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Le Monde, le 15/07/2017
Par Allan Kaval (Ovacik /province de Tunceli, Turquie, envoyé spécial)
Dans la région de Tünceli, en Anatolie orientale, cette communauté constitue l’un des derniers bastions de la gauche turque. 80,4 % des électeurs ont voté non à la réforme constitutionnelle. Et, face à la répression, beaucoup songent à émigrer.
A l’approche du mois de mai, la petite bourgade d’Ovacik et ses environs sont tout juste sortis des rigueurs de l’hiver. De toutes parts, de hautes montagnes aux cimes enneigées masquent l’horizon, dominant les rues aux façades délavées. Le rire de quelques enfants jouant sur une place griffe à peine le silence.
Sur un mur terne, un visage rouge sombre, peint au pochoir. Figé dans son éternelle jeunesse, il reproduit les canons de l’esthétique révolutionnaire marxiste. C’est celui d’Ibrahim Kaypakkaya, une figure mythique de l’extrême gauche turque et l’un de ses « martyrs » les plus illustres. Mort sous la torture en 1973, dans sa vingt-quatrième année, il avait tenté de lancer une guérilla d’inspiration maoïste dans les montagnes de la région.
« ICI, NOUS NOUS SOMMES TOUJOURS OPPOSÉS À L’ETAT ET L’ETAT NOUS A TOUJOURS VUS COMME DES ENNEMIS »
FATIH MAÇOGLU, MAIRE D’OVACIK
La province de Tünceli, où se trouve Ovacik, est l’un des derniers bastions de la gauche turque, une enclave montagneuse isolée qui tranche sur la carte électorale du pays. Lors du référendum du 16 avril, 80,4 % de ses électeurs Âlocaux se sont opposés à la Âréforme constitutionnelle voulue par le président Recep Tayyip ÂErdogan, le plus haut score du non de toute la Turquie. A Ovacik, ils étaient même 90,1 %.
Plus de quarante ans après la mort de Kaypakkaya, la municipalité de cette sous-préfecture isolée est tenue par ses partisans. A la tête de la seule mairie communiste de Turquie, Fatih Maçoglu a accédé à une certaine notoriété en imposant notamment la gratuité des transports publics sur le territoire de la petite commune et en y développant la culture de haricots biologiques. « Ici, nous nous sommes toujours opposés à l’Etat et l’Etat nous a toujours vus comme des ennemis, notre refus d’Erdogan est le fruit de cette histoire, de cette identité ! »,se félicite M. Maçoglu,qui a affiché dans son bureau un portrait de Che Guevara.
Dans la provincede Tünceli, que les habitants appellent plus Âvolontiers de son nom historique, Dersim, les références encore Âvivaces à l’extrême gauche internationaliste se sont greffées sur une longue histoire locale de lutte et de marginalité. Les habitants de cette région montagneuse, longtemps restée hors d’atteinte des pouvoirs centraux, sont liés au monde kurde par leur langue Âtraditionnelle et sont les héritiers de cultes religieux hétérodoxes pénétrés de pratiques animistes et d’apports chiites qui les rattachent à la communauté alévie. Non reconnus dans leurs spécificités par les autorités, dépositaires d’une mémoire faite de persécutions et de pogroms, les alévis représenteraient entre 10 % et 30 % de la population du pays.
Héritage longtemps caché
La route qui mène d’Ovacik à la ville de Tünceli, le centre administratif de la province du même nom, longe le cours du Munzur. A mesure que l’altitude baisse, le paysage se fait plus clément et Âarboré. Sur les bords de la rivière, des niches ornées de bougies Âsignalent des lieux de pèlerinage ancestraux. A mi-chemin, dans une pente, un groupe d’arbres morts et un cratère marquent le point d’impact d’une frappe Âaérienne. Depuis 2015, la guerre a repris dans les montagnes de Tünceli. Les forces de sécurité turques y affrontent les maquis que le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) partage avec une multitude de groupuscules armés d’extrême gauche qui recrutent surtout parmi les alévis.
« Ici, on a voté massivement Âcontre Erdogan car l’Etat nous voit traditionnellement comme ses ennemis », explique Serkan Sariatas, 43 ans, casquette vissée sur la tête, moustaches relevées et longue barbe claire, en se servant un verre de vin rouge dans sa petite librairie du centre-ville de Tünceli. L’esprit de la région imprègne les lieux et son histoire se lit sur les rayonnages chargés qui couvrent les murs. Un livre sur Kerbala, la ville sainte chiite d’Irak, jouxte de multiples biographies de leaders révolutionnaires ainsi qu’une somme sur le génocide arménien de 1915 dans la région de Tünceli. Les habitants avaient alors protégé des Arméniens persécutés. Depuis la fin des années 2000, nombre de leurs descendants redécouvrent cet héritage longtemps caché. Le Âlibraire de Tünceli en fait partie, il est vice-président de l’association d’amitié alévie-arménienne.
Les massacres de 1937 et 1938
Sur une étagère, M. Sariatas, également écrivain et éditeur, a placé les ouvrages qui traitent des massacres d’alévis de 1937 et 1938. Les chefs de la jeune République turque, pris dans leur élan homogénéisateur, considéraient alors les populations tribales et rebelles de la région comme formant un « abcès » à opérer d’urgence. « L’Etat a toujours vu Dersim comme une maladie. La victoire du oui [au référendum du 16 avril], c’est la victoire de cette mentalité qui veut un seul drapeau, une seule langue, une seule religion… », estime M. Sariatas.
Si la majorité des alévis, y compris les habitants de Tünceli, se sont convertis à la République laïque malgré les massacres sur lesquels la Turquie moderne s’est construite, les dernières années du règne de l’AKP, le parti islamiste de M. Erdogan, ont été particulièrement traumatisantes. « On a vu beaucoup de cadavres arriver ces dernières années, les gens se sentent persécutés de nouveau », Âregrette Ali Haydar Gözlü, un journaliste local. Parmi les 152 victimes des attentats de Suruç, en juillet 2015, et d’Ankara au mois d’octobre suivant attribués à l’Etat islamique et visant des rassemblements de militants de gauche proches du mouvement kurde, se trouvaient de nombreuses victimes originaires de la région.
« L’économie s’est effondrée »
Le retour de la guerre dans les montagnes de Tünceli a également privé la région des revenus tirés du tourisme tandis que de nombreux fonctionnaires ont été démis de leur fonction par décret pour leur proximité avec des groupes de gauche ou avec le mouvement kurde.La municipalité de Tünceli est passée sous le contrôle du gouverneur et les blindés des forces de sécurité sillonnent continuellement les rues.
« L’économie s’est effondrée et les gens s’en vont de plus en plus depuis un an », indique Özlem Baran (nom modifié), une ancienne Âemployée de mairie désormais sans travail. Les motivations de cette migration, qui n’a plus pour destination les grandes villes de Turquie mais l’Europe et, de plus en plus, le Canada, ne sont pas Âlimités aux difficultés matérielles. « Si j’ai la possibilité de le faire, je partirai. En tant que femme de gauche et alévie, je ne me sens plus en sécurité dans ce pays… Pour nous, le référendum était une dernière chance d’arrêter Erdogan, maintenant il n’y a plus d’espoir pour Tünceli », regrette-t-elle à la terrasse d’un café alors qu’à basse altitude un hélicoptère de combat fait route vers les montagnes.
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