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Le Figaro, le 29/12/2017
Par Olivier Michel, Envoyé spécial en Turquie
Istanbul, 29 octobre 2017. Une manifestation célèbre la naissance de la république laïque et démocratique fondée par Mustafa Kemal en 1923. – Crédits photo : Arnaud Andrieu pour Le Figaro Magazine
REPORTAGE – Depuis le coup d’État manqué de juillet 2016, le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan, dont la popularité est en chute continue, gouverne en despote. Nous avons rencontré ces femmes et ces hommes qui osent encore défendre la laïcité et la démocratie.
Arrestations arbitraires par milliers, condamnations à de lourdes peines sans preuve, presse d’opposition muselée, justice cadenassée, islamisation intensive. Lorsqu’ils descendent de leurs bus colorés à Istanbul, entre la basilique Sainte-Sophie et le palais de Topkapi, les milliers de touristes n’imaginent pas les séismes politiques qui secouent la Turquie, depuis la tentative de coup d’État menée dans la nuit de 15 au 16 juillet 2016 par une faction des forces armées.
Une tentative de coup d’État, pourtant qualifiée de «don de Dieu» par l’islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan, premier président de la République turque à être élu au suffrage universel en 2014, mais dont l’étoile décline après une ascension impressionnante. Diplômé de sciences économiques et administratives, ce passionné de football et de politique devient maire d’Istanbul en 1994, et annonce très vite la couleur. À une journaliste étonnée par les restrictions qu’il impose contre la consommation d’alcool dans les locaux gérés par la municipalité il répond: «Je suis l’imam d’Istanbul.» En 1997, il hurle, lors un meeting en province: «Les minarets sont nos baïonnettes, les coupoles nos casques/Les mosquées sont nos casernes, les croyants nos soldats/Cette armée divine garde ma religion/Allahou akbar, allahou akbar». Ce discours lui vaudra dix mois de prison pour incitation à la haine et l’obligera à quitter la mairie d’Istanbul.
La modernité des premiers temps
Premier ministre de 2003 à 2014, l’homme va se montrer plus subtil ; il prononce tous ses discours sous les portraits de Mustafa Kemal (1881-1938), père de la Turquie moderne et laïque, qu’il refuse toutefois d’appeler Atatürk (père des Turcs) dans l’espoir d’en diminuer enfin le souvenir. Habile, il joue la piété et le conservatisme devant les militants du Parti de la justice et du développement (AKP), parti islamiste qu’il a fondé en 2001. Mais se veut le chantre de la modernité, du rapprochement avec l’Europe et du business, face à des adversaires séduits et décontenancés.
Ces derniers n’ont pas de projets, s’entre-dévorent, cherchent à survivre par le biais d’alliances improbables et tiennent pour certains la vedette dans des procès retentissants comme celui, en 2013, d’Ergenekon, un réseau criminel qui aurait eu pour objectif de renverser Erdogan Premier ministre et d’affaiblir son parti. Mais le reis (chef) semble survivre à tous les coups du sort – prison, cancer, ou tentative de coup d’État.
Istanbul, belle, festive et cosmopolite perd petit à petit son âme,
au profit d’un islamiquement correct, moyen-oriental et petit-bourgeois
Plus puissant chaque jour, il poursuit une politique de grands travaux, avec des projets titanesques: un troisième pont sur le Bosphore, deux tunnels dessous, une mosquée et un aéroport gigantesques, un palais présidentiel de 1000 pièces et le doublement du Bosphore, par un canal qui reliera la mer Noire directement à la mer de Marmara transformant Istanbul en île.
Qui plus est, l’économie connaît un des plus forts taux de croissance du monde en moyenne sur les douze dernières années (4,5 % pour 2015) et triple son PNB par habitant pour la même période comme l’indique, dans son ouvrage La Turquie en 100 questions, Dorothée Schmid, directrice du programme Turquie Moyen-Orient à l’Ifri. Mais le vent va tourner. L’économie faiblit (avec un chômage à 12 % et une inflation à 10 %) et la modernisation du pays s’accompagne d’une réislamisation et d’une arabisation qui dénaturent l’identité même des Turcs, musulmans pratiquants dès le XIe siècle.
De nouveaux amis
Car, depuis que Bruxelles diffère l’entrée de la Turquie dans l’Europe, Erdogan donne des gages au Qatar et à l’Arabie saoudite, ses nouveaux amis. Istanbul, belle, festive et cosmopolite perd petit à petit son âme, au profit d’un islamiquement correct, moyen-oriental et petit-bourgeois. Les jeunes femmes sont de plus en plus voilées, y compris à l’université, les nouveaux programmes scolaires suppriment des chapitres portant sur la théorie de l’évolution et les réalisations d’Atatürk, et la vente d’alcool est strictement réglementée.
Sur l’Istiklal, le boulevard Saint-Germain local, on ne compte plus les affiches en arabe censées attirer dans les boutiques des femmes du Golfe dont on ne voit que les yeux. Les vitrines proposent une «mode pudique» qui décline voiles et tenues licites dans tous les coloris. Non loin de là, sur la place Taksim, lieu emblématique des mouvements de contestation, Erdogan fait construire une immense mosquée qui fera de l’ombre au Cumhuriyet Aniti, monument à la gloire des pères fondateurs de la république.
Dans tout le pays, de plus en plus de publicités vantent les mérites de la «mode pudique». – Crédits photo : Arnaud Andrieu pour Le Figaro Magazine
«Les gouvernements successifs de l’AKP au pouvoir depuis 2002 islamisent mon pays un peu plus chaque jour», nous confirme Mine Kirikkanat, journaliste, romancière et essayiste francophone, qui a travaillé pour de nombreux médias turcs et français. Récompensée trois fois dans son pays par le prix du «journaliste le plus courageux», elle tient une rubrique au Cumhuriyet (centre gauche), journal kémaliste fondé en 1924, l’un des derniers journaux d’opposition. Ses écrits lui ont valu 42 procès. «Je suis la cible privilégiée des islamistes car je pense que le problème en Turquie n’est pas l’islamisme mais l’islam, frein à l’égalité entre homme et femme. J’ai pu le dire en toute liberté, malgré les menaces de mort, avant l’arrivée de l’AKP au pouvoir qui menace de prison toute voix contradictoire.»
Mine Kirikkanat – Crédits photo : Arnaud Andrieu pour Le Figaro Magazine
La journaliste, qui a vécu la peur au ventre en fermant tous les soirs sa porte blindée renforcée par trois verrous pour retarder l’arrivée de la police, décrit la mort programmée de Cumhuriyet:
«C’est un journal qui est en train de couler. Dix-neuf de ses employés ont été inculpés, dont plusieurs journalistes accusés d’avoir soutenu des groupes terroristes par leurs écrits ou par des échanges publiés sur les réseaux sociaux. Le procès vise en réalité à faire taire l’un des rares titres encore critique à l’égard des actions du président turc. Les finances du journal vont très mal depuis ces arrestations, parce qu’aucune entreprise privée ne lui donne de publicité. Les gens ont peur. On ne sait pas combien de temps il pourra résister.»
Selon Mine Kirikkanat, le pays compterait aujourd’hui un million d’imams et la moitié des mosquées construites dans le monde. L’AKP a porté le nombre d’élèves des lycées religieux de 60.000 à 1,5 million. Les diplômes de ces établissements donnent accès aux écoles militaires, policières et à l’enseignement supérieur. Ce qui veut dire qu’officiers, policiers, ingénieurs et juristes sont formés par des imams et des prêcheurs.
Le budget du Diyanet Isleri Baskanligi (direction des Affaires religieuses, directement rattachée au bureau du Premier ministre), qui finance la construction des mosquées et rémunère les imams, a décuplé en quinze ans pour atteindre 1,75 milliard d’euros en 2016. Le double de celui du ministère de la Santé et le triple de celui du ministère des Affaires étrangères. Enfin, depuis le 3 novembre, les religieux peuvent célébrer des mariages. Et la journaliste de conclure: «Erdogan avait prévenu lorsqu’il disait qu’il voulait une jeunesse Dinci ve kinci, religieuse et vindicative.»
De concession en concession
À deux pas de la place Taksim, rencontre avec Bedri Baykam, artiste peintre à la réputation internationale. Fondateur du centre d’art Piramid Sanat, Baykam expose ses œuvres à Berlin, Venise, Paris, Londres, Barcelone, et Genève, et a écrit 28 livres autour de l’art et de la politique. Ex-membre de l’organe central du Parti républicain du peuple (centre gauche laïc), il a connu les moments les plus sombres de la vie politique turque et fait partie des résistants acharnés aux islamistes de l’AKP.
«Je suis entré en politique à mon retour des États-Unis en 1987, explique-t-il, lorsque j’ai vu le Premier ministre iranien en visite officielle à Ankara refuser de se rendre au mausolée d’Atatürk, et qu’il n’y avait pas de réaction des autorités. C’était une première concession, et j’étais persuadé qu’il y en aurait d’autres. Je ne me suis pas trompé: des journalistes naïfs et des idiots utiles, manipulés par les islamistes, ont ouvert la voie du pouvoir au Parti de la justice et du développement en 2002 en attaquant sans relâche les réformes et la laïcité chères à Atatürk. Résultat: la réforme constitutionnelle, voulue par Erdogan et validée en avril 2017, a fait passer la Turquie d’un régime parlementaire à un régime présidentiel, concentrant tous les pouvoirs entre les mains d’un seul homme!»
Un groupe scolaire en visite à Anitkabir, le mausolée de Mustafa Kemal Atatürk. Il est situé sur la colline d’Anittepe qui domine la ville d’Ankara. Lors des céremonies, l’esplanade peut recevoir jusqu’à 15.000 personnes. – Crédits photo : Arnaud Andrieu pour Le Figaro Magazine
«La France et ses intellectuels déconnectés de la réalité (…)
portent une lourde responsabilité dans l’islamisation de la Turquie»
Bedri Baykam, peintre turc, opposant au régime
Bedri Baykam, qui a échappé de justesse à la mort après avoir reçu un coup de couteau dans le ventre à la sortie d’une conférence de presse en avril 2011, tente alors d’alerter l’Europe. Il rencontre Daniel Cohn-Bendit, qui lui dit que le problème de la Turquie c’est l’armée, et qu’Erdogan est le meilleur moyen pour le pays d’accéder à la démocratie. Bernard-Henri Lévy, lui, refusera de lui parler et de lui donner son adresse mail.
L’artiste peintre kémaliste orthodoxe, Bedri Baykam. – Crédits photo : Arnaud Andrieu pour Le Figaro Magazine
«L’Europe en général, la France et ses intellectuels déconnectés de la réalité en particulier portent une lourde responsabilité dans l’islamisation de la Turquie, affirme l’artiste. Quand je vois, vingt ans plus tard, les débats à la télévision française sur l’islamisation du pays, je me demande si ces mêmes intellectuels ne sont pas en train de creuser cette fois-ci le tombeau de votre laïcité.»
Et Bedri Baykam de décrire une laïcité turque ambiguë: «Si la Turquie est un État de droit démocratique laïque et social comme l’indique l’article 2 de la Constitution de 1982, notre laïcité ne signifie pas séparation de l’Église et de l’État mais contrôle du courant religieux majoritaire par la toute-puissante direction des Affaires religieuses. Mustafa Kemal s’en servait pour séculariser la société, l’AKP s’en sert aujourd’hui pour islamiser le pays et saper les réformes d’Atatürk. La laïcité idéale, c’est la laïcité française.»
10 à 20 millions d’alevis, défenseurs de la laïcité
Parmi les plus résistants à l’autoritarisme d’Erdogan et à l’islamisation de la société, les alévis bektachis. Membres d’une branche hétérodoxe issue de l’islam chiite et du soufisme, ils représentent de 15 à 20 % de la population, soit 10 à 20 millions d’individus. Leur croyance – ils ne parlent pas de religion – met l’homme et la nature au cœur de toutes leurs célébrations. Hommes et femmes sont considérés comme égaux, ne font pas le ramadan, ni le pèlerinage à La Mecque, les femmes ne se voilent pas et l’alcool n’est pas interdit.
Les alévis ne se réunissent pas dans des mosquées mais dans des Cem Evi (centres culturels). Ardents défenseurs de la laïcité, ils ont massivement voté non en 2017 au référendum destiné à modifier la Constitution pour présidentialiser le régime et n’ont toujours pas digéré qu’Erdogan appelle le troisième pont sur le Bosphore Yavuz Selim Sultan, du nom du sultan qui fit massacrer 40.000 alévis en 1514.
Turquie. Istanbul. Octobre 2017. Danse d’alevis durant le cem (rituel religieux) au cemevi (lieu de culte) du quartier d’Eyup. – Crédits photo : Arnaud Andrieu pour Le Figaro Magazine
«L’Europe a renforcé le pouvoir du président de la République en le soutenant financièrement pour stopper
la vague d’immigration créée par le conflit avec l’État islamique»
Hüseyin Güzelgül, président du Conseil de la foi
«Les alévis ont toujours été méprisés ou persécutés, que ce soit sous les Ottomans ou sous Mustafa Kemal, qui a fermé les lieux de culte dont les nôtres», nous explique le dede (président du Conseil de la foi) Hüseyin Güzelgül, qui nous a invités à assister à un semah, rituel consistant en un ensemble de mouvements corporels mystiques et esthétiques exécutés en harmonie rythmique.
«Aujourd’hui, c’est pire. Erdogan nous traite d’athées, appellation qui peut envoyer n’importe qui en prison, tout en essayant de nous récupérer en proposant un partenariat Camii-Cem Evi (mosquée-centre culturel alévi) afin de nous assimiler. Ajoutez à cela que l’Europe a renforcé le pouvoir du président de la République en le soutenant financièrement pour stopper la vague d’immigration créée par le conflit avec l’État islamique.»
On peut juger de la nouvelle puissance d’Erdogan à l’aune des purges monstres qu’il a organisées au lendemain du coup d’Etat manqué: «93.000 fonctionnaires suspendus dont 60.000 licenciés ; 82.000 suspects dont 34.000 mis en détention et 26.000 libérés sous contrôle judiciaire ; 101 médias, quotidiens de presse, télévisions, radios et revues interdits sous prétexte d’“intelligence avec une organisation terroriste” ou de “menace pour la sécurité de l’État”», rappelle Ahmet Insel, économiste et politologue turc, auteur de La Nouvelle Turquie d’Erdogan.
Oubliée la Turquie de Mustafa Kemal
Après la prolongation de l’état d’urgence, la répression s’est accélérée: les vagues de purges dans la fonction publique continuent, et plus de 300 associations sont interdites par décret-loi. Quelques jours plus tard, rendez-vous à Ankara, au quartier général du Parti républicain du peuple (CHP), où nous sommes reçus, dans son bureau dominant la capitale, par Kemal Kiliçdaroglu, son président.
Très actif sur les réseaux sociaux, ce leader kémaliste de 68 ans a retrouvé un second souffle après le succès de sa «marche pour la justice» du 15 juin au 9 juillet derniers. Une marche de 450 kilomètres entre Ankara et Istanbul pour protester contre la condamnation d’un de ses députés à vingt-cinq ans de réclusion, pour «révélation d’informations confidentielles» au quotidien d’opposition Cumhuriyet. «Gandhi», comme l’appellent ses militants pour sa ressemblance avec le guide spirituel indien, tente de capitaliser sur un rejet croissant de l’autoritarisme présidentiel, qui s’est renforcé depuis le coup d’État manqué.
«Notre président de la République est un dictateur qui croit être le seul à bien penser»
Kemal Kiliçdaroglu, président du Parti républicain du peuple (CHP)
Kemal Kiliçdaroglu, président du Parti républicain du peuple, a marché 450 kilomètres entre le 15 juin et le 9 juillet au nom de plus de justice. – Crédits photo : Arnaud Andrieu pour Le Figaro Magazine
«Depuis quinze ans, explique-t-il, les dirigeants de ce pays n’ont cessé de démanteler les apports et les acquis de la révolution d’Atatürk en provoquant de sérieux dommages dans les institutions qu’il avait créées. Les islamistes tentent de transformer la Turquie en un pays du Moyen-Orient avec des valeurs qui ont conduit les pays de cette région au chaos. Je n’oublierai jamais qu’il y a quelques années, nos intellectuels juraient, la main sur le cœur, qu’Erdogan allait faire entrer la Turquie dans la modernité. Ils ont été des idiots utiles qui présentaient le fondateur de l’AKP comme un démocrate. Ils s’en mordent aujourd’hui les doigts.»
Que représente Recep Tayyip Erdogan? Un nouveau Mustafa Kemal, un nouveau sultan ottoman, le nouveau calife du monde musulman? «Rien de tout cela, poursuit Kemal Kiliçdaroglu. Notre président de la République est un dictateur qui croit être le seul à bien penser. Et plus encore, depuis que l’Europe a validé le référendum constitutionnel de 2010 lui permettant finalement de tenir la justice, l’armée, la presse et d’envoyer n’importe qui, n’importe quand, en prison. C’est pour cela que des dizaines de milliers de personnes – bourgeois, petits fonctionnaires, entrepreneurs et jeunes -, m’ont suivi, en criant “Hak, Hukuk, Adalet” (droit, loi, justice) pour envoyer un signal fort aux islamistes car ils sont inquiets. Même les femmes qui portent le foulard ne voudraient pas voir disparaître les droits que leur a donné Atatürk.»
Dans l’avion qui nous ramène en France, un jeune homme porte en pin’s le portrait de Mustafa Kemal. «Un visionnaire qui a réformé la Turquie en profondeur pour en faire une nation moderne, nous dit-il. Et ce devait être un homme d’État exceptionnel pour que, quatre-vingts ans après sa mort, Erdogan et l’AKP veuillent aujourd’hui encore, gommer son héritage et revenir en arrière.»
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