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Le Monde, le 05/07/2019
Par Elisa Perrigueur
REPORTAGE
Accusés d’avoir pris part au coup d’Etat manqué de 2016, Kurdes ou militants de gauche, ils ont fui le régime d’Erdogan. Ces Turcs ont trouvé un accueil favorable dans le nord de la Grèce, pays qu’ils avaient appris à haïr.
C’est une pâle bâtisse à encorbellement et aux volets fermés. Dans sa cour intérieure aux arbres centenaires, un air de piano et de flûte couvre les bourdonnements des moteurs alentour. Nichée entre des immeubles à la peinture défraîchie, la maison natale de Mustafa Kemal Atatürk, fondateur de la République turque, est une escale paisible dans l’effervescente Thessalonique, ville du nord-est de la Grèce. Un lieu de pèlerinage aussi pour les nombreux touristes turcs qui découvrent l’ancienne métropole de l’Empire ottoman devenue grecque en 1912.
A quelques centaines de mètres, la vingtaine de clients assis dans l’un des seuls restaurants turcs de la cité portuaire ne s’approche pourtant jamais de cette « zone rouge », comme ils la surnomment. Loin d’être un lieu de rassemblement pour cette petite communauté, la paisible demeure représente un danger. Elle s’élève dans l’enceinte du « très influent », disent-ils, consulat de Turquie. Soit « les yeux et oreilles » de Recep Tayyip Erdogan. Ils pensent savoir que le bureau recrute des « partisans » du Parti de la justice et du développement (AKP), le parti islamoconservateur du président turc, dans les villages de Thrace égéenne. « Même en Grèce, le régime cherche à nous surveiller », croient certains.
Féroce chasse aux sorcières
Car, autour de cette table de Thessalonique ce soir de mai, tous sont des « terroristes » au regard d’Ankara. Il y a là d’anciens enseignants licenciés abruptement, un ex-policier en fuite depuis deux ans, un journaliste dénoncé par son voisin, le gérant de l’établissement, réchappé d’une prison des bords de la mer Noire… Ils parlent sous couvert d’anonymat. Une prudence de mise depuis la purge qu’ils expliquent subir. Tous sont accusés d’être gülénistes. Soit des sympathisants de la nébuleuse confrérie islamique, qu’ils nomment Hizmet (« service »).
Fondé par le prédicateur musulman Fethullah Gülen, ancien allié d’Erdogan aujourd’hui en exil aux Etats-Unis, ce mouvement était, à la fin de la dernière décennie, influent aussi bien par sa présence dans les mosquées turques que par son vaste tissu d’écoles. Ses milliers d’adeptes, dont certains présents dans les hautes sphères du pouvoir turc, sont dans le collimateur du régime depuis 2013. Une disgrâce qui s’est muée en féroce chasse aux sorcières au lendemain du putsch manqué de juillet 2016, imputé par Ankara à Gülen – ce que ce dernier dément.
En trois ans, quelque 55 000 personnes ont été arrêtées et plus de 140 000 limogées pour propagande « terroriste » ou collusion avec la confrérie. Depuis, les gülénistes – ou ceux soupçonnés de l’être – affluent aux portes de la Grèce. En 2015, seuls 42 ressortissants du pays limitrophe y avaient demandé l’asile. En 2018, ils sont 4 834 Turcs à avoir formulé cette requête – 1 682 sur les quatre premiers mois de 2019. Surtout des gülénistes présumés mais aussi des militants de gauche et des Kurdes, eux aussi soumis à l’épuration.
Ruinés par la traque
Ces exilés prennent par centaines le chemin d’Athènes ou de Thessalonique, la première grande ville près de la frontière, à quelque 400 kilomètres de la Turquie. Certains ne font qu’une escale en Grèce avant de s’envoler vers d’autres pays d’Europe. Mais partir illégalement coûte cher pour ces Turcs, souvent ruinés par la traque. Or, il faut compter des dizaines de milliers d’euros pour les destinations occidentales. Des centaines finissent donc par s’installer dans ce pays que les livres d’histoire leur ont appris à haïr depuis l’enfance.
Sur la petite terrasse du restaurant de Thessalonique où tombe maintenant la nuit, Hamza Atik (tous les noms et prénoms des réfugiés ont été changés), Stambouliote au physique charpenté, s’en étonne encore. « C’est le dernier Etat où j’aurais imaginé vivre », déclare cet ancien professeur d’histoire, aujourd’hui installé dans un village en périphérie. « Pendant trente ans, j’ai enseigné aux enfants le contraire de ce que j’ai découvert ici. Les Grecs sont hospitaliers, nous apprenons que c’est l’ennemi. Nous enseignons une histoire faite de guerres, de pertes, d’invasions de nos villes, comme Smyrne (Izmir), lors du conflit gréco-turc de 1919-1922. »
Le quinquagénaire a découvert avec fascination la Grèce grâce à Thessalonique, cité à la croisée de l’Orient et de l’Occident, prisée des empereurs ou des sultans, à l’architecture étrange tant elle est cosmopolite. Les vestiges des dominations successives, romaine, byzantine et ottomane, résistent au milieu des constructions modernes. Touché, Hamza perçoit partout l’influence orientale à travers les vieilles pierres posées lors de cette occupation ottomane de cinq siècles. Sur une allée qui s’étire jusqu’à la mer s’élève le minaret qui jouxte la Rotonde, église chrétienne alors devenue mosquée et, aujourd’hui, monument à visiter. Le long d’un boulevard bouillonnant s’impose la coupole de l’ancienne mosquée Hamza Bey, qui a cessé d’être un lieu de culte en 1912.
« Le fait que la Grèce soit notre ennemie héréditaire est devenu une chance aujourd’hui, car, ici, je me sens protégé contre la Turquie. » Hamza Hatik, réfugié turc
Ce passé commun, vu de l’autre bord, trouble Hamza Atik. « Ici, on célèbre l’insurrection contre les Ottomans de 1821 (le 25 mars, jour férié en Grèce) ; chez nous, on fête les victoires sur les Grecs. »Après la chute de l’Empire, la guerre gréco-turque a été suivie du traité de Lausanne, en 1923, instaurant un traumatisant échange de populations. Des milliers de Turcs de Grèce furent ainsi poussés à l’exil, croisant en chemin inverse des Grecs chassés de Turquie. Aujourd’hui encore, la question des frontières reste un point de tension entre Athènes et Ankara tout comme il en existe à Chypre, en partie occupée par la Turquie.
Qu’importent ces antagonismes pour Hamza Atik. Loin des menaces qui pesaient sur lui à Istanbul, il se sent « libre et serein » dans la maison qu’il loue, cernée de reliefs hérissés de pins, de noisetiers, d’oliviers. « Une géographie si semblable à la Turquie », compare-t-il. Au kafeneio du coin, l’ancien prof converti en agriculteur sirote souvent ce « même café »épais que chez lui, en compagnie des villageois. « Le fait que la Grèce soit notre ennemie héréditaire est devenu une chance aujourd’hui, sourit-il, car, ici, je me sens protégé contre la Turquie. »
Hamza espère que l’adversaire historique voudra bien devenir son hôte définitif, en acceptant sa demande d’asile. Mais il lui faudra patienter quelques années avant de pouvoir obtenir un premier entretien avec les services grecs concernés.
Etiqueté comme « terroriste »
C’est cette aspiration qui l’avait poussé, en décembre, à traverser clandestinement l’Evros, dans le nord-ouest de la Turquie. La plupart des réfugiés turcs entrent en Grèce en franchissant ce fleuve boueux au lit qui serpente et délimite la frontière. Abdullah Yildirim* a le front perlé de sueur au souvenir de son périple nocturne, il y a sept mois. Cet ancien professeur d’anglais d’une université d’Istanbul, étiqueté comme « terroriste » par le régime d’Erdogan, avait « longtemps hésité » tant les dangers sont grands pour ceux qui tentent de s’enfuir ainsi. « Si la gendarmerie turque nous attrape, c’est la prison. Là-bas, on nous demande de dénoncer d’autres gülénistes, certains sont torturés », assure-t-il.
A la peur de l’arrestation se mêle celle du trajet. « J’avais entendu parler de la famille Akçabay », dit-il. Au cours d’un drame qui a marqué la communauté güléniste en exil, ce couple et leurs trois enfants ont tenté de franchir l’Evros en 2017. Seul le père avait atteint vivant l’autre rive. Abdullah, lui, a failli étouffer sa fille pendant la traversée du fleuve tumultueux, en mettant sa main sur sa bouche pour faire taire ses pleurs.
A son arrivée sur les berges jonchées d’arbres morts, il a marché, craintif, jusqu’au premier village isolé. « Je n’étais jamais allé à l’étranger et j’avais un mauvais a priori sur les Grecs, avoue-t-il. Le patron du café a déclaré tout de suite qu’il n’aimait pas Erdogan lorsque j’ai dit que je fuyais la Turquie. Il se méfiait de lui, il pensait qu’il pouvait faire à tout moment la guerre à la Grèce. »
« Les médias locaux s’intéressent de près aux évolutions politiques en Turquie. Ici, Erdogan, souvent surnommé le “Sultan”, est très controversé. Les Grecs ont de la compassion pour ces réfugiés. »
Sofia Aslanidou, petite-fille de réfugiés
Dans les terres de Thrace occidentale, on scrute toujours les actions de l’ancien occupant. « Les médias locaux s’intéressent de près aux évolutions politiques en Turquie, explique Sofia Aslanidou, native de la région et responsable d’une université chargée de la formation d’enseignants. Ici, Erdogan, souvent surnommé le “Sultan”, est très controversé. Les Grecs ont de la compassion pour ces réfugiés. »
A 61 ans, cette petite-fille de fermiers réfugiés « déplacés » ici depuis la ville turque de Trabzon, en 1923, s’émeut de l’arrivée de ces familles venues de « Constantinople », comme les Grecs nomment Istanbul, et d’autres métropoles turques. « On commence à entendre le turc dans la rue », s’enthousiasme celle qui maîtrise quelques bribes de cette langue, la seule que parlait sa grand-mère.
Sofia Aslanidou est partisane de Yiánnis Boutáris. Celui qui est alors maire depuis 2011, quand on la rencontre – il ne s’est pas représenté aux élections de juin –, était déterminé à renouer avec la Turquie si proche. « Il a développé une politique d’ouverture, notamment par le biais du tourisme, qui a fortement augmenté. Nous avons maintenant des visiteurs turcs tous les week-ends. Beaucoup de vols font aussi la liaison », précise Sofia Aslanidou.
Le pays quitté n’est donc jamais loin. Ses dissensions, également. Les Turcs exilés sont divisés. Même si les Kurdes, les militants de gauche et les adeptes gülénistes fuient un adversaire commun, Erdogan, ils ne s’entendent pas pour autant.
« Les gülénistes, ex-soutiens de l’AKP, se disent maintenant tous professeurs, car ils ont peur de dire qu’ils étaient haut placés ou magistrats. Ils ont eux-mêmes participé aux purges de leurs adversaires avec le régime[entre 2007 et 2013] », dénonce, amère, Ünzile Kul, socialiste aux cheveux blancs, accusée d’être membre (ce qu’elle réfute) du Parti-Front de libération du peuple révolutionnaire (DHKP-C), un groupe marxiste-léniniste classé « terroriste » par Ankara. « Un juge güléniste qui m’a envoyée en prison est aujourd’hui derrière les barreaux », raconte-t-elle. Combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et membres de la confrérie se croisent parfois dans les rares restaurants turcs de Thessalonique. Ils se saluent éventuellement, mais « ne se parlent pas », expliquent-ils.
Confort spartiate
Emine Yüce, professeure dans une école du mouvement Hizmet, ne se préoccupe, pour l’heure, plus vraiment de politique. « Nous n’avons plus d’argent et pas de travail, ni moi ni mon mari », soupire-t-elle. Une source d’angoisse pour ce couple d’Ankara sans emploi depuis trois ans. « Nous étions recherchés, nous nous sommes cachés et nous avons payé 3 500 euros aux passeurs », déplore Kemal, son époux. Enseignant lui aussi, il observe, inquiet, son fils rieur dans la pénombre de leur salon aux stores cassés.
Ici, il faut parler la langue pour travailler dans le tertiaire ou le tourisme, les secteurs phares. Reste les champs alentour qui réclament des saisonniers, places rares dans une région où le chômage frôle les 19 %. Le couple touche 340 euros d’aide de la Croix-Rouge et en dépense 180 pour ce logement sans décoration, au confort spartiate, dans un quartier résidentiel aux balcons fleuris. Ils partiront, assurent-ils, « si l’occasion se présente ». En attendant, ils éprouvent tout de même un soulagement. « J’aime cette ville, la vie y est douce, tranquille, elle est similaire pour moi à un autre temps en Turquie, il y a quinze ans, avant que la société ne soit si polarisée », se réjouit-elle.
« Ces Turcs de classe moyenne font un effort pour maintenir leur niveau de vie d’avant, inscrivent leurs enfants dans les bonnes écoles, aux activités sportives, veulent s’intégrer… Cela plaît aux Grecs. »Domniki Georgopoulou, membre de Solidarity Now
Maintenant, elle coiffe son voile coloré et part flâner au milieu des « familles avec des enfants et des chiens dans les parcs », prend des photos le long de la promenade sur la mer Egée balayée par les vents « aux airs d’Izmir », sourit-elle. Elle se rend régulièrement dans une association d’aide aux femmes réfugiées, où elle fabrique parfums et savons. Pieuse, Emine Yüce ne se dit « très déçue » que d’une chose. « Ici, il n’y a pas de mosquée, tout le monde devrait pouvoir pratiquer sa religion. » Les musulmans peuvent néanmoins se rendre dans la salle de prière officieuse de la vaste université Aristote, au cœur de la ville orthodoxe.
Mais leur religion n’est pas un problème pour la population, estime Domniki Georgopoulou, de Solidarity Now, une organisation qui offre différents services d’aide administrative. « Ces Turcs de classe moyenne font un effort pour maintenir leur niveau de vie d’avant, inscrivent leurs enfants dans les bonnes écoles, aux activités sportives, veulent s’intégrer… Cela plaît aux Grecs », constate cette salariée qui voit passer dans ses locaux quelques réfugiés politiques turcs au milieu des nombreux Syriens, Irakiens, Afghans, Pakistanais qui ont, eux, fui la guerre.
Marquée par l’épuration en Turquie, cette communauté « autonome et prudente », dit-elle, semble ne compter que sur elle-même. « Les Turcs demandent l’asile mais refusent que les organisations ou le gouvernement financent leur logement. Ils invoquent la dignité, éclaire Domniki. Ils ont un réseau très fort. Ils hébergent et aident les nouveaux venus. Si une famille s’en va, une autre arrive. Ils anticipent même les traversées de la frontière. »
Position d’équilibriste
Gokhan Demir*, allure décontractée avec sa barbe fournie et ses cheveux ramassés en chignon, est l’un des pionniers de cette diaspora, qui scrute ces arrivées. Installé à Thessalonique depuis décembre 2016, l’ex-journaliste d’un média pro-Gülen s’est donné pour but d’« accueillir les Turcs en fuite, car il y en aura encore. Erdogan ne s’arrangera pas », prédit-il. Il accumule, avec d’autres réfugiés, des cartons de nourriture, de vêtements : des dons du réseau des gülénistes disséminés en Europe, avec qui il communique par l’intermédiaire de WhatsApp. Il a gardé en tête cette phrase prononcée, d’après lui, à son arrivée par les policiers grecs : « Ne vous inquiétez pas, nous ne vous renverrons pas, vous êtes en sécurité. »
Mais une ombre plane sur cette présence turque à Thessalonique : la situation nationale. L’arrivée de ces réfugiés paraît embarrassante pour le gouvernement de gauche radicale Syriza. Position d’équilibriste : il s’agit pour lui de conserver une bonne entente avec Ankara, qui contrôle les départs de migrants vers l’UE, tout en respectant la convention de Genève. « En cas de refus de l’asile, les migrants peuvent faire appel auprès du Conseil d’Etat [plus haute juridiction administrative grecque] et nous ne nous opposons pas à sa décision », indique le ministre grec de la politique migratoire Dimítrios Vítsas.
Extradition rejetée
Le cas de huit officiers turcs qui se sont échappés au lendemain du coup d’Etat manqué, réclamés par Ankara, illustre cette posture délicate. Le Conseil d’Etat grec avait confirmé le statut de réfugiés politiques pour la plupart d’entre eux, rejetant un appel du gouvernement qui s’y opposait. Leur extradition a été rejetée en 2017. La justice tranche, l’exécutif ne commente pas, malgré la pression d’Ankara. Le régime turc a d’ailleurs « réclamé le rapatriement de deux ou trois autres ressortissants turcs, évoque M. Vítsas. L’examen [de ces requêtes par la justice] est actuellement en cours. »
Depuis peu, une nouvelle menace préoccupe l’opposition turque en exil. En avril et en mai, plusieurs cas de push backs, ces retours forcés illégaux (effectués en accord avec Ankara), ont été dénoncés par des ressortissants turcs. Arrivés sur le sol grec, ils racontent avoir été remis par des policiers grecs dans des bateaux sur l’Evros, cap sur la Turquie. Le ministère de la politique migratoire dit ne « pas avoir entendu parler de ces cas de retour ». Gokhan, lui, angoisse : « C’est une nouvelle politique du gouvernement et elle me fait peur. Je crains maintenant des enlèvements[suivis d’extraditions], comme c’est arrivé dans d’autres pays, comme la Malaisie. »
L’appréhension à l’égard d’un changement de la politique d’accueil des réfugiés grandit aussi à l’approche des législatives, le 7 juillet, où l’opposition de droite est donnée favorite. Pour Gokhan, un retour est un acte sans appel : « Si la Grèce nous expulse en Turquie, elle nous envoie directement en prison. »
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