“Laïcard”, une injure équivalente à “négro” ou “youpin” selon Patrick Kessel

Zaman France, le 27/10/2015

SUHEDA ASIK, PARIS

La 10e cérémonie de remise de prix de la laïcité s’est déroulée à l’Hôtel de Ville de Paris en présence d’Anne Hidalgo maire de Paris, Manuel Valls Premier ministre qui avait déjà assisté à la manifestation à l’époque où il était ministre de l’Intérieur, Patrick Kessel, Président du Comité Laïcité République et Pierre Bergé, Fondateur du Comité Laïcité République.

Le Prix national de la laïcité a été décerné au directeur de l’IUT de Saint-Denis, Samuel Mayol, “pour son action en faveur de la neutralité dans l’enseignement supérieur face à la montée d’incidents communautaristes”. Samuel Mayol actuellement contesté au sein de son établissement, est “taxé d’« affabulateur » par ses détracteurs” comme l’écrit Médiapart.

Le Prix international a été quant à lui décerné au pianiste-compositeur turc Fazil Say, “pour son engagement en faveur de la liberté de conscience et de la laïcité dans son pays.”

Ce dernier avait été condamné pour avoir tweeté des vers du poète persan du XIe siècle Omar Khayyam, un acte jugé « injurieux envers les valeurs religieuses » par un tribunal turc. Toutefois, sa condamnation a été annulée par la cour de cassation turque.

De gauche à droite : Fazil Say, Zineb El Rhazoui, Patrick Kessel, Philippe Foussier, Samuel Mayol

Zineb El Rhazoui, journaliste à Charlie a présidé le jury, en compagnie, entre autres, d’Élisabeth Badinter, philosophe féministe épouse de l’ancien ministre de la Justice Rober Badinter.

Pas de laïcité dans l’assiette

Manuel Valls, qui a fait le discours de clôture de la cérémonie, est par ailleurs revenu sur le débat sur les menus de substitution dans les cantines. « Ce n’est pas parce que certains enfants, dans nos cantines, du fait de leur religion, ne mangent pas de porc, qu’ils doivent être montrés du doigt, pire, privés de nourriture. Là, on marche sur la tête ! », s’est-il indigné.

« Mais, ce n’est pas parce que certains enfants ne mangent pas de porc que tous les enfants d’une même cantine ne devraient pas en manger », a poursuivi le Premier ministre.

« Les croyants n’ont pas à imposer leur croyance. Et ceux qui ne croient pas ne doivent pas empêcher les autres de pratiquer leur foi », a conclu Manuel Valls.

L’islamophobie, « concept sournois » et « trompeur »

En écho à l’article de Médiapart paru dimanche 25 octobre, soit un jour avant la cérémonie de remise de prix, et titré «Manuel Valls se rend au prix des “laïcards”», le président du Comité Laïcité République, Patrick Kessel, a vivement réagit au terme utilisé qu’il considère comme injurieux.

« A ceux qui se croient autorisés à nous traiter de “laïcards”, je veux rappeler que ce mot vénimeux, presque injurieux, est l’équivalent de “négro” pour les Noirs, de “youpin” pour les Juifs, et de “bicot” pour les Arabes.”

Le président du comité considère enfin que l’islamophobie est un “concept sournois” et “trompeur” qui “vise à condamner comme raciste toute critique de l’islamisme radical”. Un concept créé pour “paralyser la conscience laïque », « empêcher de prendre la mesure des incidents intervenus dans les crèches, les écoles, les hopitaux, les universités, les prisons, les entreprises, dans le sport.”

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