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France Culture / Radio France, le 04/11/2023
La République turque célèbre son centenaire. La démocratie n’est toujours pas un acquis et Ankara prétend jouer un rôle grandissant dans sa région d’influence.
©AFP – Murat KULA / TURKISH PRESIDENTIAL PRESS SERVICE
Avec
Ahmet Insel Professeur retraité de l’université de Galatasaray à Istanbul, éditeur
Nora Seni Professeure émérite à l’institut français de géopolitique et fondatrice du site internet Observatoire de la Turquie Contemporaine
L’économiste Ahmet Insel et l’historienne Nora Seni nous éclairent sur le passé, l’actualité et l’avenir de la République turque, qui a fêté ses cent ans.
La République de Turquie a cent ans exactement. Un siècle fascinant de construction nationale, de concepts en tension entre l’Occident et l’Orient. La caserne et la mosquée, la démocratie et l’autoritarisme, le nationalisme et les minorités. À examiner les deux bornes de ce siècle, tous les opposent. La fondation est incarnée par Atatürk, laïciste autoritaire, inspiré par l’Occident, progressiste. Les années récentes, elles, sont portées par ErdoÄŸan, porte-drapeau de l’islam politique. Alors comment expliquer cette opposition apparente ? Et s’agit-il d’une opposition réelle ou de continuité masquée par les événements du siècle et de l’histoire ?
Comment a été commémoré en Turquie ce grand centenaire ? « Par rapport aux attentes d’il y a six mois, du côté officiel, la commémoration était beaucoup plus en deçà de ce qui était projeté. Il y a eu des reports de manifestations la semaine dernière, puisque le président de la République a décrété trois jours de deuil pour le Gaza. Du coup, la plupart des manifestations précédentes, le 29 octobre, ont été reportées ou annulées. Du point de vue officiel, il y a eu effectivement les cérémonies traditionnelles, mais par contre le Président de la République a annulé ou n’a pas organisé de réception officielle traditionnelle. Il y a eu la visite du mausolée de Atatürk. Par contre, il y a eu beaucoup plus de ferveur du côté de la société civile, c’est-à -dire des mairies ou des initiatives d’associations, de quartiers, des associations nationales », explique Ahmat Insel.
Les deux Mustafa Kemal
Pour ErdoÄŸan, Mustafa Kemal est une figure ambivalente. « D’un côté, il y a le chef de l’armée, le libérateur de la Turquie, qui expulse les occupants occidentaux. De ce point de vue-là , Mustafa Kemal a une légitimité, y compris dans l’opposition conservatrice, comme le libérateur de la Turquie », expliquent nos invités. « ErdoÄŸan ne peut pas remettre en cause cette image ». Ce Mustafa Kemal est une image « mondialement reconnue, chez les Indiens musulmans, en Algérie, ailleurs encore… »
Mais il y a une deuxième image, souligne Ahmet Insel, avec laquelle ErdoÄŸan prend ses distances. « Le Mustafa Kemal qui, à partir de 1924, abolit le califat. Ce qui n’est pas une mince affaire. Imaginez si les Italiens abolissaient le papauté. Abolir le califat, interdire les confréries, les medressas, les organisations religieuses civiles organisées en association, etc. Leurs biens sont saisis. Il y a aussi la création d’une direction des affaires religieuses avec des imams et prédicateurs qui deviennent des fonctionnaires de l’État, donc sont sous contrôle, puis après, la modernisation, l’acceptation d’un code civil qui reconnaît l’égalité des droits en matière d’héritage de droits civils aux femmes. » Et puis la suppression de l’alphabet arabe. Une vraie rupture culturelle qui est un peu dans la suite de la fin de l’Empire Ottoman. Et une radicalisation avec la mise en place de ces décisions avec le régime de parti unique, pas dans un contexte démocratique. « Ce deuxième Mustafa Kemal, le Parlement va lui attribuer en 1934 le titre de « père des Turcs », Atatürk, mais quand le climat devient démocratique, pluraliste, il va être systématiquement soit farouchement critiquée par des idéologues islamistes, soit remise en cause, critiquée par des conservateurs de type d’ErdoÄŸan, qui, depuis les années 1970, a été formée dans l’idéologie d’une revanche à prendre sur cette occidentalisation, et donc sur l’héritage de ce deuxième Mustafa Kemal ».
L’égalité civique, incomplète ?
Mustafa Kemal dit Atatürk, c’est aussi un nationalisme turc affirmé qui s’oppose donc assez logiquement aux minorités grecques, arméniennes, kurdes, arabes… Comment ErdoÄŸan articule justement la façon dont Kemal s’est comporté en termes de politique publique avec ces minorités et la façon dont il doit gérer ces minorités aujourd’hui en Turquie ? « Le régime créé par Mustafa Kemal, décrète l’égalité de tous les citoyens, de confession juive, grecque, arménienne… Dans la lettre, il n’y a pas de différence. Dans les faits et dans l’idéologie, dans la culture existante et dans la culture aussi bureaucratique, ça ne va pas de même », explique Nora Seni. L’historienne revient sur différents épisodes traumatiques pour les Grecs et les Juifs de Turquie, et pour les citoyens turcs dans leur ensemble. Et souligne, à propos de la mémoire du génocide des Arméniens : « À l’ère ErdoÄŸan, les choses sont différentes. Ça va et vient entre un désir de rupture avec la tradition kémaliste d’avoir nié le génocide arménien. ErdoÄŸan fait un pas, par exemple, à un moment en demandant pardon aux Arméniens, mais dans les années suivantes, une volte-face complète, avec un discours insultant, et une persécution vis-à -vis de ceux qui ont promu, par exemple, la commémoration du centenaire du génocide de 1915. Le philanthrope de gauche Osmane Kavala, qui a participé à cette commémoration, qui fait partie de ses organisateurs, pourri aujourd’hui en prison ».
La Turquie dans le monde
ErdoÄŸan a des rapports ambivalents avec l’Europe, des rapports eux aussi dictés par l’histoire. Le kémalisme s’oppose aux impérialismes de l’Occident, mais le kémalisme puise aussi son inspiration dans la pensée occidentale, dans la politique occidentale. « La stratégie de rapprochement avec l’Europe, entamée dès les années 1930, avec le moment de l’adhésion à l’OTAN en 1952, va se poursuivre avec des hauts et des bas, parce qu’entre-temps, il y a eu des coups d’État militaire qui vont un peu freiner ce processus », explique Ahmet Insel.
L’idée d’une adhésion à l’Union européenne est même mise sur la table dans les années 1990, et accélérée avec l’arrivée au pouvoir d’ErdoÄŸan. Une adhésion en fait très difficile, parce que la Turquie a aussi des handicaps, notamment à cause de la situation Chypre, où l’armée turque occupe le nord, alors que Chypre devient membre de l’Union européenne.
La situation vire vite. La position européenne, incarnée par Merkel et Sarkozy change brutalement vis-à -vis de la Turquie dans les années 2000. « ErdoÄŸan va brandir de plus en plus un drapeau « d’anti-occidentalisation », de défis contre l’Occident plus exactement. La multipolarité, la fin de la guerre froide, pousse la Turquie, à des recherches d’alliances, d’ouverture vers le Moyen-Orient, vers les Balkans. Une sorte de né-ottomanisme, de retour de la Turquie dans les territoires de l’Empire ottoman comme une puissance régionale régulatrice. »
Est-ce que cette position-là lie les deux responsables politiques d’un siècle à l’autre ? « Je ne crois pas », dit Nora Seni qui explique que les questions diplomatiques embrassent les questions de politique intérieure. L’Europe a par exemple été parfois vue comme une alliée de l’armée turque, avant de devenir au contraire une force favorable à la limitation du rôle politique des militaires, ce qu’ErdoÄŸan voulait aussi. « Ce qu’il faut quand même dire, c’est que la Turquie a comme ambition de faire leader du monde musulman », rappelle l’historienne.
Ce qui frappe aujourd’hui, c’est l’implication sur la scène internationale, l’implication de la Turquie dans les trois grands conflits que nous percevons, nous, Européens, et notamment depuis la France, au Moyen-Orient, en Ukraine et au Haut-Karabakh. Là encore, politique intérieure et diplomatique se mêlent. Le soutien au Hamas est par exemple une position qui vise essentiellement la politique intérieure selon Ahmet Insel.
« Mais le discours tenu par le dirigeant le 28 octobre dernier à Istanbul devant plus d’un million de participants à la manifestation de soutien à Palestine, très pro-Hamas et anti-occidental n’empêche pas qu’il y a encore quelques mois, l’administration des affaires étrangères essayaient de se rapprocher d’Israël pour signer des accords sur un gazoduc. Il y a des tergiversations à droite et à gauche », souligne-t-il.
Nora Seni revient quant à elle sur les ambitions de devenir une puissance régionale d’Ankara. Des ambitions qui poussent la Turquie a faire évoluer son discours, parfois très vite. « Sur la question de l’Ukraine, la Turquie a joué ses intérêts de façon plutôt très intelligente, dans le sens où elle n’a pas sacrifié ses intérêts avec la Russie qui lui procure 50% sinon plus de son besoin en énergie, en gaz, mais de rappeler son adhésion à un monde occidental, à l’OTAN, ses alliances avec les États-Unis, en fournissant des armes à l’Ukraine et en disant son opposition à la guerre que mène la Russie en Ukraine ».
Ecouter l’émission (40 minutes) >>>
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