Un passeur
Quand la mer est trop houleuse, la frontière terrestre promet d’ouvrir ses bras. À condition d’avoir les bons contacts. «Je me suis mis les officiers de la douane dans la poche», assure par téléphone Hassan Rasoli, «passeur depuis treize ans et fils de passeur», se targue-t-il. Sur son compte Instagram, «Haj_Irasoli» (son nom de guerre) prend la pause pour ses 1400 abonnés en s’appuyant, veston serré à la taille, contre sa voiture blanche. «Ce soir, j’ai prévu de faire traverser la frontière irano-turque à une Afghane et à son fils de 2 ans avec mon propre véhicule, poursuit-il. J’emmène ta copine, si elle le souhaite.» Son prix, dit-il, n’est pas négociable: 400 livres turques (soit environ 600 euros). Pour les petits budgets, il propose une offre «low cost» à moitié prix, «mais impliquant quatre heures de marche à travers les montagnes».
À ce business bien rodé se greffe un savant trafic de papiers. «Pour faciliter le passage à la frontière, je peux fournir de faux passeports iraniens à mes clients afghans (les Iraniens n’ont pas besoin de visa pour la Turquie, NDLR)», avance «Haj Ali», un autre passeur, également contacté par téléphone. Son compte Instagram, «Maku_Marz» («frontière de Maku»), suivi par plus de 3500 personnes, exhibe une panoplie de faux papiers. «Pour 500 euros de plus, je peux même vous obtenir un “Ikamet”(carte de séjour turque, NDLR) pour un an», ajoute-t-il.
Un business moins dangereux que le trafic de drogue
Mahmut Kaçan, avocat
«C’est une véritable industrie», observe Mahmut Kaçan, un avocat turc spécialiste des questions migratoires. Lui qui a vu la situation évoluer en quelques années évoque «l’institutionnalisation d’une pratique autrefois informelle qui fait aujourd’hui son autopromotion sur les réseaux sociaux». La raison? «C’est un business moins dangereux que le trafic de drogue, où les dealers risquent jusqu’à vingt ans de prison. S’ils sont arrêtés, les passeurs prétendent qu’ils sont de simples réfugiés en situation irrégulière. Au pire, ils écopent de quelques mois derrière les barreaux, ou ils sont expulsés», continue-t-il. Mais cette industrie est sans foi ni loi: «Les abus sont fréquents: vol d’argent, exploitation des enfants et des femmes… Il y a deux mois, une sans-papiers a été violée par un passeur.»
Tout ce que vous promet Instagram n’est que mensonge
Ahmet, passeur afghan
«C’est un monde sans scrupule», concède Ahmet, passeur afghan depuis deux ans, qui a accepté d’être interviewé en direct. Après avoir survécu au naufrage d’une embarcation, dans lequel d’autres passagers ont péri, le jeune homme de 24 ans s’est récemment installé en Serbie. «Tout ce que vous promet Instagram n’est que mensonge. Vous pouvez sombrer en mer. À l’arrivée, les Grecs ne vous attendent pas les bras ouverts: ils vous parquent dans un camp saturé de clandestins.»
Pour lui, cette «surenchère mensongère» est liée à la rude concurrence à laquelle se livrent les passeurs. «Entre nous, on en vient parfois aux mains. Il y a même eu des cas d’échanges de tirs. Mais certains policiers et douaniers sont aussi responsables que nous de ce crapuleux business. D’ailleurs, ils nous prennent des commissions exorbitantes. À titre d’exemple, je ne gagne que 300 euros par mois, assure-t-il. Franchement, je rêverais de trouver un autre boulot et surtout de reprendre mes études.»
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